L'héritière, Le Parfait Mélange

Chapitre 60

Comme je l'imaginais, la bête réussi facilement à se frayer un passage dans ma barrière pour entrer dans la maison. Aussi tôt entrée je referme la barrière pour que ni la voleuse de vie ne puisse s'éclipser, ni qui que ce soit puisse entrer et mettre sa propre vie en danger. Une personne comme Stiles ou les membres de la meute par exemple. La Striga recule, terrifiée par la monstruosité qui se tient devant nous. Moi-même je me surprends à trembler de peur face à cette chose. Un nuage de fumé noir, toxique, entour la bête.
J'attrape mon grimoire et part me réfugier dans la cave alors que j'entends la bête se jeter sur la Striga qui, dans un dernier effort, lutte et hurle pour recevoir de l'aide, mais je ne peux rien faire, non, je ne vais rien faire. C'est elle ou moi. Si j'y vais et que je la sauve alors je mourrais et Stiles avec moi, et ça, je ne le permettrai pas. Je ferme la porte de la cave, une vieille porte en bois qui ne sert plus à grand-chose, et lui jette un sort. Le monstre arrivera à passer cette porte, mais si ça peut me faire gagner un peu de temps, c'est toujours mieux que rien. Je dois trouver une solution. Je ne suis pas de taille à lutter alors, je dois absolument trouver un sort pour calmer cette bête ou me cacher d'elle. Je ne veux pas mourir ici, pas maintenant. Les pages du grimoire se mettent à filer devant mes yeux avant même que je ne pose la main dessus pour trouver une solution. Je pense que c'est un coup de main des anciennes résidentes de cette ruine. Les pages s'arrêtent sur un sort complexe et nécessitant plus d'énergie que je n'en ai. Alors, à moins qu'une source de magie capable de me revigorer se présente je n'ai aucun moyen de... Une minute. J'ai peut-être un moyen de me procurer l'énergie nécessaire. Je l'ai vu au tout début de mon entrainement avec Amadeus. Je n'avais alors fait que survoler la page puisque mon instructeur m'avait formellement interdit de m'intéresser à ce genre de sort étant considéré comme un sort noir, mais aujourd'hui, je n'ai pas d'autre choix que de l'utiliser.
Je tourne les pages jusqu'à arriver à celle qui m'intéresse. Un sort de siphonnage. Si J'utilise ce sort alors que je touche la bête, je serais capable d'utiliser sa nature surnaturelle pour me recharger ma batterie de sorcière. Mais ce sort comporte deux risques. Un, la bête pourrais me tuer avant que j'aie le temps de m'approcher d'elle et de la toucher. Deux, le sort aura un contre coup sur moi et je pourrais ne plus être capable d'utiliser la magie de nouveau. Du moins, pas dans la forme que j'utilise aujourd'hui. Une fois qu'on franchit la limite entre magie blanche et magie noire, il est difficile de faire marche arrière, voire impossible. Mon âme sera souillée jusqu'à ma mort. Mais je n'ai aucune autre option qui s'offre à moi.

La porte vole en éclat après plusieurs secondes de battage par la créature. La bête, les babines ensanglantées, le poil noir comme le pétrole, les griffes tranchantes comme des lames de rasoir s'approche de moi doucement. Elle sait que je n'ai aucune issue, la seule étant celle derrière elle.
Calmant mon esprit embrouillé et mes tremblements, je commence à réciter le sort noir. Au fur et à mesure que les mots franchissent mes lèvres, je me sens devenir plus sereine, une sorte de paix intérieure se diffusent dans les tréfonds de mon être torturé. La bête ne réagit pas, elle continue de s'approcher. Ses crocs semblent former un sourire, elle me nargue. Je sais que ma fin est proche, je l'ai vu venir, mais je n'y suis pas encore préparée. J'aimerai voir Stiles une dernière fois.

Je termine mon chant et saute sur la bête, plaçant la main sur sa poitrine. Dès l'instant ou ma peau rencontre la sienne une série d'images défilent devant mes yeux.

☆  ☆  ☆

~Un soir de pleine lune, rassemblés au cœur de la forêt, une meute de lycanthrope et un coven de sorcières s'allient pour faire face à une plus grande menace.

~Un nouveau poison a été découvert, les deux clans vont pouvoir éliminer le groupe contre-nature.

~La meute de loup-sorcières a été éradiqué. Une bonne fois pour toutes.

~Une survivante du clan hybride à été découvert, il faut trouver une autre solution. La meute et le coven se réunissent en urgence.

~Un loup-garou a été désigné. Aidé par la magie, il servira de boussole pour trouver la dernière des hybrides.

~J'ai été choisi, je vais être celui qui traquera la survivante.

~La cérémonie commence, les sorcières se réunissent autour de moi et chantent des paroles que je n'ai jamais entendues.

~Le sort fait effet. J'ai froid, j'ai peur, je sens mon sang bouillir, mes os se briser, mes muscles s'étirer. J'ai mal. C'est atroce comme j'ai mal. J'ai l'impression que je vais mourir.

~J'ai peur, je suis terrifié et j'ai mal. La douleur est insoutenable. Lorsque j'ouvre les yeux, les sorcières ont arrêté de chanter. Les loups de ma meute me regardent avec horreur avant de s'enfuir à toute jambe. Les sorcières sourient, satisfaites. J'ai mal. J'ai peur. J'ai faim.

~Je saute sur les sorcières, je les abats à coup de griffes. Je leur arrache la tête avec mes crocs. J'ai faim. J'ai mal.

~Dans un coin, j'aperçois ma bien-aimée. Elle s'avance pour essayer de me calmer. Je me jette sur elle et la réduit en miette. Je n'arrive pas à me contrôler. J'ai l'impression d'être prisonnier de mon corps. Mon cœur saigne. Tout ça, c'est la faute de l'Hybride.

☆  ☆  ☆

Je me dégage de la prise. La bête est sonnée, comme retenue par les souvenirs que j'ai ravivés. Ce monstre a été créé par les sorcières pour détruire mon espèce. Un loup-garou coincé dans le corps difforme que des sorcières jalouses l'ont obligé à porter. C'est une victime. Il continue de souffrir même après toutes ces années. Pendant que je visitais son passé je me suis liée à lui et j'ai pu être témoin de ses sentiments. Il a froid, il est hanté par une faim insatiable, il a mal et il veut que tout ça s'arrête. Il veut mourir au moins autant qu'il veut me tuer pour mettre fin à son calvaire.
Pendant qu'il est paralysé, j'en profite pour retourner à l'étage. Je sais quel contre sort jeter à cette créature pour le libérer, mais j'ai besoin de retourner à l'étage. Je monte les marches quatre à quatre. En un rien de temps, je me retrouve dans l'entrée, face au mur, la main ensanglantée. Je dessine un symbole contre le mur, celui qui pourra le libérer. Je peux y arriver. Je vais y arriver. En dessinant, je me rappelle toutes les pensées et tous les sentiments que j'ai sentis en lui. Il sera bientôt en paix.

-Anastasia !

Au son de cette voix, je me tourne face à la porte. Stiles me regarde, le souffle court, les yeux laissant transparaitre sa terreur. Soudain, la vision que j'ai eu en classe me reviens en mémoire, moi qui dessinais un symbole, faisant dos au monstre qui allait m'égorger. La seconde qui suit, je sens des griffes contre ma trachée.

C'est fini.