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|Lola Moranchini|

Je sors de chez moi sous les coups de 08h pour aller courir avec Yann, qui m'attendait déjà à ma porte.

Après s'être fait la bise, on commence direct à trottiner, et un silence gênant s'installe entre nous.
Sur la route, on croise énormément de voitures, ce qui n'est pas choquant à Paris, mais ça change de la semaine dernière où beaucoup étaient en vacances. Après s'être faufilés entre les nombreux automobilistes, on se retrouve enfin dans un parc, où on s'arrête quelques minutes, le temps qu'on reprenne nos souffles et qu'on boive un peu, avant d'attaquer encore plus fort.

Yann -Lola... On peut parler ?

Lola -J'ai rien à te dire Yann. Dis-je avant de me mettre à courir.

Yann -Mais Lola explique-moi !

Je fais semblant de rien entendre.
Yann galère à se caler à mon rythme et je l'entends souffler derrière moi.

Lola agacée -Quoi ?

Yann sec- J'ai passé l'âge de ces conneries.

Je lâche un rire jaune et sans lui répondre, je cours le plus vite possible, m'éloignant un maximum de lui. Je m'enfuis, loin, loin, tellement que je sais qu'il ne peut plus me retrouver, mais je continue de courir.

Au bout de quelques minutes, je commence à cracher mes poumons alors tout doucement, je réduis ma vitesse. Mais plus je ralentis, plus je sens les larmes couler le long de mes joues.

Je crois que voir Yann et son ex ensemble avant hier, m'a fait réaliser la vraie nature de mes sentiments...

Je suis amoureuse de Yann.

Et lui et de nouveau en couple avec elle.

Fin de l'histoire.

Dans tous les cas ,je m'attendais à quoi ? Il est mon patron, il est quarantenaire, il est puissant, beau...

Beaucoup trop beau avec ses cheveux poivre et sel, ses yeux qui se plissent quand il rigole, ses joues toutes rouges quand il est gêné, son air tout timide quand les invités le draguent, avec mon nom sur ses lèvres, enfin, quand il le prononce, et littéralement maintenant avec notre tatouage...

Et ça, ce n'est qu'au niveau physique, niveau caractère il est époustouflant. Il a toujours été là pour moi quand ça n'allait pas, il est toujours partant pour faire des bêtises avec moi, c'est l'un des premiers à avoir cru en moi dans notre métier...

Bref, je lui serai toujours très reconnaissante.

Je n'aime pas la situation dans laquelle on est actuellement, je m'en veux terriblement, je m'en veux de ne pas m'être rendu compte de mes sentiments avant... C'est à cause de moi si on en est là...

Sur ces tristes pensées, je me remets à courir, mais vers chez moi cette fois, bien évidement j'ai pris un autre chemin pour ne pas risquer de croiser Yann. C'est très con puisqu'on est mercredi, donc je vais le croiser au travail.  Décidément, j'ai l'impression de vouloir l'éviter tous les jours.

Quand il m'a dit qu'il « avait passé l'âge de ces conneries », ça m'a fait mal, même si c'est la vérité... Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Cette phrase ne fait que de tourner en boucle dans ma tête.

Toute la journée, je n'ai fait que de penser à notre "conversation" qui au final a été tout, sauf une conversation. Il faut vraiment qu'on mette les choses au clair, mais j'ai peur de la façon dont les choses vont se terminer... Alors je préfère laisser traîner cette conversation.

Le McLarenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant