Chapitre 3: Perte

685 52 9
                                    

Toute perspective de victoire semblait avoir quitté les rangs de l'Armée ennemie. 

Le roi du Rohan, suivi presque immédiatement d'Elenwë qui s'était retrouvée séparée de ses frères, était loin devant, encerclé par des ennemis. 

-Sire Théoden! Lui dit Elenwë, un peu inquiète. Nous sommes cernés!

Ce qui l'inquiétait réellement, c'était l'arrivée au loin des trois Nazghûls. 

Car pour l'instant, la bataille se déroulait en leur faveur. 

Mais voilà que soudain, au milieu de la gloire du roi, son bouclier doré se ternit. 

Le matin neuf fut effacé du ciel. L'obscurité entoura Elenwë et Théoden. Elle crut que leur dernière heure était venue. Tremblante, elle murmura en elle même une prière. 

Les chevaux se cabrèrent et crièrent. 

Des hommes jetés à bas de leur selle rampèrent sur le sol. 

-A moi! A moi! Cria Théoden. Debout Eorlingas! Ne craignez aucunes ténèbres! 

Mais Nivacrin, foude terreur, se dressa de tout son haut, luttant contre l'air, puis, avec un grand cri, il s'effondra sur le côté: une flèche noire l'avait transpercé. Le roi tomba sous lui.

-THEODEN! Hurla Elenwë. Elle descendit d'Ébène et se précipita vers le roi du Rohan.

Déjà, l'ancien roi sorcier d'Angmar, Seigneur des Nazghûls, était descendu de son immonde monture luisante de ténèbres.

Il se rapprochait du roi immobilisé sous son cheval inerte.

Elenwë luttait pour le rejoindre, décapitant et tranchant les ennemis qui affluaient en vagues successives de plus en plus rapprochées. 

Où était Eowyn? Son oncle vivait ses derniers instants.. Sans nul doute. 

Dans l'énergie du désespoir, Elenwë finit par les rejoindre alors que le Nazghûl avait levé sa masse, prêt à l'enfoncer dans le torse du souverain des Rohirrims.

Elle se rua sur le Nazghûl et roula sur le sol avec lui. Lui poussa un cri de rage et d'un geste ample, envoya Elenwë au sol. Il se rapprocha à nouveau du roi. Elenwë se précipita au devant du roi, toujours retenu au sol par la lourde dépouille de Nivacrin. 

-Tu ne l'auras pas! Serviteur du mal! Piètre maître des Ténèbres! Arrière!!

Elenwë se dressait dans toute sa force et toute sa détermination. Ses yeux gris brillaient d'une lueur dangereuse et inquiétante. Le Nazghûl tendit la main et déversait en elle une force maléfique. 

Elenwë sentit les forces lui manquer alors elle planta Ant Estel dans le ventre du sombre seigneur. Celui émit un sifflement de rage et se tourna vers Elenwë qui venait de poser un genoux au sol, affaiblie. 

Sa voix sifflante parvint aux oreilles de l'elleth. 

-Te voilà enfin à ta juste place.. Elfe femelle!

Elenwë lui jeta un regard haineux et tenta de se redresser. Le Nazghûl eut un éclat de rire et une lueur de folie  passa dans son regard sombre. 

Il se tourna vers le roi agonisant et ajouta à l'intention d'Elenwë:

-Je m'occuperai de ton cas après. Le maître te veut vivante.

Elenwë frémit de terreur. Elle ne pouvait pas bouger. Elle sentait la panique envahir ses muscles. Elle voulait se lever mais n'en était pas capable. Paralysée, elle ne pouvait que regarder l'esprit servant lever sa massue, se rapprochant de la silhouette de Théoden. 

Un cavalier vint soudain s'interposer. Elenwë reconnut alors Eowyn. Elle discerna aussi la petite silhouette de Merry qui paraissait effrayé.

-Va-t'en, immonde Dwümmerlaik, seigneur de la charogne! Lança la nièce de Théoden.

 Une voix froide lui répondit: 

-Ne t'interpose pas entre le Nazgûl et sa proie! Ou il ne te tuera pas à ton tour. II t'emportera vers les maisons de lamentation, au-delà de toutes ténèbres, où ta chair sera dévorée et ton esprit desséché laissé nu à l'aigle Vigilant.

 Une épée résonna comme on la tirait du fourreau. 

-Faites ce que vous voulez, mais je l'empêcherai dans la mesure où je le pourrai.

 -M'empêcher, moi? Pauvre fou. Aucun homme vivant ne le peut! 

Merry et Elenwë entendirent alors de tous les sons à cette heure le plus étrange. 

Il semblait qu'elle riait, et la voix claire était comme le tintement de l'acier. 

-Mais je ne suis pas un homme vivant! C'est une femme que tu vois. Je suis Eovvyn, la fille d'Eomund. Tu te tiens entre moi et mon seigneur et parent. Va-t'en, si tu n'es pas immortel! Car, vivant ou sombre non mort, je te frapperai si tu le touches!

Eowyn, non sans peur, se tenait courageusement devant son ennemi. 

La monture du Nazghûl attaqua Eowyn une fois. Puis une autre.

Elle ne sourcilla toujours pas: fille de rois, mince mais telle une lame d'acier, belle mais terrible.

Elle porta un coup rapide, habile et mortel. Elle fendit le cou tendu, et la tête tranchée tomba comme une pierre. Elle fit un saut en arrière tandis que l'immense forme s'écrasait, ses vastes ailes étendues, pour se recroqueviller sur le sol, et avec sa chute, l'ombre disparut. Une lumière tomba sur Eowyn, et ses cheveux brillèrent dans le soleil levant. 

De cet effondrement s'éleva le Cavalier Noir, grand et menaçant, la dominant de haut

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

De cet effondrement s'éleva le Cavalier Noir, grand et menaçant, la dominant de haut. Avec un cri de haine qui mordait les oreilles comme un venin, il abattit sa masse d'armes. 

Le bouclier d'Eowyn vola en éclats, et son bras fut brisé, elle tomba à genoux. II se pencha sur elle et il leva sa masse pour tuer. Mais soudain lui aussi tomba en avant avec un cri de douleur aiguë, et son coup s'égara, s'enfonçant dans le sol. L'épée de Merry avait frappé par derrière, elle avait percé le tendon derrière son puissant genou. 

-Eowyn! Eowyn! Cria Merry. 

Alors, chancelante, se redressant dans un grand effort, elle mit ses dernières forces à enfoncer son épée entre la couronne et le manteau du Nazghûl. Avec des étincelles, l'épée se brisa en plusieurs fragments. La couronne alla rouler avec un bruit métallique. 

Eowyn tomba en avant sur son ennemi abattu. Mais manteau et haubert étaient vides! Ils s'étalaient à présent sur le sol, déchirés et informes, un cri monta dans l'air frémissant et se perdit dans un gémissement aigu, il passa avec le vent, voix mince et incorporelle qui mourut, fut engloutie pour ne plus jamais être entendue en cet âge du monde.

La dame du Rohan perdit connaissance.

La fille de la Lune Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant