Chapitre 25.

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C'est donc les larmes aux yeux que j'ouvris le portail, de l'autre côté aussi il faisait nuit. Le long du chemin jusqu'au palais, des dragons, sous diverses formes s'étaient réunis. Ils s'écartèrent, pour me laisser passer, je fis donc un premier pas à travers le voile. La pleine lune éclairait le chemin de dalle d'une lumière surréaliste, je me mordis les lèvres en voyant la distance à parcourir, mais le poids dans mes bras me rappela à la réalité. J'avançais donc, la tête haute, laissant les larmes dessiner des sillons le long de mes joues. J'entendais les conversations des enfants, ils mettaient tous tant d'espoirs en moi.

- C'est vraiment la vraie Aletheïa ?

- Oui, il parait que bah maintenant, elle est notre reine.

- Trop cool.

- Et tu sais que c'est la plus forte ?

- Ah bon ?

- Oui elle peut battre le roi des anges.

Du côté des adultes ce n'était guère mieux, ils me couvraient tous d'éloges, moi, je voulais juste redevenir la petite fille insouciante qui courait dans les couloirs du palais angélique. Je continuais d'avancer, je sentais de plus en plus de regards se braqués sur moi.

- Vous pensez que la Lune va l'aider ?

- Si la Lune l'aide, je la suivrais jusqu'à la mort.

- Si la Lune l'aide, alors cela voudra dire que cette petite sera une très bonne reine.

Mes jambes et mes bras commençaient à trembler. Le long vol jusqu'ici, faire monter les autres et maintenant cette traversée ? Et sans magie ? Je commençais à atteindre mes limites. Attendez quoi ? Des limites, moi ? Depuis quand ? Et je croyais que les dragons avaient une force sans bornes, certes je ne suis pas entièrement dragon mais leur sang parcourt tout de même mes veines damnée non? J'inspirais longuement, je ne suis même pas à la moitié. La lumière de la Lune caressa doucement mon visage. La Lune, cette même Lune qui me sauva la vie et bénit mon union. Une femme se planta soudain devant moi. Très belle, elle était semblable à ma moitié, à ceci près que ses cheveux étaient d'argent. La Lune était descendue pour moi. Je posais un genou en terre et baissait la tête pour la saluer.

- Relèves-toi, mon enfant. Depuis quand une fille s'agenouille-t-elle devant sa mère.

- Ma mère ?

- Si ton corps, viens d'ici et descend de cette reine, ton âme elle, descends de moi. Ce n'est pas la première fois que tu descends aider les mortels, ma fille, ma c'est bien la première fois que tu choisis une enveloppe charnelle avec une telle famille. Assez parler, laisse-moi t'aider.

Elle glissa sa main sur mes joues, pour sécher mes larmes et m'envoya une dose d'énergie, elle soulagea mes muscles de leur fatigue. On marcha ensemble jusqu'au palais, à ses côtés, j'eus l'impression que le voyage fut très court. Elle me guida jusqu'à l'emplacement où je devrais creuser et me tendis une pelle.

- Il y a une certaine profondeur à laquelle je dois creuser ou pas ?

- Non, ma fille, c'est toi qui décides.

J'optais donc pour une profondeur classique. Il me fallut bien une heure pour que je m'estime satisfaite, en creusant, je discutais tantôt avec elle, tantôt avec Abra, qui s'inquiétait, et parfois je les laissais discuter entre elles. Lorsque j'atteins la profondeur souhaitée, je sautais hors du trou et, avec toute la douceur possible j'y posais le corps de Lyse. J'allais refermer le trou quand l'astre m'arrêta.

- Cette partie-là, ce n'est pas toi de le faire.

- Ah ?

- Non, ce sont eux qui vont s'en occuper, elle me désigna le peuple, qui m'avait suivi.

Un destin inattendu -en correction-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant