Chapitre 35 : Désaccords

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Quelques jours s'étaient écoulés depuis l'arrivée de Legolas et Elenwë à Valinor. Le temps de s'installer dans une chambre chez les parents de Thranduil, et de visiter les lieux était passé vite. 

Il y eut de nombreuses soirées de discussions intenses où chacun racontaient un peu sa vie, le chemin qu'il avait parcouru pour arriver jusqu'ici. C'est ainsi qu'Evranï leur raconta qu'elle s'étaient réincarnée dans un autre monde, où elle s'appelait Aélis, avant d'être catapulté dans ce monde ci. Elle leur dit que tout n'avait pas été facile puisque Thranduil n'avait pas su la reconnaître et qu'elle même s'opposait inconsciemment à ce qu'elle était en réalité. Mais Evranï termina en disant qu'elle avait eu le bonheur de se souvenir entièrement, de connaître sa fille et d'attendre impatiemment l'arrivée de son fils. 

Ces soirées furent joyeuses mais Elenwë, elle, sentait un malaise progressif la prendre. Depuis quelques jours, elle se sentait malade, et avait souvent des légers vertiges. Des maux de tête la prenaient régulièrement, elle avait perdu l'appétit et elle se sentait épuisée. Et cela n'allait pas en s'arrangeant. Un matin, en se levant car elle n'avait pas réussi à dormir, pour la troisième fois depuis le début de la semaine, elle vit que Legolas, étendu à côté d'elle dormait profondément.

— Tu dors toujours n'est-ce pas ? Demanda t-elle dans le vide. 

Legolas était plongé dans un sommeil profond, les yeux voilés et le corps presque parfaitement immobile. 

Elle soupira et commença à s'habiller. Même si elle ne prisait guère les robes elfiques, elle faisait des efforts, surtout maintenant qu'elle côtoyait ses beaux-parents. Une robe toute simple, rouge et grise l'attendait là. Avec lenteur, car elle ne se sentait pas très assurée, elle essaya de mettre son corset. Je dis, essaya, pour la bonne raison qu'aussitôt qu'elle commença à le serrer, elle eut mal à la poitrine. Renonçant immédiatement au corset de cuir, portant pas si inconfortable, elle regarda plus attentivement sa peau. Pourquoi avait-elle l'impression que cette dernière était gonflée et douloureuse ? 

Elenwë mit sa robe et passa sans un regard pour le panier de fruit disposé là. Elle n'avait pas faim. 

Elle s'arrêta une seconde devant un miroir pour remarquer à quel point son visage avait l'air épuisé. 

Renonçant à essayer de faire quoi que se soit, elle se dirigea vers les jardins de la demeure pour y marcher un peu. Alors qu'elle marchait paisiblement dans les allées, elle entendit soudain une voix dire :

— Et bien.. Que faîtes-vous seule ici à une heure si matinale ? 

C'était Feren, ex-capitaine de Thranduil qui venait de poser cette question. En effet, le jour n'était pas encore levé, même si l'horizon blanchirait dans quelques heures.

— Je n'arrive pas à dormir.. Répondit-elle avec un sourire las. 

— Vous m'en voyez navré, ma dame, dit poliment l'ancien garde. 

Elenwë discuta un moment avec lui mais cela l'ennuya profondément. Et elle ne comprenait pas pourquoi. Feren était drôle et gentil mais elle avait envie de s'isoler et lui l'empêchait de réfléchir. Au bout d'un certain moment, l'elfe brun partit rejoindre Elaïssea, laissant Elenwë seule. 

L'elleth marchait depuis un moment quand elle eut la plus désagréable expérience du monde. Son œsophage en feu lui révéla la remontée de sucs gastriques. Elle se retint de vomir ses tripes et se précipita vers la fontaine la proche avant de boire une grande quantité d'eau dans l'espoir de faire passer cette sensation désagréable.

Assise au sol, contre le muret qui faisait le contour de la fontaine, elle resta le coude appuyé sur le rebord de la fontaine, somnolant légèrement pour essayer de récupérer sa nuit. Quand elle entendit des pas derrière elle, elle émergea de sa méditation en entendant :

— Melleth ! Où étais-tu passée ? Je t'ai cherchée quand j'ai vu que tu n'étais pas là..

Elenwë tourna sa tête vers lui. Ce simple geste lui coûta des forces. Sa tête lui tourna et elle vit trouble. Il s'exclama alors :

— Quelque chose ne va pas ? Tu as l'air épuisée. 

— Laisse-moi tranquille. Répondit-elle plus violemment qu'elle ne l'aurait voulu. 

Legolas haussa un sourcil, surpris. Qu'est-ce qui lui prenait ? Il avança vers elle et posa sa main sur son épaule. 

— Tu devrais venir te reposer.. Viens. 

Il prit doucement sa main mais elle le rejeta et reprit :

— Va t-en. 

— Mais.. Melleth nin.. Elenwë. 

Legolas n'était pas vraiment du genre à abandonner et il remarqua la pâleur des traits de sa bien-aimée. Cette  dernière sembla vaciller et perdre l'équilibre, basculant légèrement vers l'arrière. 

Il posa un genou en terre, la rattrapant et la serrant contre lui. Elle ne se débattit pas et manqua de perdre connaissance.

— Enfin.. Melda heri.. Qu'est-ce qui ne va pas ? Demanda t-il, réellement soucieux. 

D'une voix plaintive, elle dit :

— Je suis fatiguée.. Je n'arrive pas à dormir.. J'ai froid.

Alors, des sanglots secouèrent ses épaules et quelques larmes coulèrent sur ses joues. 

Legolas était totalement désemparé. Elle venait de passer de la colère aux larmes et il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il l'embrassa avec beaucoup de tendresse. Enlevant sa cape, il la déposa sur les épaules de son épouse et frictionna ses bras. Il la serra doucement et caressa son dos, attendant que ses sanglots s'apaisent. Elenwë semblait effectivement à bout de force. Alors, il la souleva et demanda alors :

— Tu as perdu du poids.. Est-ce que tu manges assez ? 

Elle ne répondit rien, se contentant d'enfouir son visage dans le cou de Legolas. 

Il la ramena alors dans leurs appartements avant de la remettre au lit. 

Déposant sur elle des couvertures, il s'assit sur le bord du lit en caressant sa joue. 

— Melleth.. Si tu ne vas pas bien.. Tu dois me le dire..

Elenwë hocha imperceptiblement de la tête et Legolas continua : 

— Je veille sur toi.. Essaie de dormir un peu. 

L'elleth cligna des paupières pour acquiescer et se pelotonna sous les draps. 

Elle se sentait mal mais moins qu'auparavant alors elle se laissa tenter par l'idée de dormir. Et le sommeil vint, l'espace de trois heures.  

La fille de la Lune Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant