Episode 39

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-Quartiers riches de BERLIN-

*Pdv Nina*

-Monsieur Deveraux, je ne veux plus y aller. S'il vous plait ne m'y obligez pas. Implore-je devant la porte d'entrée, les yeux fermés face à son bois acajou sombre.

Je le sens qui patiente calmement derrière moi que je me décide à faire un autre pas en avant. Il est d'une aide incommensurable et je ne supporte que sa présence dans la même pièce que moi. Avec monsieur Welsh je me réhabitue peu à peu au badinage social bien que difficilement. Je pense qu'il est juste d'affirmer que j'ai peur des hommes. Ils sont beaux et quelques fois fascinants mais si terrifiants pour l'ampleur de ce qu'ils sont capables de faire. Monsieur Deveraux est devenu mon rocher en pleine tempête pour la naufragée que je suis à présent. Il m'apaise et me maintient l'esprit à flow. Je ne sais pas comment j'aurais pris ma situation sans lui ni ce que j'aurais pu me faire. Je veux m'en sortir, je veux revivre, je veux sourire à la vie mais pourquoi c'est si dur ? J'ai peur du monde extérieur. Ici je suis en sécurité, il y a lui, il y a Nate mon rayon de soleil, il y a Farina et John. Ici la terre est ronde mais derrière cette porte... je ne sais pas et c'est cet inconnu, ce facteur sans réponse claire qui me cloue les pieds sur le sol de la porte d'entrée.

-Nina. M'appelle-t-il, me sortant de mes pensées dans un sursaut. Il est beaucoup plus proche que tout à l'heure. Je sens son souffle sur mon cou derrière moi et sa présence magnétique effleurée la chair de mon dos et j'ai peur...

Oui, j'ai un minimum de confiance en lui. Oui, je me sens en sécurité uniquement quand il est dans mon sillage. Oui à tout ça mais je ne supporterais pas qu'il me touche. Du moins, pas encore.

-J'ai peur monsieur. Lui avoue-je la voix sanglotant.

-Je sais. Je suis là, je ne suis là Nina. Si tu trébuches je te soutiendrais, si tu tremble je te rassurerais, si tu n'as plus une once de courage pour avancer je te prêterais le mien. Je serais avec toi Nina, autant que tu le voudras.

Ces paroles... c'est tout ce don j'avais besoin pour me relever et essayer encore une fois d'avancer. Je tente un premier pas en avant, puis un deuxième et au troisième je baisse la poignée de porte et la tire lentement vers moi pour l'ouvrir. Le vent glacial qui me frappe le visage ensuite aurait dû me dissuader de sortir mais ça me donne encore plus de courage et éclaire mon esprit de la brume qui le tourmente.

-Je suis fier de toi ma belle. Me félicite-t-il de sa voix rauque cette fois près de moi, me faisant frémir de plaisir pour la première fois depuis des semaines. Allez viens, la voiture est garée devant le portail. Un peu de marche te fera du bien, en même temps tu pourras admirer le reste du jardin autre que ce petit coin que vous vous êtes approprier avec Théo. Dit-il en tentant de me faire avancer d'une main au bas de mon dos sans toutefois me toucher directement et je ne peux m'empêcher de sursauter puis de rougir sous son regard bienveillant mais emplit de pitié. Ne me regarde pas de ces yeux-là, je vais pleurer.

Avant il y avait un feu dans ses iris quand son regard s'aventurait sur moi mais à présent ce feu est si petit, une étincelle même que je me demande qui je suis pour lui et pourquoi il prend soin de moi. Me voit-il comme une pauvre fille en besoin d'aide ? Mon Dieu ce que je me détesterais encore plus si jamais mes pensées s'avéraient vraies.

Comme c'est beau, le chemin qui relie le portail et la porte du palace est bordé de quatre arbres de chaque côté et derrière eux une verdure magnifique quelque peu jaunissante à cause du froid mais quand bien même magnifique. Ces couleurs, cette brise, toute cette vie dans la nature... malgré la fraicheur les papillons déploient leurs ailes et tournoient partout dans le jardin. Ils sont si petits et fragiles malgré le danger des hommes pour eux qui pourraient les tuer ou pire, les capturer ; malgré les insecticides ils battent toujours leurs ailes. Comme c'est magnifique... je veux vivre comme ces papillons, je veux m'en sortir. Je jette un œil au magnifique homme près de moi qui marche à ma cadence, patient, protecteur et je redresse mes épaules dans un regain de confiance.

Je veux vivre.

Je veux m'en sortir.

Je ne laisserais pas ce salaud me prendre mon futur.

Je redirigerais ma vie, je me battrais et j'abattrais tous les obstacles de mon chemin. Je réussirais, oui je réussirais avec lui, avec sa force. Je m'en sortirais.

Naughty Harry, débuts de la passionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant