Chapitre 2: La bataille des champs du Pelennor

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Du sombre Dunharrow dans le matin terne avec thane et capitaine partit le fils de Thengel : à Edoras il vint, aux anciennes salles des gardiens de la Marche, de brume recouvertes, les bois dorés étaient enveloppés de ténèbres.
II dit adieu à son peuple libre, à son foyer, à son haut siège, et aux lieux consacrés où longtemps il avait festoyé avant que la lumière ne s'évanouit. Le roi partit en chevauchée, la peur derrière lui, le destin devant  Sa beauté il observa, les serments prononcés, tous il les accomplit. Théoden partit en chevauchée. Cinq nuits et cinq jours vers l'est et toujours plus loin chevauchèrent les Eorlingas, par le Folde, la Fenmarche et la forêt de Firien, six mille lances à Sunlending, A Mundburg la puissante sous le Mindolluin, cité des rois de la mer dans le royaume du Sud assiégée des ennemis, par le feu encerclée. Le destin les menait. Les ténèbres les prirent, cheval et cavalier, le battement des sabots au loin dans le silence se perdit: voilà ce que disent les chansons.

Les boucliers des hommes se fracassaient, les chevaux hennissait et le bruit de leur sabot faisait trembler la pleine.

Le choc avait été terrible. Déjà, quelques hommes avaient succombé. Les orques, toujours plus nombreux, ripostaient avec force. Les éored commençaient à désespérer..

Puis soudain Merry le sentit enfin, sans aucun doute: un changement. Le vent soufflait sur son visage!  La lumière entreluisait. Loin, très loin dans le Sud, des nuages se voyaient faiblement, formes grises reculées qui s'élevaient en volutes et dérivaient: Le matin s'étendait au-delà.
Mais au même moment, il y eut un éclair, comme si la foudre avait jailli de la terre sous la Cité. Durant une seconde fracassante, elle se dressa aveuglante au loin en noir et blanc, avec sa plus haute tour semblable à une aiguille scintillante, puis, comme l'obscurité se refermait, vint, roulant par-dessus les champs, un grand grondement.

Elenwë se troucait au pied de cet éclair de lumière argentée.

À ce bruit, la forme courbée du roi se redressa brusquement comme par l'effet d'un ressort. Il parut de nouveau grand et fier, et, debout sur ses étriers, il cria d'une voix forte, si claire qu'aucun de ceux qui étaient là n'en avait jamais entendu de pareille chez un mortel.

-Debout, debout, Cavaliers de Théoden! Des événements terribles s'annoncent: feux et massacres! La lance sera secouée, le bouclier volera en éclats, Une journée de l'épée, une journée rouge, avant que le soleil ne se lève! Au galop maintenant, au galop! À Gondor!

Là-dessus, il saisit un grand cor des mains de Guthalf, son porte-étendard, et il lança une telle sonnerie que le cor se rompit.

Et aussitôt tous les cors de l'armée furent élevés à l'unisson et la sonnerie des cors de Rohan en cette heure fut comme une tempête sur la plaine et le tonnerre dans les montagnes.

-Au galop maintenant, au galop! À Gondor! 

Le roi cria soudain un ordre à Nivacrin, et le cheval bondit en avant.

Derrière Théoden, son étendard flottait au vent: un cheval blanc sur champ vert, mais il le distançait.

Derrière lui, les chevaliers de sa maison galopaient dans un bruit de tonnerre, mais il était toujours en avant.

Eomer chevauchait là, la queue de cheval de son casque flottant avec la vitesse, et le front de la première éored mugissait comme les flots déferlant sur la grève, mais Théoden ne pouvait être gagné de vitesse. Il paraissait emporté par la folie, ou la fureur de bataille de ses pères courait comme un nouveau feu dans ses veines, et il était porté par Nivacrin comme un dieu de jadis, voire même comme Oromë le Grand à la bataille de Valar, quand le monde était jeune.

Son bouclier d'or, découvert, brillait telle une image du Soleil, et l'herbe flamboyait de vert autour des pieds blancs de son coursier.

Car le matin se levait, le matin et un vent venu de la mer, les ténèbres se dispersèrent, les hommes de Mordor gémirent, et la terreur s'empara d'eux, ils s'enfuirent, et moururent, et les sabots de la colère passèrent sur eux.

Alors toute l'armée de Rohan éclata en chants, les hommes chantaient tout en massacrant, car la joie de la bataille était en eux, et le son de leur chant, qui était beau et terrible, parvint jusqu'à la Cité.

Elenwë entourée de cette aura protectrice, se transforma vite en une figure guerrière fascinante et surtout puissante.

Du revers d'Ant Estel, elle ôtait la vie des sombres hommes de Mordor.

Tout semblait aller pour le mieux quand soudain, des cris inhumains retentirent dans le ciel. Les Serviteur de Sauron, sur leur monture ailée, survolaient le champ de bataille, emportant dans les airs des cavaliers, des chevaux..

Elenwë en eut le cœur battant.

Elle devait les battre. Tous, un à un, elle devait détruire les Nazghuls.

La fille de la Lune Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant