Chapitre 56

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Ça fait maintenant deux semaines que je traîne dans les bois, améliorant mon niveau en magie la moitié du temps et en fuyant la bête qui me cherche l'autre moitié du temps. Je ne rentre que très tard chez les Rotensky et je repars très tôt le matin. Je ne vais plus en cours mais personne ne le sais puisque je fais ressentir ma présence en classe à travers Stiles. Comment ? Par la magie bien sûr. Puisque nous partageons la même essence vital à présent c'est facile de faire ce genre de manipulation. Les seuls à savoir que je ne viens plus sont ceux qui faisaient attention à moi avant ma disparition, c'est-à-dire Scott et sa meute. C'est d'ailleurs ce qui me pose problème, parce qu'à cause de ça ils se lancent à ma recherche chaque jours. Je dois donc fuir la bête mais également l'attirer pour qu'elle ne s'en prennent pas à mes amis, et fuir mes amis pour les protéger mais pour ça je ne peux pas leur cacher ma présence. Toute cette situation devient de plus en plus compliquée et je commence à perdre du terrain. D'un côté la bête se rapproche et de l'autre ce sont ceux que je veux protéger de cette bête qui se rapprochent. Je suis prise entre les deux et très bientôt tous les chemins vont se croiser, faisant des victimes. Il est difficile de trouver le juste milieu pour à la fois empêcher la bête de faire des dégâts, et en même temps empêcher d'autres êtres surnaturels qui me cherchent de me trouver. Au final je me suis retranchée dans une vieille maison dans les bois. D'après Amadeous c'est dans cette demeure qu'à vécu mon ancêtre, Zelina. Ce n'est quasiment plus que des ruines mais ça me suffit pour me cacher et m'entraîner. Guidée par Amadeous j'apprends un peu plus tous les jours à me conduire comme une vrai sorcière. Les sorcières de mon clan sont des êtres proches de la nature. Elles se servaient de la nature pour vivre, c'est dans la nature qu'elles puisaient leur énergie et c'est également dans la nature qu'elles trouvaient les ingrédients de leurs potions et sorts. Avec les instructions de mon guide et l'aide du grimoire qu'on m'a légué, je deviens un peu plus chaque jour la sorcière héritière que mes ancêtres avaient espéré. Néanmoins, quelque chose me chiffonne toujours. Il y a quelques semaines j'ai eu une vision. Une vision où je me faisais tuer par la bête et j'ai beau essayer de l'oublier elle refait toujours surface avec une impression toujours plus vraie que les fois précédentes. J'ai peur de ce qu'il pourrait arriver.

-Concentre toi, Anastasia, où tu n'y arriveras jamais, me rappelle à l'ordre mon fidèle compagnon.

-Oui, pardon Amadeous, j'ai été distraite par une mauvaise pensée.

-Encore cette histoire de vision? Il me semblait t'avoir pourtant déjà dis que le futur reste indéterminé. Tu peux changer les choses.

-C'est vrai... mais alors, pourquoi à chaque fois que j'y repense je suis de plus en plus convaincue que ça va arriver ?

-C'est seulement la peur qui te fait penser ça, tu n'as pas à t'inquiéter. Bon, faisons une pause, tu sembles en avoir besoin et moi je dois vraiment me dégourdir les pattes.

Le loup blanc -parce qu'il a reprit une forme de loup adulte- se lève et monte les escaliers du sous-sol pour sortir dehors. Nous nous entraînons toujours dans le sous-sol. Au début, je n'étais pas très à l'aise, après tout, c'est ici que mon clan à été décimé alors que les femmes hybrides lançaient le sort pour ma venue au monde. Mais après un premier essais, et alors que j'ai senti quelque chose de puissant m'envahir, comme si les esprits des ces femmes étaient présents et qu'ils me soutenaient, j'ai décidé de toujours le faire ici. Ce n'était peut-être qu'une impression, peut-être que j'ai rêvé ou que mon imagination est juste trop débordante, mais je me suis dis que s'il y avait une infime chance pour que celles qui ont compté sur ma venue au monde soient ici alors je leur devais bien ça. Je m'entraîne tous les jours pour elles, pour leur montrer qu'elles ont fait le bon choix et surtout pour montrer que leurs espoirs et leurs sacrifices n'étaient pas vain.

Je me lève à mon tour et me dirige dans le coin de la pièce où se trouve mon téléphone portable. Chaque fois que je trouve du temps je le rallume pour me connecter un peu au monde, suivre l'actualité, mais surtout écouter les messages de mes amis. Ils m'en laissent tous les jours. J'appuie sur le premier messages et également le plus ancien de la journée. Il m'a été envoyé tôt ce matin par Scott.

"Salut Ana."

Un silence de mort suis ces mots long d'au moins une minute.

"Je ne sais pas si ça sert vraiment à quelque chose de t'appeler tous les jours. Tu ne réponds pas et tu ne rappelles pas non plus..."

Un nouveau silence.

"Je sais bien que tu veux nous tenir à l'écart, je l'ai bien compris, mais Ana, s'il te plaît ne fais pas ça. Tu ne peux pas affronter cette bête seule. Tu voulais intégrer notre groupe... tu fais partie de la meute et une meute travaille ensemble. Je t'en pris, ne refuse pas notre aide... Rappel moi quand tu auras ce message."

La voix électronique de mon téléphone m'indique que c'est la fin du message. Je lâche un soupire. Je sais bien qu'ils veulent m'aider, qu'ils ont peur de ce qui pourrait m'arriver autant que j'ai peur qu'il leur arrive du mal si je les approches de nouveau. Mais je ne veux pas qu'ils soient blessés par ma faute.

"Ana."

La voix du second message me fait tressaillir. Les battements de mon coeur s'emballent et ma vision se brouille à cause des larmes. De toutes les personnes qui m'appellent tous les jours, c'est le seul à me faire me sentir aussi heureuse et triste à la fois. Il est le seul d'entre tous qui me fait me sentir autant coupable, le seul qui fait remonter les remords. J'ai fuis, je suis partie pour lui, parce que je l'aime trop pour lui dire, parce que je l'aime trop pour le perdre. Mes sentiments sont si forts à son égard que je me devais de partir avant même de le voir dans la maison de Scott. Parce que si j'avais croisé son regard, si j'avais vu son sourire, si j'avais entendue sa voix, face à face, j'aurais été incapable de partir. Il est celui que je veux plus que tout protéger, celui que je ne souhaite pas sacrifier. Si je travail si durement chaque jours c'est pour lui, parce que sa vie ne tient qu'à la mienne et que si je meurs, si je suis trop faible, alors il paiera aussi pour ma faiblesse.

-Stiles.

Ma voix est faible, tremblante. Mes larmes débordent et ruissellent sur mes joues laissant leurs traces sur la poussière accumulée sur ma peau depuis des heures. Le pire dans tout ça, je crois, c'est que Stiles ressent également les émotions fortes qui m'assaillent. C'est quelque chose contre lequel je ne peux pas lutter. Il y a maintenant un lien invisible entre nous qui nous laisse sentir les sentiments de l'autre même en étant séparés par plusieurs kilomètres. Il arrive que je puisse atténuer ce lien, que j'arrive à cacher mes sentiments et qu'il ne puisse pas les sentir bien que je sente les siens mais j'en suis incapable lorsque mes émotions sont aussi fortes qu'à cet instant.

"Ana, s'il-te-plaît, reviens. Tu ne pourras pas te cacher éternellement. Laisse nous nous battre à tes côtés, je t'en pris. Je ne dis pas que tu as besoin de nous, j'ai confiance en toi, mais un coup de main serait le bienvenue, non ?"

Il soupire profondément. Je pleure toujours, mes muscles se mettent même à trembler. Il me manque tellement. J'ai tant envie de le voir, tant envie d'entendre sa voix pour de vrai et pas à travers un téléphone. Mais je ne peux pas.

"Je sais ce que tu fais. Tu te caches en espérant pouvoir régler la situation toute seule. Tu nous tient à l'écart pour nous protéger. Mais la bête qui te poursuit continue de faire des victimes, le soir, la nuit, elle tue des loup-garous. Moins, certes, mais tout de même. Ana j'ai peur. J'ai peur que le prochain puisse être l'un de mes proches. J'ai peur que la prochaine victime ce soit toi. Nous n'abandonnerons pas les recherches, Ana. On va continuer de suivre ta piste, parce que nous aussi on veut te protéger."

Un bruit me fais penser qu'il s'apprête à couper l'appel mais sa voix revient soudainement.

"Je ne veux pas te perdre et... tu me manques."

Et enfin l'appel prend fin. Je lui manque ? Il tient à moi à ce point pour que je lui manque ? Je fixe l'écran de mon smartphone, mémorisant chaque chiffres du dernier appel. Je ferme les yeux doucement à la recherche de ce fil invisible qui nous lie, ce lien qui me calme et m'apaise, qui me rassure quand je suis triste ou quand j'ai peur. Je laisse les battements de mon coeur prendre le même rythme que le sien. Stiles. Stiles. Stiles.

Je t'aime.

L'héritière, Le Parfait MélangeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant