Chapitre 16.

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Eliya nous accueillit rapidement, inquiet, il me tira dans ses bras, posant des questions sans arrêt. Il se calma quand je lui confirmais que oui, j'allais bien, non je n'étais pas blessée, et non il n'y aurait pas de guerre contre les anges. Abrahel se rappela à moi en tirant légèrement sur mon bras, elle avait faim. Je lui souris tendrement et le roi nous mena aussitôt vers la salle à manger, où étaient tous les autres, cependant je me figeais à la porte. Près de ma mère, se trouvait quelqu'un, j'avais l'impression de me voir dans un miroir, c'était moi, en homme. Il me fixait aussi. D'un coup il se rua sur moi, me serrant dans ses bras. Et j'eus l'impression de rentrer enfin à la maison, j'étais dans les bras de mon frère. Il se décolla de moi et m'entraîna à table.

- Je suis Othar, ton frère jumeau.

- Je l'avais deviné, je suis Aletheïa, et voici Abrahel, mon âme-sœur et la reine des démons.

- Ravi de faire votre connaissance. Mais dis-moi, pourquoi ta belle est-elle couverte de sang ? C'est celui de qui ?

- Oh ! Eh bien, c'est mon sang, j'ai été poignardée par la princesse Melissa, elle m'a laissée pour morte dans ma chambre et Al est venue me sauvée.

Abrahel me sourit et me fit asseoir à sa droite, le repas fut rapide, je leur exposais ce qui s'était dit chez les anges, les réactions furent à peu près les mêmes, ils se disaient en effet prêts à accueillir les anges qui le voudraient et à m'appuyer dans le cas d'une guerre potentielle. Mais dans leurs yeux je voyais bien que l'idée d'une guerre les effrayaient tous. Je poussais un long soupir et dépitée, quittais la table pour rallier ma chambre. Je me jetais contre le lit, face la première et je m'endormi ainsi. Pour me faire réveiller par mon père deux heures plus tard.

- Je n'en ai pas fini avec toi jeune fille.

- Ah ? Mais là je suis morte, tu vois.

- Les morts ne parlent pas, viens.

- J'arrive.

- Al ? Tu sors ? Demanda Abra qui venait d'entrer

- Oui, apparemment mon père veut m'achever.

- Bébé, c'est pour ton bien, d'accord ? Allez vas-y tu peux le faire, je crois en toi.

- Merci.

Sans la moindre motivation, je tirais ma carcasse du lit et suivit mon père qui me trainait vers un terrain d'entraînement. Là, je l'écoutais, il m'expliqua longuement comment lancer divers sorts basiques de magie Noche, et me demanda de les lancer. Paresseusement, je levais un bras et exécutais le premier sort, il haussa un sourcil.

- Je t'ai demandé de créer une boule d'ombre... Pas de feu noir.

- Ah. Pardon.

Je rectifiais mon erreur sans la moindre motivation, m'assurant néanmoins, de lancer le bon cette fois ci. Il me fit enchaîner les sorts, les enchantements et les sorts de zones durant deux bonnes heures avant de me libérer. Je posais mes yeux sur lui, surprise.

- Fini ?

- Pour cette partie. Maintenant, tu apprends à voler.

- Comment ?

- Déploies tes ailes. Maintenant, prends tes appuis, comme si tu allais sauter. Là, tu sens la tension dans tes ailes ?

Il m'ordonna ensuite de sauter et de battre les ailes. Je le fis tant bien que mal, cherchant le sentiment qui m'avait assailli tantôt.

- Al.

- Oui, papa ?

- Le vol est instinctif pour nous autres, il n'y a pas de technique propre. Tu fais comme tu le sens.

- Je n'y arrive pas.

- T'as besoin de quoi ?

- Je ne sais pas.

Il me prit le bras, me traîna vers le toit. Là, il me poussa tout bonnement, me laissant tomber. Je ne réagis pas, laissant le vent s'engouffrer dans mes ailes, je tentais ensuite de les mouvoir, pour au moins sauver ma peau, en vain. Soudain, je perçus un mouvement depuis une fenêtre, puis, alors que j'étais à trois mètres du sol, je reconnus les bras de ma douce dans mon dos, elle m'aida, à me poser en douceur sur le sol.

- Bien, essayons ma méthode alors, proposa-t-elle.

- Ah ?

- Oui, je vais me mettre à la fenêtre de notre chambre. Si tu arrives jusqu'à moi, tu auras un baiser.

- Et si j'y arrive pas ?

- Tu dors dans le fauteuil ce soir ?

- J'arrive !

- Eh bien voilà. À tout de suite.

Elle prit son envol et se posta, comme promis, à notre chambre. Elle me fit signe. J'inspirais, fit mine de sauter, et battit des ailes comme je le pouvais. Je retombais aussitôt. Abrahel pinça des lèvres et me tourna le dos, commençant à retourner dans la chambre. Agacée, je sautais pour de bon cette fois ci et écartais mes ailes le plus loin possible, et soudain, tomber me sembla incongru. Pourquoi est-ce que je tomberais ? J'étais née pour voler. Sans problème, je m'envolais et atterrit dans son dos. Je glissais mes bras autour de sa taille, l'attirais contre moi et posais mes lèvres sur son épaule.

- Tu as réussis.

- En effet. J'attends ma récompense, ma reine.

- Évidement.

Elle se retourna, et m'embrassa, je sentis mon cœur s'envoler très haut puis éclater de bonheur. Par la magie elle-même, qu'est-ce que j'aime cette femme. Elle se décolla doucement de moi. Et me sourit, ses prunelles rouges étincelaient d'amour. Je glissais mes doigts à travers ses longues mèches brunes avant d'enfouir mon visage dans son cou. Je sentis ses mains glisser derrières mes cuisses et les presser légèrement. Je sautais donc et enroulais mes jambes autour de ses hanches. Elle me porta dans la chambre puis dans la salle de bain. Là, elle me posa au sol, je fermais les yeux et baillais, attendrie, la démone me dévêtit, me mis dans la baignoire et s'empressa de m'y rejoindre.

- Je t'aime, dis-je soudainement.

- Moi aussi, mais pourquoi, là, d'un coup ?

- J'ai besoin d'une raison ?

- Non, mais là, je ne m'y attendais pas.

Je me blottis contre sa poitrine, et, épuisée, m'endormis à nouveau. Le dernier son que j'entendis fut sa voix :

- Dors, petit cœur, je veille sur toi.

Puis elle posa un baiser sur ma joue. 

Un destin inattendu -en correction-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant