Episode 41

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-Quartiers riches de BERLIN-

*PDV Nina*

Je suis d'une humeur légère ce soir. Je vois enfin les couleurs qui peignent ma vie. Je ressens un arc-en-ciel d'émotions toutes positives. Sur le trajet du retour, vitre baissée de mon côté de la voiture avec pour compagnon nocturne mon beau salaud scotché à l'autre bout de la banquette arrière pour ne pas trop envahir ma zone de confort. Dire qu'il y a des semaines il faisait son possible pour briser le moindre espace existant entre nos corps en chaleur et aujourd'hui il est l'homme le plus prévenant qu'il existe dans ce monde à mes yeux. Il prend soin de moi, reste attentif à mes moindres frissons, il me couve comme je n'ai jamais été protégé même dans ma tendre enfance. Il me manque tellement... nous partageons le même espace mais je nous sens à des kilomètres de lumière que peuvent l'être la terre et le soleil.

Nous sommes plus proche émotionnellement qu'avant mais l'époque où nous pouvions frôler la peau de l'autre sans craindre une crise de panique de ma part est celle qui me manque plus que tout. Certain peuvent me trouver trop superficiel ou sans gêne mais pour moi il n'y a rien de mieux que le charnel, les caresses, les baisers même à la hâte. Juste pouvoir sentir l'autre personne au plus proche possible dans une étreinte me faisait sentir aimée ou du moins désirée, ce que je n'ai jamais été dès ma naissance et même pas par celle à qui je dois la vie. Je voudrais pouvoir m'approcher de lui, le toucher et me blottir contre sa peau. Je veux le retrouver, lui dire combien je lui suis reconnaissante, combien j'apprécie son attention et combien il est beau ce salaud mais je n'y arrive pas, du moins pas pour le moment. J'ai besoin de lui pour m'en sortir, il est mon point d'ancrage qui me maintient de basculer dans la folie de ma douleur et de souvenirs pénibles. Il me manque, notre 'nous' me manque.

J'ai honte de l'admettre mais la nuit dans mes rêves je revis nos moments entrelacés. Ces moments où ses doigts exploraient les endroits de ma peau interdits de beaucoup, nos baisers échangés, nos regards qui flirtaient comme des amants interdits sous les spots lights. Je nous revis et ces souvenirs je ne pourraient jamais les oublier, j'espère que lui non plus. Ça dure depuis trois jours et rien ne peut m'empêcher de les revivre ces moments. Pas les douches froides en pleines nuits et encore moins la souillure que porte mon âme depuis ce fameux jour. Nous étions parfaits dans nos moments, nous étions un brasier que je ne pensais jamais pouvoir voir dompté, pour moi il n'y avait rien de comparable à nous. Je ne regrette rien de ce qu'il y a eu entre nous et cette vérité est la plus dure à concilier avec ma réalité actuelle, à mon dégoût de moi-même mais en même temps elle est celle qui me donne de l'espoir. De l'espoir de pouvoir surmonter le gouffre en face de moi. C'est soit je réussis à traverser soit je saute et me perds à jamais dans ma déchéance.

-Monsieur ? l'appelle-je un peu paniquée. Où allons-nous ? Ce n'est pas le chemin pour la maison, le chauffeur aurait dû continuer tout droit au lieu de prendre à gauche.

-Je sais Nina, je t'emmène dans un autre endroit. Dit-il en tournant la tête vers moi avec un regard qui se veut rassurant.

-Où vas-t-on ?

-Aies confiance en moi Nina, c'est un endroit où il n'y a que des rires et de la vie. Un endroit pour mettre en parenthèse les soucis quotidiens. Après cette séance avec la psychologue et ta crise de rire et de larmes, je pense que tu en as besoin. D'ailleurs, moi aussi j'en ai besoin... termine-t-il plus bas, éveillant ma curiosité.

Dix minutes plus tard, la voiture se stoppe devant les grilles d'un...

-Un parc d'attraction ? demande-je complètement ébahie les yeux scotchés vers l'extérieur.

-Oui, un parc d'attraction.

-Mais... pourquoi ?

-Nous allons chasser les ombres ma Nina. Allez, suis-moi. M'invite-t-il en sortant déjà de la voiture et je m'empresse de le suivre devant les hautes grilles derrière lesquelles un vigil touillent ses clés pour certainement nous ouvrir.

-Monsieur Harrison Deveraux ?

-C'est moi.

-Bienvenue monsieur, madame. Me salut-il alors que je suis cachée derrière mon ténébreux. Tout est prêt comme vous l'avez demandé, passez une bonne soirée. Dit-il avant de s'éloigner.

-Viens ma belle.

Je le suis à l'intérieur et observe les belles lumières scintillantes des attractions et des guirlandes qui éclairent la noirceur autour de nous. C'est si beau... on dirait que des lucioles s'amusent à éteindre et allumer l'éclat de leur abdomen photophore. C'est splendide...

-Les employés présents ce soir sont toutes des femmes Nina alors je souhaite que tu sois détendue et que tu profites de cette soirée, c'est la tienne. Essaie d'oublier le monde qui existe en dehors de ces grilles et profites du moment.

-Harry... je suis tellement submergée de bonheur et de plénitude que son prénom m'a échappé. Son regard s'assombrit à une vitesse folle devant moi et il tente un pas vers moi me faisant reculer seulement par réflexe. Je veux dire, monsieur. Je vous remercie pour tout ce que vous faites pour moi. Je ne sais comment vous montrer ma gratitude. Dis-je la tête baissée vers mes boots en tortillant mes doigts derrière moi.

-Moi je sais. Dit-il, me faisant lever la tête brusquement vers lui. Amusons-nous ce soir, je veux que tu oublies que je suis ton employeur, je veux que nous soyons des amis dans un parc d'attraction.

-Des amis ? répète-je un peu triste et quelque peu dégoûté par cette appellation pour nous.

-Ou alors de jeunes gens qui apprenant à se connaitre. Aujourd'hui peut être notre premier rendez-vous.

-Rendez-vous ? Marmonne-je en rougissant.

-Oui, qu'en pensez-vous ?

-Je pourrais vous tutoyer ? Dis oui mon salaud.

-Haha c'est ce que tu veux en contrepartie ? bordel son rire... je sens une chaleur qui m'était familière poindre dans mon ventre.

-Oui.

-Soit, tu peux me tutoyer ma belle.

-Et je peux aussi t'appeler Harry ? Demande-je avec un petit pas vers lui stoppant net son rire. Non, continue s'il te plait.

-Tout ce que tu veux belle Nina.

-Harry. Dis-je pour tester son goût sur ma langue et le son à mes oreilles.

-Nina.

-Harry. Répète-je

-Ma Nina.

Comme je me sens bien ce soir... suis-je en train de rêver ? Mon Dieu non, tout sauf ça. La vie m'a déjà trop pris, elle ne m'enlèvera pas ce moment. Je pince discrètement la peau au dos de ma main gauche cachée dans mon dos et me rassure avec la douleur que cela engendre mais qui ne fait pas disparaitre le magnifique instant que je partage avec Harry, mon Harry...

Oui, ce soir je suis définitivement d'une humeur légère et quelle belle soirée.

Naughty Harry, débuts de la passionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant