Chapitre 23 : Le roi de Minas Tirith

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Quelques jours avaient passé. Des Hommes, des Elfes et quelques dignitaires des Nains étaient arrivés à la cité blanche. 

En haut de Minas Tirith, au dessus de la citadelle, le large promontoire formé de roches au blanc-gris éclatant, surplombait de sa hauteur la ville.

Les timides rayons du soleil chauffaient à peine assez pour faire scintiller les gouttes déposées par la rosée du matin. Déjà, dans les rues, une effervescence inhabituelle régnait. Pourtant.. La cité, habitée, vivait habituellement mais ce matin là.. L'agitation était à son comble. Pas une agitation inquiète, synonyme d'un quelconque danger, mais une joie intense qui se propageait le long des rues.

Il était arrivé le jour qui symbolisait le début de temps nouveaux. L'arbre blanc de la cité avait, depuis quelques heures, montré de pales bourgeons de fleurs. 

La matinée s'avança, occupée par les derniers préparatifs du couronnement du roi. Elenwë et ses frères se déplaçaient d'un endroit à l'autre, portant qui une décoration, qui une table, qui des chaises. Les hobbits passaient leur matinée avec Frodon qui s'était réveillé quelques jours plus tôt. Gandalf travaillait à redorer la fresque dans la salle du trône et Gimli et Legolas l'aidaient, riant de voir le sage magicien au tablier rapiécé autour de la taille, des pinceaux à la main, appliqué à ne pas dépasser.

— Mithrandir!! Attention! Cria soudain Legolas. 

De la palette de Gandalf, s'écoula un filet de peinture bleue qui vint s'échouer sur la sandale du vieil homme.

— Et zut de flûte!!! Râla t-il.

Gimli ne retint pas un éclat de rire et Legolas le regarda, faisant les gros yeux. Le magicien soupira en essayant d'enlever en vain la tache. 

— Bon.., soupira t-il, espérons que cela ne se verra pas trop.

Les portes de la salle s'ouvrirent soudain sur Aragorn, habillé de somptueux vêtements. Il la referma derrière lui et regarda ses amis avec un air indécis.

— J'ai l'air d'un seigneur paresseux là-dedans.., avoua t-il, dépité.

— Mais non Mellon nin!! Répondit Legolas. Vous êtes majestueux.

— Cela vous va mieux que les frusques que vous portiez jusqu'à présent, continua Gimli.

— Vraiment? Murmura Aragorn. Seulement, je n'ai pas été habitué à un tel luxe! 

 La porte s'ouvrit de nouveau et cette fois, Elenwë entra, suivie de ses deux frères.

— Aragorn!! Quel chic! S'exclama Elladan.

— Je dirai même mieux! Quelle prestance!! Reprit Elrohir.

Ils se regardèrent, sourire aux lèvres et Elenwë s'avança disant :

— Tout est fin prêt. 

Le futur couronné regarda le cadran solaire sur le mur de la salle, astucieusement éclairé par une lucarne dans le mur opposé.

— Mes amis, ils ne vous reste plus qu'à aller vous préparer.

 Tous se retirèrent dans leurs appartements, revêtant les atours que les couturiers de Minas Tirith leur avaient préparé pour l'occasion. 

Elenwë tressa patiemment ses cheveux pour en faire une coiffure sophistiquée, ses longues mèches reposant sur ses épaules.

Elle mit sa robe, grise, fendue au devant et s'ouvrant sur une doublure en soie rouge. Les manches, légèrement bouffantes étaient resserrées au dessus du coudes par deux bandeaux de soie rouges, et des lacets blancs recouvraient son buste habillé par la soie écarlate.

Finalement, elle serra autour de sa taille une ceinture argentée et posa sur sa tête son diadème. 

L'elleth s'approcha du miroir et le reflet lui parut moins pire que ce qu'elle imaginait. Avant de sortir de la pièce, elle glissa sur sa cuisse, dans leurs étuis, ses deux dagues elfiques. On ne se refaisait pas et elle se sentait terriblement démunie sans armes.

Bientôt, ils rejoignirent tous la grand-place du promontoire. Une foule immense s'y tenait. Grands, petits, riches seigneurs, artisans ou paysans, tous voulaient assister au couronnement de leur roi. 

Le descendant d'Isildur se tenait droit, sur les marches menant à l'entrée du palais. Un gigantesque tapis somptueux avait été déroulé jusqu'à l'arbre des rois. Gandalf s'avança, suivit de Gimli qui portait le coussin sur lequel reposait la couronne. Le magicien monta les marches et, solennellement, porta la couronne au-dessus d'Aragorn. 

Posant la couronne sur sa tête, il déclara d'une voix forte :

— Et voici venir les jours du roi..

Mithrandir recula légèrement et ajouta tout bas :

— Qu'il soient heureux.

Un sourire sincère passa sur ses traits et le magicien recula encore. 

Le roi nouvellement couronné se redressa de toute sa hauteur. Sa majesté apparaissait clairement à tous. En son for intérieur, Elenwë pensa soudain au pressentiment qu'elle avait eu alors qu'ils naviguaient sur l'Anduin, il y avait des âges de cela. Elle se remémora les propos de Boromir qui avait avoué qu'Elessar deviendrait le roi dont le Gondor avait tant besoin.

Pour l'heure, une légère brise passa dans la foule et vint doucement agiter les branche de l'arbre blanc. Ses fleurs, à présent écloses, perdirent quelques-uns de leur pétales qui s'envolèrent et vinrent caresser le visage du souverain. La foule présente acclama son chef avec force applaudissements et acclamations. Des cris et des exclamations de joie fusèrent de toutes part. Alors, il inspira et parla :

— Ce jour n'appartient pas à un seul homme mais à tous. Reconstruisons ensemble ce monde, afin de pouvoir partager des temps de paix. 

Après ces quelques mots, ses traits s'emplirent d'une expression à la fois triste et sérieuse. Il entrouvrit les lèvres et entonna :

Et Eärello Endorenna utúlien.
Du Grand Océan vers les Terres du milieu, je suis venu.
Sinome maruvan ar Hildinyar tenn'
A ces lieux je resterai fidèle, ainsi que mes héritiers,
Ambar-metta !
Jusqu'à la fin des temps

Puis, il descendit les marches et marcha le long de l'allée formée par les gardes de la citadelle. Quand il arriva au niveau du groupe d'elfes, il s'arrêta devant Legolas et Elenwë. Ils souriaient, proches l'un de l'autre, presque assortis de part leur tenue argentée et grise. Il posa une main sur l'épaule de chacun des deux. Puis il déclara :

Hannon le.

Legolas eut un sourire et dirigea ses yeux vers le seigneur Elrond qui souriait légèrement. Derrière la bannière elfique apparut soudain Arwen. Resplendissante, portant une robe vert d'eau et une tiare ouvragée elle était pâle mais levait les yeux vers Aragorn, lui offrant son plus beau sourire. 

Elenwë, surprise, agrippa le bras de Legolas en regardant avec fureur ses deux frères. Comment avaient-ils pu oser lui cacher que sa soeur était restée en Arda? Qu'elle était là?

Elle voulut la rejoindre mais Legolas la retint alors qu'Arwen s'avançait vers le roi du Gondor. Il instant passa et l'elfe n'osait regarder dans les yeux son aimé. Aragorn releva le menton de sa fiancée, cherchant à croiser son regard. Puis il fondit sur ses lèvres, passant sa main derrière sa nuque pour lui donner un baiser enflammé. 

Derrière les amoureux, Elrond semblait mi figue mi raisin, partagé entre le rire et les larmes.

Elenwë lui jeta un regard et alla saluer son père qui se tenait non loin d'Haldir.

— Tout est pour le mieux.. Murmura t-elle alors que le couple remontait la foule jusqu'à croiser les hobbits. 

Aragorn les salua, les remercia et leur manifesta une reconnaissance sans bornes avant de s'incliner devant eux, rapidement suivi par tous. 

Elenwë sourit à son père, ses frères, son fiancé, sa soeur et ses amis. Oui.. Elle avait tout pour être heureuse.

La fille de la Lune Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant