Chapitre 21.

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Deux semaines s'étaient écoulées depuis ma conversation avec Appolyon. Je n'avais plus eu de nouvelles du palais depuis. Ni de nuit complète, je dormais entre deux et quatre heures maximum. J'avais une tête de zombie selon, Lyse, ma grand-mère. Elle m'avait appris beaucoup de choses, sur les Noches, sur les elfes, sur la vie en général. Mais aujourd'hui, quand elle sortit du lit, elle me montra qu'elle savait surtout lire dans l'énergie des gens.

- Tu vas y retourner alors.

Ce n'était pas une question, elle n'avait pas l'air surprise, ni même déçue. Elle me sourit, tendrement. Et m'ordonna de ne revenir que pour lui présenter Abrahel, souriante, j'acceptais avec joie, et, après l'avoir longuement serrée contre moi, je pris mon envol, Niv et Elouan derrière moi. On s'approchait lentement du palais mais quand on fut à environ trois cent mètres je sentis dans l'air, une odeur de sang, beaucoup de sang. Melissa était encore passée à l'attaque. Je me posais, tendis mes sacs à Niv et m'équipais pour le combat. Puis je courus au palais, assommant tous les anges que je croisais. J'atteignis assez rapidement le champ de bataille. On pourrait les vaincre aisément, dès que Niv arriverait. Je la vis poser mes affaires dans un coin puis brûler tous ceux qui avait le malheur de s'attaquer à elle. Dès qu'ils furent tous hors d'état de nuire ou qu'ils avaient fuient, je me mis à paniquer, je cherchais ma famille. Je courus dans les couloirs du palais, les soldats elfes sur mes talons.

- Abrahel ! Appolyon ! Othar ! Mon oncle ! Maman !

Personne ne me répondait. J'arrivais devant la porte de ma chambre, elle était ouverte. L'inquiétude montait en flèche dans ma poitrine. J'entrais dans la pièce, elle était sombre. L'un des hommes alluma sa paume pour m'éclairer. Il se posta devant moi, éclairant la voie. Il braqua sa main vers le lit.

- Princesse ?

- Oui ?

- Vous feriez mieux de sortir, je ne crois pas que...

- Elle va bien ?

- Oui.

- C'est tout ce que je voulais savoir, merci. Vous savez où sont les autres ?

- Vos parents doivent être dans la salle du trône, c'est là que nous avons réunis tout le monde dès le début de l'attaque.

- Je vois, allons-y alors.

Quittant la pièce, je les suivis dans la salle du trône. J'ouvris les portes en grand, les claquant contre les murs.

- Désolée, je suis en retard.

- Al ! Tu es de retour, l'imposteur avait l'air soulagé.

- En effet. Et il faudrait que je vous parle en privé, mère et à vous aussi mon oncle, ma tante, mon frère.

- Une histoire de famille donc ? Demanda Aliselle.

- Exact.

- Suis-nous.

Ils me menèrent à une petite salle attenante à l'autre. J'attendis un peu, puis Elouan entra.

- Al ? Dis-nous tout, mon enfant, commença le roi.

- Il se trouve, que quelqu'un dans cette pièce à usurper l'identité d'un membre de ma famille.

- Pardon ?

- L'un d'entre nous est mort il y a dix-huit ans. Et un mage noir a pris son apparence.

- Si tu nous dis cela, c'est que tu sais de qui il s'agit ?

- Mon père.

Les regards se braquèrent sur lui. Il paniqua.

- Vous n'allez tout de même pas la croire, elle n'a aucune preuves.

- Si vous êtes mon père alors vous n'aurez rien à craindre. Vas-y Elouan.

Le dragon posa ses mains sur ses tempes et lança, comme promis un sort de révélation. L'homme changea alors d'apparence, passant de grand blond svelte à un petit homme gros, un humain. Ensuite, mon protecteur lui tendit une fiole et la lui boire de force, la potion de vérité. Je m'avançais vers lui, menaçante, et demandais :

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Le pouvoir.

- Pourquoi avoir pris l'apparence de mon père ?

- Pour t'atteindre bien sûr ! Tu es la créature magique la plus puissante ! Si j'avais réussi à faire de toi ma marionnette, j'aurais eu le monde à mes pieds !

- Ah la classique quoi. "Je veux être le maître du monde".

Agacée, je le muselais magiquement et le téléportais aux cachots. Puis je les toisais tous. Ma mère avait les larmes aux yeux, mon oncle et son épouse étaient agacés, à l'instar de mon frère qui faisait les cent pas. Soudain, un pan du mur s'ouvrit et ma grand-mère entra, avant de refermer le mur.

- Grand-mère ?

- Oh ! Al ! Je voulais justement te parler à propos de ton "père".

- Je viens de l'envoyer aux cachots.

- Il ne peut pas lancer de sorts, s'il ne les formules pas à voix haute.

- Oh ! J'avais remarqué ça, donc je l'ai muselé.

- Bien, alors c'est tout pour moi, je rentre. Et est-ce que tu connais cette charmante enfant ? Elle ne me lâche plus depuis que je suis arrivée.

Elle me désigna Etherya du doigt, la louve était assise à ses pieds. Je haussais un sourcil et sifflais légèrement, la prédatrice, surprise, se précipita à mes pieds, et me lécha les mains. La vielle femme nous laissa puis, après avoir rassuré ma famille, je retournais à la chambre conjugale, voulant vraiment savoir ce qu'il était advenu de ma belle. J'ouvris doucement la porte, entra à nouveau et éclairais la pièce. Les larmes aux yeux, je n'osais bouger, de peur de les réveiller. J'aurais dû me douter qu'elle allait reprendre ses vieilles habitudes, mais j'ai eu trop confiance je crois. J'entendis soudain des pas près de la porte, Appolyon, Othar et mon oncle entrèrent. Ils se figèrent derrière moi, guettant ma réaction, qui ne vint pas. Je restais là, sans voix. Comment étais-je censée réagir à la vue de mon âme-sœur nue dans les bras d'une autre ? Alors je fis ce que je faisais de mieux, j'ignorais le problème. Je fis face aux trois hommes.

- Dis-moi mon oncle, tu peux me donner une autre chambre ?

- Euh oui, oui bien sûr. Viens, je vais te montrer la chambre que tu aurais eus, si tu avais grandi ici.

Il m'entraîna dans l'aile de la famille et ouvrit une porte en face de la chambre de mon frère. C'était une grande pièce, pourvue d'une cheminée devant laquelle on trouvait deux gros fauteuils, et un épais tapis. Au milieu, accroché au plafond il y avait un grand lustre en cristal, et juste en dessous il y avait une table ronde, en verre entourée de quatre chaises recouvertes de velours. Je poursuivis mon inspection à la pièce suivante, la chambre. En entrant, je perçus de suite le subtil parfum de lavande qui flottait dans l'air. Placé contre le mur qui me faisait face, je vis un grand lit recouvert par des draps de satin et une légère couverture de soie. Aux deux côtés du lit se trouvait deux petites tables de chevet en chêne. A ma gauche je repérais du coin de l'œil une coiffeuse recouverte de produit de beauté en tout genre et à ma droite, une petite table basse, sur laquelle était le fameux bouquet de lavande. Je remerciais mon oncle d'un signe de tête et ce dernier me tendis mes sacs, qu'un garde avait récupérer plus tôt. Ils me laissèrent donc seule. Aussitôt, je me mis à réfléchir à toute sorte de moyen de faire comprendre à Abrahel que je n'avais pas besoin d'elle dans ma vie. 

Un destin inattendu -en correction-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant