Chapitre 15: L'inutilité des pourparlers

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La question du serviteur de Sauron parût si déplacée.. Autant carrément demander:

"Vous allez mourir à petit feu dans d'atroces souffrances et vous ne reverrez plus jamais la lumière du jour.. réjouissez-vous! Vous n'êtes pas ravis?"

Elenwë serra les lèvres.

-Cela ne sera pas notre fin mais la vôtre!! S'entendit-elle répondre.

Une main apaisante se posa sur son avant-bras et elle regarda à sa droite. Legolas la fixait de ses yeux bleus profonds. Elenwë tremblait. Pas de froid.. Sûrement de peur. Oui.. Oui elle avait peur. Non seulement pour elle mais pour ses compagnons. Ses amis. Son fiancé. les hommes valeureux qui les avaient accompagnés. Pour la Terre du Milieu qui se trouvait derrière eux. Pour Sam et Frodon, deux êtres chétifs livrés à eux-mêmes dans un monde de Ténèbres.

Legolas resserra sa prise sur le bras d'Elenwë et elle se sentit rassurée par ce contact. Elle jeta un regard à ses frères qui la regardaient, inquiets. Elle hocha la tête en direction de Legolas qui lâcha son bras.

Eomer, qui tenait l'étendard resserra nerveusement sa prise sur la tige de bois.

L'immonde créature regarda avec mépris la délégation qui s'était avancée jusqu'à la Porte Noire. Il déclara alors:

-Mon Maître Sauron le Grand vous souhaite la Bienvenue!

Aragorn resta silencieux, fixant ses yeux clairs sur l'immondice, laquelle reprit, avec un ton las:

-Y a-t-il ici quelqu'un qui ait autorité pour traiter avec moi?

Gandalf et Eomer froncèrent les sourcils et le mage blanc répondit alors avec une forte véhémence:

-Nous ne sommes pas venu pour traiter, avec Sauron, perfide et maudit!

Le serviteur du mal étira ses lèvres en un sourire effrayant. Ses dents noires semblaient suinter d'un liquide qui ressemblait à du sang mélangé à de la crasse. Merry et Pippin sentirent presque l'horrible puanteur de son haleine. Elenwë serra les dents et entendit Mithrandir continuer:

-Dites à votre maître ceci: les armées du Mordor doivent se disperser, il doit quitter ses terres et ne jamais y revenir!

Elenwë ne put retenir un frisson en voyant la sinistre expression de joie qui émanait du messager.

-Ne crains pas pour ta vie, fille de Maiar. Tu resteras en vie et nous te traînerons par les cheveux jusqu'au Maître et tu y seras interrogée. Nous te briserons. Nous te ferons subir mille souffrances.. Tant que tu voudras mourir. Tu deviendras perfide et tu nous serviras pour l'éternité. Contemple la grandeur de ta destinée!

Elenwë se sentit pâlir mais garda un visage fermé et un impassible, déclarant:

-Je n'envisage pas un tel avenir. Je vous enverrai en Enfer!

Le serviteur partit d'un grand éclat de rire.

-L'Enfer.. Mais nous y sommes déjà! Et vous allez nous y suivre!

Se tournant vers le magicien, il déclara en attrapant quelque chose dans la sacoche de sa selle:

-Oh, vieille barbe grise! Jai là un souvenir que j'ai été chargé de te montrer!

Sous les yeux horrifiés des anciens membres de la Communauté de l'Anneau, apparut la côte de maille en mithril, autrefois offerte à Bilbon par Thorin-Ecu-De-Chêne. La côte que portait Frodon, le neveu de Bilbon. Frodon! Que lui était-il arrivé?

Aragorn pâlit brusquement et serra les poings sur la garde d'Andúril. Gandalf écarquilla les yeux et Gimli eut le souffle coupé par le choc. Les deux hobbits se penchèrent et regardèrent avec horreur ce que tenait le messager du Mal.

-Frodon.. Frodon?! Cria presque Pippin, sous le choc.

La bouche de Sauron eut un rictus et laissa échapper un grognement de satisfaction.

-Silence! Ordonna Mithrandir.

Merry, à son tour, ne put retenir un cri de désarroi:

-NON!

-SILENCE!! Reprit sévèrement Gandalf.

Le messager ricana et déclara alors:

-Le semi-homme vous était cher à ce que je vois, sachez qu'il a enduré mille tourments entre les mains de son hôte. Qui aurait cru qu'un si petit être, puisse supporter tant de souffrances? C'est pourtant le cas Gandalf, il l'a fait!

Elenwë vit avec stupeur des larmes couler sur les joues du magicien blanc. Il pleurait. Sans doute, il devait se considérer responsable de la mort des deux hobbits. Responsable de l'échec de leur quête. Désespéré, il restait immobile et pétrifié, comme tous les autres. Il était déjà assez cruel de savoir qu'ils étaient morts.. Mais avoir en plus connaissance de leur longue agonie.. Elenwë se sentait brisée de l'intérieur.

Aragorn, reprenant contenance, se rapprocha du messager, dégainant son épée.

-Arrgh ! Et qui est-ce? L'héritier d'Isildur? Il faut plus pour faire un roi qu'une épée elfique brisée!

L'immondice rit, et ce, pour la dernière fois de sa vie puisque quelques instants plus tard, sa tête roulait au sol, définitivement séparée de son corps.

Aragorn, l'épée levée, essuya d'un revers de la main la larme qui lui avait échappé.

-Voilà qui met fin à la négociation! Déclara Gimli.

Aragorn, un air farouche sur le visage, se retourna vers eux et hurla:

-Je ne crois pas à ses dires. Je n'y croirai JAMAIS!

Elladan tendit la main vers Aragorn, approchant son cheval du sien.

-Aragorn.. commença t-il.

A l'horizon, l'œil de Sauron s'agita, entrant dans l'esprit de l'héritier du Gondor.

Aragorn résista à la volonté maléfique et déclara alors:

-On se replie. ON SE REPLIE!

Les cavaliers de la délégations se replièrent, rejoignant le reste de l'armée. Aragorn, l'épée à la main, maintint son cheval au trot, passant et repassant devant les troupes. Il prit une inspiration et déclara d'une voix forte:

-TENEZ VOS POSITIONS, TENEZ VOS POSITIONS!! Fils du Gondor et du Rohan, mes frères! Je lis dans vos yeux la même peur qui pourrait saisir mon cœur!! Un jour peut venir, où le courage des hommes faillira, où nous abandonnerons nos amis et briserons tout lien.. Mais ce jour n'est pas arrivé! Ce sera l'heure des loups et des boucliers fracassés lorsque l'âge des hommes s'effondrera, mais ce jour N'EST PAS ARRIVÉ!! Aujourd'hui, NOUS COMBATTRONS!! Pour tout ce qui vous est cher, sur cette bonne terre.. Je vous ORDONNE DE TENIR, HOMMES DE L'OUEST!!!

Elenwë frissonna. Un grand cri parcourut l'armée des Hommes. La peur fut effacée par ce cri de bravoure. Elle cria elle aussi et tous dégainèrent leurs épées.

-Bonne chance nethig.. Murmura Elrohir.

-Merci..

Un frisson. Un Grincement. La Porte s'ouvrant lentement. L'armée immense de Sauron s'avançait. La bataille, la dernière bataille pour la Terre du Milieu, commençait.

La fille de la Lune Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant