La fille de la Lune Tome III

Chapitre 20 : Retour à Minas Tirith

L'armée avançait vite, en dépit des quelques blessés. Enfin, le lendemain, ils arrivèrent en vue de la cité blanche.

— Nous serons arrivés d'ici deux heures! Déclara Elrohir, le cœur en fête.

Elenwë sourit à son frère, déclarant :

— Je vais m'octroyer un jour entier de sommeil!

— Tu n'arriveras jamais à dormir autant, malgré ta capacité à faire la marmotte! Répondit malicieusement Elladan.

— La marmotte?! S'exclama t-elle. 

Elle fit une moue dédaigneuse, faisant mine d'être vexée. 

— Puisque c'est ainsi, je m'en vais voir Aragorn.

Juchée sur Ebène, elle s'éloigna, délaissant ses frères contre lesquels elle n'était pas réellement en colère. 

Elle se rapprocha de la tête de file, rejoignant Aragorn qui avançait un peu en avant de l'armée.

— Aragorn? Appela t-elle. 

Ce dernier se retourna laissant paraître dans ses yeux une lueur de tristesse. Il sourit à la demi-elfe et elle se glissa au même niveau que l'homme.

— Vous paraissez bien sombre.. Murmura la fille de Tilion. Vous êtes soucieux à cause d'Arwen? Demanda t-elle.

L'expression du descendant d'Isildur confirma son hypothèse.

— Mellon nin.. , déclara t-elle en lui prenant la main. Je suis sa soeur et en tant que telle, j'ai une sorte de lien avec elle. Si elle avait succombé, je l'aurai su. Ce n'est pas le cas, Aragorn. La connaissant, Ada aura sûrement insisté pour qu'elle parte mais elle aura refusé. Elle n'attend probablement qu'une seule chose, vous retrouver. Je suis persuadée qu'elle viendra à Minas Tirith quand la bonne nouvelle lui sera parvenue. Faîtes-lui confiance, vous savez bien à quel point elle vous aime. 

L'homme fixa ses yeux bleus sur le visage de l'elleth. Il offrit à Elenwë un sourire franc et cette dernière sentit qu'il avait repris courage. Aragorn était un homme vertueux et courageux mais il manquait souvent de confiance en lui notamment en ce qui concernait ses sentiments. 

— A ce propos, continua t-elle, j'ai entendu hier soir, à la veillée, les hommes chanter un poème évoquant la Cité Blanche. Voyez-vous du quel je parle? 

— Oui je crois.

— J'aimerai beaucoup l'apprendre. Ne pourriez-vous pas le chanter? 

— Si bien sûr. Répondit-il. 

Alors l'héritier du trône du Gondor prit une inspiration et entonna :

Sur les flancs abrupts du mont Mindolluin,
Elle s'accroche tel un cristal lilial.
Chatouillé par les flots de L'Anduin,
Elle trône dans sa blancheur magistrale.

Cette corolle blanche s'offre au cieux
En s'ouvrant telle une fleur heptagyne
Par sept murailles et en son milieu,
La citadelle aux allures divines.

Au septième et ultime de ses paliers,
La Tour d'Ecthelion parfait l'édifice
Logeant les intendants de père en fils.

L'arbre blanc du Gondor à ses côtés
Ne perd en rien de sa magnificence
Dont la beauté en est la quintessence.

Quand la voix belle et grave d'Aragorn s'estompa, Elenwë lui sourit chaleureusement, le remerciant. 

— Il est très beau.

— Oui, il est très ancien, les hommes en ont oublié l'origine..

— Peut-être mon père en connaît-il les créateurs. 

— C'est plus que probable si ce chant a moins de six millénaires.

Les deux amis se regardèrent et explosèrent de rire. 

— Six mille ans.. Quelle longue vie, murmura Aragorn, les larmes aux yeux.

A ce moment précis, Legolas et Gimli les rejoignirent, juchés sur Hasufel.

— De quoi riez-vous sans nous? Demanda Gimli en souriant.

— De l'âge de mon père, répondit Elenwë.

Legolas esquissa un sourire et regarda devant lui, vers la cité.

— Voulez-vous savoir ce que mes yeux perçoivent? Demanda l'elfe sylvestre.

— Dîtes-nous, répliqua le nain. 

— Je vois.. commença Legolas, Faramir et Eowyn qui guettent notre arrivée.

— Et moi je crois que les habitants de la cité sont en train de s'organiser pour nous recevoir, dit Aragorn avec douceur. Les jours qui vont venir seront des jours de paix et de fête. Resterez-vous un moment au moins à la Cité Blanche?

— Quelle question! répondit Gimli. Bien sûr que nous restons! Elenwë a une revanche à prendre pour le concours de boisson. 

— Ah.. Je suis certaine que c'est encore l'autre qui va gagner! Rit elle doucement en jetant un regard en coin à Legolas.

Lui sourit et déclara :

— Quand nous partirons, il faudra que vous m'accompagniez dans ma forêt, Gimli et Elenwë. Vous pourrez goûter au meilleur des vins jamais réalisé. Et puis.. Il faut bien que je présente ma fiancée à mon père. 

Elenwë rougit brusquement en murmurant :

— Etrangement.. Je ne suis pas extrêmement hâte de le rencontrer.. 

— Mon père a mauvaise réputation, je le conçois mais il est un bon père et je suis sûr qu'il vous appréciera.

— Je l'espère..

Legolas prit affectueusement la main d'Elenwë et embrassa sa joue, la faisant rougir de plus belle.

— Cela suffit! Ce n'est pas le moment! Déclara t-elle en s'écartant, gênée.

Aragorn et Gimli s'étranglèrent de rire en voyant la réaction de l'elleth et Legolas rit doucement. 

— C'est cela payez-vous ma tête en plus!

— Elenwë.. , chuchota Legolas, nous vous taquinons.. Rien de plus.

Elle soupira en disant : 

— Je n'ai jamais dit que j'aimais cela.

Legolas se retint de dire qu'il l'embêtait juste pour la voir rougir et décida sagement de changer de sujet de conversation. 

Les hobbits les rejoignirent et ils parlaient gaiement quand Elenwë s'écria :

— Regardez! 

Tous levèrent les yeux au ciel et virent les aigles se rapprocher de la cité, deux personnes entre les serres.

— Ce sont Sam et Frodon! Cria Merry.

— J'espère qu'ils sont encore en vie.. murmura Pippin. 

Le groupe regarda les oiseaux immenses se poser sur le promontoire de la cité et Legolas et Elenwë rassurèrent les hobbits en leur disant que leurs amis avaient l'air d'avoir été pris en charge par des guérisseurs. 

Enfin, en fin d'après-midi, l'armée arriva au niveau des portes de Minas Tirith. 

Les habitants de la ville les accueillirent avec joie et des cris de liesse résonnèrent dans les rues.

L'armée montait le long du Serpentin et les hommes s'arrêtaient lorsqu'il arrivaient devant chez eux. Seules quelles infortunées familles eurent à pleurer la perte d'un des leurs. 

Quand le groupe composé des deux hobbits, des quatre elfes, du nain et des deux hommes (Eomer et Aragorn) arrivèrent à la Citadelle, ils descendirent de leurs montures et se retirèrent dans leurs appartements respectifs afin de se reposer.