Episode 29

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-Quartiers riches de BERLIN-
*Pdv Harry*

Une semaine.

Voilà une semaine précisément que cet incident s'est produit et Nina n'est plus la même. Elle ne sourit plus, elle ne parle plus et ne mange pas beaucoup. Elle se contente juste des "oui" ou "non" lorsqu'on lui pose une question et le petit commence à s'inquiéter. Il me dit toujours "Papa qu'est-ce qu'elle a Nia ?" et je ne sais pas quoi lui répondre. Que dire à un enfant de 7 ans dans ces cas-là ? Dois-je lui dire la vérité ? Dois-je lui dire "Oh ce n'est rien mon poussin. C'est juste qu'un sale batard a enfoncé sa putain de queue à l'intérieur de ta nanny et l'a violé." Dois-je lui dire ça ? Le pire c'est qu'elle ne réagit pas. Elle ne parle pas de ce qui s'est passé et n'a toujours pas répondu aux questions des agents de police de qui lui a fait une chose aussi horrible. Elle ne dit rien. Ils ont été demander les vidéos de l'accueil au concierge pour savoir qui sont les personnes présentes à ce moment là mais surprise il n'y a pas de caméras. Est-ce surprenant dans un endroit aussi minable ? Nina vit chez moi depuis. Je refuse de la laisser y retourner et elle n'a encore pas réagit lorsque j'ai envoyé John récupérer ses affaires pour les aménager ici. Sa colocataire vient tous les jours la voir avec la mine d'un chien battu. Elle se balade avec un nuage de culpabilité perpétuel et c'est tant mieux ! Je l'a croyait en sécurité vu que Nina n'était pas seule à vivre dans ce quartier et résultat elle ressemble à une petite fille abandonné dans un parc d'attraction.

Je suis tellement en colère contre cette Maureen et contre moi même. En colère de ne pas être intervenu à temps et en colère de tous ces sentiments confus qui me noient. Parce que, putain ce que j'ai mal lorsque j'entends ses pleurs en plein milieu de la nuit. Ses cris de rage et de douleur... La nuit est le seul moment où elle se laisse aller à ressentir et dans ses moments là je souhaite qu'elle soit aussi frigide que dans la journée. Je veux qu'elle reprenne contact avec la réalité mais je souhaite encore plus qu'elle ne ressente plus cette douleur qui l'habite. Je veux qu'elle parle, je veux qu'elle me parle à moi au moins. Je ne sais pas pourquoi je me sens autant impliqué, il n'y a rien de solide entre nous mais je me sens attaché. Je ne peux pas détourner les yeux de sa détresse. C'est si triste... et d'avoir assisté à la scène ou du moins ce qu'il en restait est terrible. Je ne peux plus fermer les yeux sans voir son corps nu détruit et accablé en image dans mon esprit.

Putain jamais elle ne retournera dans cet endroit. Je ne crois pas qu'elle le veuille mais jamais je ne la laisserais y aller et encore moins mettre le pieds dehors sans moi. Je m'en fiche si j'ai l'air d'un malade mais je dois et je veux la protéger. Elle est à moi et je jure que ce salaud paiera. Qui qu'il soit il le paiera.

Et de son sang.

*Pdv Nina*

Les journées défilent et les nuits s'épuisent mais rien ne change depuis vendredi dernier. Chaque jour est un supplice plus dur que le jour précédant. J'ai encore plus peur aujourd'hui qu'hier parce que nous somme le vendredi de la semaine qui a suivi ma déchéance. Je pensais pourtant avoir assez souffert pour une vie en me battant pour me nourrir mais cette vie m'apprend à chaque seconde que c'est une perpétuelle course contre son emprise et contre les épreuves qu'elle nous réserve.

Une question tourne en boucle dans mon esprit depuis. Je me demande chaque jour ce qui se serait passé si je n'avais pas ouvert cette porte. Tout est de ma faute, je l'ai certainement provoqué, je lui ai peut-être donné inconsciemment des signes positifs. Quand ? Où ? Je ne sais pas... Peut-être la fois où je suis allée payer la facture il y a 5 mois ? Ou alors le soir où je suis descendue dans cette robe rouge courte et que je l'ai croisé à l'entrée de l'immeuble ? Oui, c'est certainement ça. Maureen m'avait supplié de la mettre pour l'anniversaire d'un collègue à elle au bar. J'ai besoin de me trouver une raison, j'ai besoin de justifier tout ça. Mon esprit en a besoin sinon je vais devenir folle. J'ai beaucoup trop mal, je souhaite disparaitre et mourir. Est-ce ce qu'on ressent après avoir été vio_ après avoir été agressée sexuellement ?

Je suis enfermée dans une noirceur constante et les seuls rayons de lumière que j'entrevois est lorsque je suis avec Nate ou lorsque je sens sa présence à lui devant ma porte les soirs quand je me livre à mes peurs. Le petit m'apaise avec ses rires stupides et enfantins. Il sourit pour pas grand-chose et je jalouse son insouciance. Son père, lui me donne un sentiment de sécurité même en restant derrière ma porte. Il me dit en quelque sorte je suis là mais jamais il n'entre, juste deux coups donnés à ma porte pour me signifier sa présence. Ces moments là sont ceux qui me donnent envie de sortir de cette chambre pour me joindre à eux mais j'ai peur... rien que de penser à mettre un pied après ma porte me donne des convulsions incontrôlables. J'ai peur...

Voilà ce qu'est devenue ma vie. Ça fait des jours que je suis dans cette chambre. À chaque pas que j'entends devant ma porte les nuits, je ne peux m'empêcher de sursauter et de rester éveiller toute la nuit. J'ai peur, je tremble et les couvertures sont mes seuls remparts de protection. Le noir est devenu la seule couleur que je revêts désormais comme mon âme tachée d'encre. Je n'arrive plus à voir les couleurs qui m'entoure comme avant. Même les plus vives sont devenus terne et fade à mes yeux. Tout est sombre et silencieux.

Je revis la scène chaque seconde, je le vois encore sur moi, en moi et je me gratte la peau encore et encore jusqu'au sang. Je veux effacer toutes ces traces, je veux enlever cette tâche indélébile qu'il a laissé, je veux me désinfecter, j'ai besoin d'enlever, de me nettoyer encore et encore. Je prends des douches à longueur de journées et tout m'épuise. Parler m'épuise, manger m'épuise. Ils veulent que je parle, mais je ne peux pas, je n'y arrive pas. Même dire mon nom je ne pourrais pas si on me le demande. Alors comment puis-je dire le sien ?

Je veux juste rester comme ça sur le rebord de la fenêtre à regarder les couleurs prendre forme à l'extérieur pendant que la vie me déserte de l'intérieur au fil des jours.

Je n'en peux plus de ces visites à répétitions, je veux qu'on me laisse en paix. J'en veux au monde entier, j'en veux à Maureen de ne pas avoir été là, j'en veux à Deveraux de ne pas être arrivé à temps et surtout je m'en veux à moi. Je me regarde dans la glace chaque matin et je me dégoute. Je suis impure, je suis sale, je suis une pute et je hais ce que je suis aujourd'hui. Il faut que je gratte encore, il faut que ça parte, je dois gratter plus fort et ça partira peut-être. Ces égratignures à chacun de mes bains ne sont rien face à la douleur à l'intérieur. Elle est mortelle, ça ne partira pas, c'est beaucoup trop encré.

Dans mes rêves il continue à me torturer, il déchire mes vêtements, il me détruit et je pleure, je pleure encore et encore. Pourquoi moi ? L'ai-je vraiment mérité ? Peut-être mais je n'ai rien fait de mal pourtant ou peut-être que j'ai fait quelque chose de mal à quelqu'un sans m'en souvenir.

Deveraux, oui Deveraux, ce nom passe en boucle dans ma tête comme une protection contre mes pensées sombres. Je pourrais lui en parler, je pourrais lui dire tout ça et me soulager un tant soit peu mais rien ne sort, je n'y arrive pas. J'ai perdu ma voix, j'ai perdu du poids, je ne suis plus moi, je suis juste dans ce corps que je ne veux plus. Je veux uniquement une éponge plus ferme pour me nettoyer la peau et l'âme. Je n'arrive pas à apprécier ces petites attentions que les habitants de la maison m'offrent et encore plus les siennes. Tous ses efforts, à chacun de ses regards lorsque Nate laisse la porte de ma chambre ouverte après une visite et que son père passe devant j'ai encore plus mal...

J'ai mal parce que je sais qu'il n'est plus lui-même ou du moins pas comme je l'ai connu. De plus, je n'arrive pas à m'empêcher de voir ce monstre en chaque homme et même en lui, monsieur Deveraux. J'ai mal parce qu'on aurait peut-être pu avancer ensemble avec Nate. Je n'arrive plus à discerner le vrai du faux, peut-être qu'ils sont tous ainsi, les hommes en général. Peut-être qu'il viendra ici ?

Non, non, pas lui, c'est un lâche il ne le ferait pas j'en suis sûre. Pas ici... Ici il y a Deveraux il me protègera. Il m'ai_ non il m'apprécie ou du moins il a pitié et ça, ça fait encore plus mal. Je suis une poubelle, plus personne ne voudra de moi, je n'arriverais plus à aimer un homme. Comment le pourrais-je ? Je ne m'aime plus moi-même.

Il faut que je gratte pour que ça parte. Encore plus fort, toujours plus fort.

Naughty Harry, débuts de la passionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant