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[Certains dialogues de ce chapitre sont en anglais. Si nécessaire, la traduction se trouve en commentaire à côté de chaque dialogue. Ne me demandez pas de traduire les maths, par contre !] 


« La logique floue se base sur la théorie mathématique des ensembles flous. En introduisant la notion de 'degré' dans la vérification d'une condition, cette condition peut alors être dans un état autre que 'vrai' ou 'faux'. La logique floue permet de prendre en compte des imprécisions et des incertitudes. »

Ok, jusque-là ça va.

Leila continua à guider sa lecture de la pointe de son crayon.

« Un système de règles basées sur la logique floue est appelé un système d'inférence flou. Il permet de prendre des décisions complexes pouvant rappeler le mode de pensée humain. »

Là ça devient cool.

L'exemple qui illustrait la notion mathématique que Leila était en train de découvrir prenait place dans un jeu vidéo très simpliste. Autour d'elle, les autres élèves continuaient à faire des exercices sur les probas, exercices qu'elle avait déjà terminés. Lorsqu'elle avait demandé, dix minutes plus tôt, si les probabilités pouvaient aider à comprendre le fonctionnement du cerveau et comment elles pouvaient être employées en intelligence artificielle, elle s'était retrouvée avec un cours qui dépassait de très loin le niveau de Terminale, et son envie de tout comprendre avait ôté de sa tête le stress de son oral d'anglais imminent.

Tous les quarts d'heure, un ou une élève se levait et quittait le cours pour se rendre à son examen, et c'était bientôt son tour.

Elle avait passé plusieurs heures pendant son dimanche après-midi à relire une dernière fois ses fiches, ses résumés de cours, ses mots de vocabulaire et ses verbes irréguliers. Elle savait qu'elle n'avait pas un niveau extraordinaire à l'oral, mais elle espérait quand même s'en sortir.

- Leila Rose-Becker !

Elle sursauta en entendant l'appel de Julie et regarda l'heure à sa montre - qu'elle avait empruntée à sa mère juste pour l'occasion. Elle sursauta de nouveau : elle avait été tellement happée par cette histoire de logique floue et d'intelligence artificielle qu'elle avait presque laissé passer l'heure de sa convocation.

- J'y vais ! s'exclama-t-elle en fourrant à la hâte ses affaires de maths dans son sac.

Tandis qu'elle passait devant le bureau professoral, Julie lui lança un sourire encourageant qui lui remonta brièvement le moral.

Quelques instants plus tard, une prof d'anglais qu'elle ne connaissait pas lui fit tirer son sujet, et elle s'attela, pendant dix minutes, à rédiger au brouillon la présentation de la notion du cours intitulée « Mythes et Héros ». Parmi la pléthore de thèmes plus clichés les uns que les autres (elle avait l'impression que c'était le principe même du chapitre), elle avait choisi de parler de Guy Fawkes et de la conspiration des poudres, de la persécution religieuse qui en avait été le point de départ, et de la fête nationale qui célébrait chaque année depuis ce jour la Bonfire Night, le soir du cinq novembre. Une célébration qui était à la fois un jour de fête et un avertissement, comme pour dire aux autres rebelles qu'on ne s'en prenait pas impunément à la monarchie. Et enfin, paradoxalement, comment une fête royaliste consacrant l'échec d'une tentative d'assassinat du roi d'Angleterre était devenue à la fin du vingtième siècle un événement culte de la culture geek, mais surtout un symbole de rébellion et de lutte contre le fascisme et l'oppression politique.

Elle quitta son oral avec un grand sourire et l'impression de s'en être plutôt bien sortie.

Son oral d'allemand, deux jours plus tard, fut une parfaite catastrophe en comparaison. Elle s'en était tellement douté qu'elle n'avait jamais été capable de réviser plus de dix minutes. La vie est trop courte pour apprendre l'allemand, grommela-t-elle en sortant de la salle couverte de rouge, de jaune et de noir où elle avait passé son épreuve.

Sa façon d'aimer les mathsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant