Chapitre 4: Adieu

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Et là se tenait au milieu des tués Meriadoc le hobbit, clignant des paupières comme un hibou dans la lumière du jour, car les larmes l'aveuglaient, et dans un nuage, il regardait la belle tête d'Eowyn, étendue sans mouvement, et il contemplait le visage du roi, tombé au milieu de sa gloire. 

Car Nivacrin, dans son agonie, avait roulé sur lui, devenant le destructeur de son maître. 

Merry se pencha alors et souleva la main du roi et voilà que Théoden ouvrit les yeux! Ils étaient limpides, et il parla d'une voix calme, quoique avec difficulté. 

-Adieu, maître Hobbit ! dit-il. Mon corps est brisé. Je rejoins mes ancêtres. Et même dans leur grande compagnie, je n'aurai pas honte à présent. J'ai abattu le serpent noir. Un sinistre matin, une heureuse journée et un coucher de soleil doré!

Merry ne trouvait pas les mots et ne put ravaler les larmes qui coulaient librement sur ses joues. 

Elenwë qui pouvait enfin se lever se dirigea vers le roi et ce dernier lui serra la main. 

-Dame Elenwë.. Grande Dame parmi les elfes.. Quelle joie d'avoir pu chevaucher et combattre à vos côtés.. Je suis empli d'admiration pour vous.. Vous êtes forte. Merci.. de m'avoir éclairé. Où est donc Eomer?

Autour d'eux les cors résonnèrent avec force. Un nouvel assaut arriva de l'avant-garde d'Osgiliath. 

Là dessus, plusieurs cavaliers arrivèrent, et parmi eux, Eomer. 

Ce dernier sauta à bas de son cheval et se précipita au chevet de son roi. 

-Eomer.. murmura le roi.

L'un des chevaliers prit alors la bannière du roi de la main de Guthlaf, le porte-bannière qui gisait mort, et il la leva. 

Théoden ouvrit lentement les yeux. Voyant la bannière, il fit signe qu'elle devait être remise à Eomer. 

-Salut, Roi de la Marche! dit-il avec ses dernières forces. Va maintenant à la victoire! Fais mes adieux à Eowyn! 

Et il mourut, ignorant qu'Eowyn gisait près de lui. 

Et ceux qui se trouvaient là pleuraient, criant: 

-Théoden Roi!Théoden Roi! 

Ce cri résonna à travers la plaine, la plainte s'éleva jusqu'au mur de la blanche cité partiellement en ruine.

-Ne pleurez pas trop! Puissant était celui qui est tombé, digne fut sa fin. Quand son tertre sera élevé, nous le pleureront. La guerre nous appelle à présent. Eomer leur disait cela pour les encourager, mais lui-même pleurait en parlant.

 -Que ses chevaliers demeurent ici, dit-il, et qu'ils emportent avec honneur son corps du champ de bataille, de crainte que les troupes ne le piétinent! Oui, lui et tous ces autres hommes du roi qui gisent ici. 

Et il regarda les tués, se rappelant leurs noms. 

Puis, soudain, il vit sa soeur Eowyn étendue, et il la reconnut. Il resta un moment comme un homme percé d'une flèche au cœur au milieu d'un cri, son visage devint mortellement pâle, et une fureur froide l'envahit, de sorte que toute parole lui manqua pendant quelque temps. 

-Eowyn, Eowyn! cria t-il enfin. Comment te trouves-tu ici? Eowyn? Quelle démence ou quelle sorcellerie est-ce là? La mort, la mort, la mort! La mort nous prend tous.

Elenwë vint poser sa main sur l'épaule du nouveau roi de la Marche. 

-N'ayez crainte, Eomer, Seigneur des Rohirrims. Elle vit et son courage est venu à bout du roi sorcier d'Angmar. Grande est sa force. 

Eomer eut l'air plus apaisé mais néanmoins furieux.

Alors, sans recevoir aucun avis et sans attendre l'approche des hommes de la Cité, il donna de l'éperon et se lança tête baissée vers le front de la grande armée, sonna du cor et appela d'une voix forte à l'assaut. 

Sur le champ de bataille retentit sa voix claire, criant: 

-Mort! Courez, courez à la ruine et à la fin du monde!

Elenwë se pencha vers Eowyn et bien qu'elle soit déjà épuisée, elle usa de son pouvoir pour lui accorder les premiers soins. 

Merry regarda Elenwë avec inquiétude. 

-Elenwë.. Ils ont besoin de vous.. Allez-y. Je veille sur elle. Elle n'a eut de cesse de me protéger. A moi de faire de même.

Elenwë regarda intensément le jeune courage. 

-Vous êtes courageux, maître Meriadoc. Soit. Je vais. 

Elenwë s'en alla vers Osgiliath, appelant Ébène. La louve arriva, sa belle fourrure blanche emplie de sang. 

"Tu es blessée?"

"Non.. Mais les orques.. oui." 

Elenwë ne put retenir un bref éclat de rire intérieur. 

"Allons du côté d'Osgiliath.. J'ai une idée."

"A ton service!"

En quelques secondes à peine, Elenwë et Ébène se retrouvaient au milieu des ruines d'Osgiliath.

Elenwë se dirigea vers les flots de l'Anduin. 

Soudain, Deux silhouettes se dressèrent face à elle. Les deux autres Nazghûls. 

Elle ferma les yeux un moment, se concentrant. La lumière qui l'entourait s'intensifia et Elenwë sentit toute sa colère resurgir. 

Elle s'élança vers eux et se battit avec les deux à la fois. La lame d'Ant Estel brillait de mille feux et tintait en heurtant les deux lames sombres. Au bout d'un long combat acharné, elle remporta le combat et contempla les habits à présent vides qui gisaient au sol. 

Elle se mit à genoux, appuyant ses mains jointes sur la garde de son épée qui était appuyée sur le sol. 

"Je me sens si lasse, Ébène.."

"Tu as débarrassé Arda de deux Nazghûls supplémentaires.. Il est évident que tu es fatiguée.."

Ébène se rapprocha de l'elleth et se baissa. 

"Je t'accompagne jusqu'à l'Anduin. grimpe!"

Elenwë remercia sa louve et agrippa sa fourrure à pleines mains pour se hisser sur son dos. 

L'elleth se laissa glisser dans l'eau du grand fleuve. 

"Que comptes-tu faire?" Demanda la louve. 

"Utiliser la force de l'eau."

Elenwë ferma les yeux, se focalisant sur l'eau qui atteignait ses genoux.

Dans un effort titanesque, elle souleva plusieurs tonnes d'eau qui s'abattirent sur le reste de l'armée orque. Ceux-ci furent emportés, soufflés par la vague.

"Et voilà.. La moitié en moins.."

"Mmmhh..Je dirai plutôt les deux tiers.. C'était incroyable, félicitations."

Elenwë ne répondit pas. Épuisée, elle chuta et tomba dans l'eau. Elle sombrait dans l'inconscience. Ébène tira Elenwë sur la berge et poussa un hurlement à la mort en ne la voyant pas ouvrir les yeux malgré ses fréquents coups de museau sur son visage.

Au loin, Elladan perçut le hurlement de la louve. 

-Elenwë! Cria t-il. 

Elrohir avait entendit aussi et avait pâli. Il attrapa la main que lui tendait son frère jumeau et grimpa derrière lui sur son cheval. Elrohir avait perdu sa monture en effet. Ils se dirigèrent en direction du hurlement, le cœur battant et la gorge nouée.

Malheureusement pour les hommes qui reprenaient courage, un autre cor retentit. Des hommes du sud, sur d'immenses créatures, les Oliphants.

Le désespoir les saisit à nouveau.



La fille de la Lune Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant