Chapitre 34 : Les Terres Immortelles

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Cela faisait déjà plusieurs jours que le bateau naviguait en eaux calmes. Elenwë se sentait bien sur l'eau et n'était pas le moins du monde malade. Les rares cabines du navire permirent aux époux de retrouver leur intimité, ce qui ne s'était pas réellement produit depuis au moins cinquante ans.

Le trio, composé des deux elfes et du nain avait sillonné la Terre du Milieu pendant presque un siècle. Ils s'étaient rendus à la baie de Belfalas au sud du Gondor, avaient visité les ruines de Brithombar, port détruit depuis plusieurs siècles. La plaine de Dagorlad, où Oropher avait perdu la vie. Forêt de Drúadan, la région d'Eriador, les belles forêts de Lorién, de Firien et de l'Eregion. Les principales demeures des nains, les gués de l'Isen, les collines de Pinnath Gelin. L'ancienne région de Doriath.

Cette longue visite s'était achevée un an plus tôt quand il avait retrouvé les murs de Minas Tirith. Ils y avaient trouvé un ancien roi toujours droit et fier mais amoindri par l'âge, et plus faible physiquement. Même Arwen portait sur ses traits la marques du temps. Leurs enfants étaient déjà adultes et nos trois amis assistèrent au couronnement de l'arrière-petit fils d'Aragorn et Arwen. 

Elenwë avait passé un peu de temps avec sa sœur mais ne put supporter la vue de cette dernière atteinte par l'infirmité de l'âge très longtemps. À peine deux semaines plus tard, les époux et Gimli avaient quitté la cité pour rejoindre les Havres Gris, ancien territoire de Cirdan d'où ils quitteraient la Terre du Milieu. 

Les adieux avec les anciens roi et reine du Gondor furent émouvants et un peu difficiles. Tous les cinq savaient pertinemment qu'il s'agissait là de leur dernier moment ensemble. 

Puis, le trio avait repris leur marche durant de longs mois pour rejoindre la mer.  

Sans nul doute, on pouvait s'imaginer qu'Elenwë avec sa capacité, ne serait que plus heureuse de voyager sur l'eau. Ce qui se passa le cinquième jour de navigation étonna donc tous les autres. 

Depuis ce temps, ceux qui avaient eu le mal de mer s'étaient habitués et plus particulièrement Legolas qui était resté verdâtre plus de trois jours. Mais, ce matin là, le ciel s'assombrit soudain et devint noir tandis que la mer s'agitait. 

Presque immédiatement, Elenwë avait commencé à se sentir mal et quand la houle fut très forte, elle ne put que rendre l'intégralité de ses repas par dessus-bord. 

Legolas et Gimli s'en étaient étonnés. Comment cela se faisait-il que l'elleth soit malade ? 

Mais effectivement, la demi-Maia fut obligée de se retirer dans la cabine du couple, et de rester allongée, le plus souvent en boule en espérant que cela passe. 

Legolas restait près d'elle, soucieux de la voir si mal. 

Au soir, la force de la houle augmenta encore et Elenwë s'était accrochée désespérément à Legolas en gémissant :

Lego.. las.. Nye eaa livë.. (Je suis malade) 

Le pauvre elfe n'avait pu qu'essayer d'alléger son mal-être du mieux qu'il pouvait. 

Le surlendemain, la tempête se calma enfin et la mer redevint paisible. 

Elenwë sortit de la cabine, pâle, frissonnante, portant sur elle l'odeur rance de la maladie.

Sans donner la moindre explication, elle plongea dans l'eau et y resta un moment, générant de légers courants pour se laver. Quand elle remonta sur le bateau, elle sécha ses habits en y retirant l'eau grâce à son aptitude et recoiffa ses cheveux qui avaient enfin retrouvé leur propreté et leur éclat.

— Comment te sens-tu ? Avait alors demandé Legolas en souriant à son épouse. 

— Merveilleusement bien. 

La fille de la Lune Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant