La fille de la Lune Tome III

Chapitre 7: Horreur et réconfort

Un hurlement de douleur. Une lumière aveuglante. Des cris.. Les siens? La sensation désagréable d'une main ennemie qui arrache sans douceur les pans de l'armure. A un moment, ils approchèrent une lame chauffée à blanc du ventre de l'elfe. 

Elle se débattit, hurla mais ils la retenaient. Une sensation de déchirure puis de fluide chaud coulant sur la table froide de pierre où elle était allongée. Le sang.. sa blessure s'était rouverte. 

Des larmes venaient perler aux coins de ses yeux. Des voix résonnaient autour d'elle. Ils approchèrent la lame de la plaie qui saignait abondamment. Elle se débattit mais ils vinrent la tenir si fort qu'elle crut que ses membres allaient se briser. L'un d'entre eux lui enfonça dans la bouche un bout de cuir. La lame entra en contact avec sa peau et elle hurla de toutes ses forces.

Sa plaie brûlait et les tissus musculaires devaient commencer à devenir noirs. La douleur était si vive qu'Elenwë aurait préféré mourir plutôt que de vivre ça. La chaleur intense lui donna l'impression qu'elle brûlait de l'intérieur. Les hurlements de souffrance résonnaient dans la salle mais elle ne percevait même plus que c'était elle qui criait. 

Quand la souffrance fut trop importante, un voile rougeâtre vint recouvrir ses yeux et Elenwë, vaincue par la douleur sombra une fois encore dans l'inconscience.

Quand Elenwë ouvrit les yeux, il faisait sombre. Où était-elle? Que s'était-il passé? Les pensées et l'esprit embrouillés, elle mit un certain de temps avant de réussir à réfléchir. Elle se souvint que la bataille était terminée et qu'elle avait été surprise par un orque. Sa gorge lui faisait affreusement mal et sa pauvre tête semblait prise d'assaut par une forte migraine.

Tendant l'oreille, elle discerna le léger bruit des gouttes d'eau qui chutent du plafond pour heurter le sol doucement. Ses yeux avaient du mal à discerner autour d'elle. Mais où était-elle?

Une douleur lancinante provenait de son côté. Elle n'osait pas y jeter un regard. Elle baissa les yeux sur son corps. Elle portait une sorte de longue robe blanche, si on pouvait appeler ce lambeau une robe. Quelques taches rouges étaient les témoins des blessures d'Elenwë. Elle voulut porter sa main à son côté mais quand elle bougea son bras, des bruits de chaînes métalliques se firent entendre. Elle était enchaînée au mur. 

Doucement et avec précaution elle souleva sa robe et regarda son côté. Elle soupira en pensant qu'elle garderait une cicatrice de belle taille. 

Elle se rendormit, faible et épuisée. Quand elle s'éveilla à nouveau elle se demanda combien d'heures s'étaient écoulées. Enfin.. Peu importe à présent. Elle ferma les yeux et entrevit dans son esprit le visage souriant de Legolas. Il tendait sa main vers elle. 

"N'abandonne pas.. Je t'attends.."

Elenwë rouvrit les yeux et sa détermination revint plus forte qu'auparavant. Elle ne pouvait pas rester ici. Elle ne sut ce qu'il se passa mais une lumière sembla passer à travers elle et soudain, elle passa ses mains à travers ses chaînes. Fascinée, elle se dirigea vers la grille qui fermait sa cellule. Elle passa à travers. 

Elenwë avança sans se rendre compte que sa vitesse était telle que personne ne la voyait. Ainsi, en peu de temps, elle se retrouva dans une forêt. Bien qu'elle l'ignorait, elle se trouvait proche de Minas Tirith. Mais ce voyage sur ce qui semblait être un rayon lunaire l'avait vidée de ses forces. 

Tremblante, elle se recroquevilla contre les racines d'un arbre et pleura un moment avant de finir par s'endormir d'un sommeil inquiet. 

Peu avant le lever du jour, une louve apparut dans la forêt, à côté de l'elleth endormie. Elle appuya son museau contre la joue d'Elenwë qui ouvrit péniblement les yeux. 

"Merci d'être venue me chercher.. Ébène." 

La louve lécha doucement la joue de la jeune elfe et s'allongea à côté d'elle pour qu'elle puisse grimper sur son dos. Après maints efforts, elle y parvint mais perdit connaissance presque aussitôt. 

La belle louve porta précautionneusement l'elfe jusqu'à la cité. 

***

Cinq jours... cinq jours qu'Elenwë avait été enlevée. Legolas, mort d'inquiétude, voulait tout de suite se rendre au Mordor pour aller la chercher. Elladan et Elrohir, angoissés pour leur jeune soeur, tentaient de calmer Legolas mais refrénaient leur instinct qui leur soufflait de voler au secours de l'elleth. 

Ce matin-là, Legolas entra dans sa chambre, après une nuit blanche. 

mais alors qu'il s'était allongé sur le lit et avait fermé les yeux, Elrohir rentra dans sa chambre sans même prendre la peine de frapper. 

Il ne dit rien, son regard brillant et ses longs cheveux bruns emmêlés. Un regard et ils se comprirent. Legolas se précipita vers l'entrée de la cité, suivi par Elrohir. Legolas grimpa sur Hasufel et Elladan et Elrohir grimpèrent sur leur chevaux. Le long Serpentin de chemin de ronde fut dévalé à grande vitesse avant qu'ils ne parviennent tous les quatre devant les portes de la cités, miraculeusement encore debout. 

Sur le dos de la louve, Elenwë gisait, la robe ensanglantée. Legolas, le coeur battant se précipita vers elle et la posa au sol. Il pencha son oreille au dessus de ses lèvres et sentit un léger filet d'air le chatouiller. Peu rassuré sur son état, il la prit dans ses bras, la hissa sur Hasufel, grimpant derrière elle et envoya un garde prévenir de toute urgence Mithrandir et Aragorn.

Elenwë, encore à moitié inconsciente, sentit auprès d'elle la présence de Legolas. Elle laissa échapper un léger gémissement et Legolas la serra contre lui. 

-Chut.. Pan mae..(Tout va bien..) Tu es de retour. 

Elle n'eut pas conscience de ce qui se déroula ensuite.