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|Lola Moranchini|

Je suis encore déboussolée des paroles de Yann, et je ne sais toujours pas comment y faire face... Après son long monologue, nous avons échangé une petite heure, avant qu'il ne rentre chez lui. Et je suis obligée de l'avouer, avoir le fin mot de l'histoire me soulage, je sais enfin ce qu'il s'est passé dans sa tête, et pourquoi il a réagi comme ça avec moi... Il m'a dit de prendre le temps qu'il me faut, qu'importe ma décision, il comprendrait, mais qu'il veut seulement que j'arrête d'en vouloir à Laurent, qui, au final n'y est pour rien, et qu'entre nous, ça aille mieux avant mon départ pour l'Afghanistan.

Quand je retourne dans mon lit, je sais d'avance que je vais mettre du temps à m'endormir... Et je n'ai pas menti, car je n'ai fait que de tourner, et me retourner et me retourner dans mon lit, en me posant mille questions sur notre situation...


Ce matin, dans le miroir, je vois que j'ai des cernes énormes, elles sont encore bien plus présentes que d'habitude, mais ça ne me choque même plus... Je fais tout de même, un petit effort vestimentaire, me maquille légèrement, mets mes baskets et pars au travail.

Même si ces derniers jours, j'arrivais à me sentir un peu mieux par rapport à Yann, ce matin, je sens une vraie différence, je n'ai plus la boule au ventre de peur de le croiser, lui ou Laurent et d'aller leur parler.

Aujourd'hui, nous mettons en place notre départ pour l'Afghanistan, la direction a validé le projet, alors avec Tom Vidal, nous partons dans 3 jours, pour une durée de deux semaines, il faut donc tout organiser au plus vite ; billets d'avion, repérer les villes clés, celles où on se rendra, identifier les zones les plus dangereuses, et celles qui le sont moins, pour ne pas non plus aller directement dans la gueule du loup, contacter les journalistes et contact déjà sur place, prévenir l'ambassade... En bref, on a du boulot.

A midi Etienne et Julien, viennent me voir pour m'embarquer à la cantine de TF1, mais j'ai encore trop à faire, et pas assez de temps, alors je refuse.

Vers 13h30, l'open space est désertique, il n'y a que très peu de journaliste encore présents, tout le monde est parti manger, et en quelque sorte ça m'arrange, puisque au moins, je ne suis dérangée par personne.

Evidemment, au moment, où je pense cela, je vois Yann sortir de son bureau, regarder la pièce vide, et s'approcher de moi, quand il m'aperçoit.

Yann -Qu'est ce que tu fais là ?

Lola -C'est aussi difficile que cela de voir que je travaille ?

Yann -Non, mais pendant ta pause déjeuner, oui. Tu as été manger et t'es revenu plus tôt ou tu n'as même pas mangé ?

J'ai pensé à lui mentir, mais mon temps de réaction est trop long, je sais qu'il ne me croirait pas...

Lola -J'ai pas mangé, j'ai beaucoup trop de boulot.

Yann -Et alors ? Quand on a le ventre vide, on n'est pas concentré, et on fait plein de bêtises, allez, viens avec moi. Je prends mes affaires et le suis dans l'ascenseur. Etre dans un espace aussi confiné avec Yann, me met un peu mal à l'aise, mais je fais semblant de rien... Quand je regarde Yann, il a l'air d'être dans le même état que moi, ça me rassure un peu, que l'on ressente tous les deux la même chose, et ça me fait esquisser un petit sourire.

Au final, nous n'avons pas mangé à la cantine de la boîte avec tous nos collègues, mais dans un restaurant juste à côté. Le même dans lequel nous avions été mangés, quand il m'avait proposé de faire plus de reportages à l'étranger.

Yann -Je viens souvent ici, quand on a des réunions importantes pendant le déjeuner.

Lola en souriant -Et là, tu as une réunion importante ?

Le McLarenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant