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|Yann Barthes|

Yann -Allô ? Lola tu m'entends ?

Lola -Oh Yann... Qu'est-ce que je suis contente de t'avoir !

Oh waw. Je dois m'asseoir tellement je suis soulagé d'enfin pouvoir l'entendre.

Yann -Si tu savais à quel point moi aussi !

Laurent -Salut Lola !

Lola -Oooh Laurent, ça va bien ?

Laurent esquisse un petit rire.

Laurent -Oui moi je vais bien, mais c'est à toi surtout qu'il faut poser la question.

Elle a une voix beaucoup plus faible que d'habitude, ça s'entend qu'elle est très fatiguée, et mal en point, et pourtant elle arrive quand même à être pétillante... L'ambiguïté à la Lola, ne jamais perdre sa luminosité, même dans les pires situations...

Lola -Ecoute, je pense que les anti-douleurs font encore beaucoup d'effets, je ressens un tantinet la douleur, mais surtout je réalise pas encore vraiment tout ce qu'il s'est passé, et la chance qu'on a eue.

Yann -Tu es avec Tom ?

Lola -Non... J'ai eu des nouvelles de lui grâce à votre ami médecin, mais j'ai interdiction formelle de me déplacer, et dans tous les cas, je suis pas sûre que je pourrais aller bien loin... Je pense qu'avec un peu de temps, et de la rééducation, ça va aller pour moi, mais pour Tom ça va prendre un peu plus de temps... Quand on était dans le local, tout le long il a... Il a tout fait pour me protéger... Quitte à être le plus exposé... De ce qu'on m'a dit, ses brûlures sont plus graves que les miennes, mais s'il n'a pas plus de complications, et avec beaucoup de rééducation, il pourrait re-marcher...

On entend beaucoup de bruit sortir du téléphone.

Yann : Lola ? C'est quoi tout ce bruit ?

Lola avec une voix étouffée : Pardon... J'ai fait tomber le téléphone...

Laurent en me chuchotant : Elle est en train de pleurer ?

J'hoche la tête...

Yann : Lola... S'il te plaît ne pleure pas... Vous êtes en vie, c'est le principal...

Lola : Yann... Il a tout fait pour me protéger, et- elle explose en sanglots - il y avait une bouteille de gaz, pas très loin dans la pièce, quand elle a explosé, j'ai eu si peur...

Je lève tout de suite mon regard, pour observer Laurent, on est tous les deux choqués...

Yann -Ce n'est pas de ta faute Lola... A aucun de vous deux, c'est uniquement celle de ces putains de terroristes. Maintenant arrête de laisser tes idées te bouffer, et calme-toi s'il te plaît...

On l'entend renifler au téléphone, mais elle ne me répond pas.

Laurent -On est en train de faire les démarches pour venir vous chercher ! Prépare-toi a nous voir venir te chercher.

Lola -Ici, les conditions ne sont pas aussi terribles qu'on les imagines, mais les services sont surmenés. Ils ont beaucoup beaucoup beaucoup trop de patients pour quelques médecins et internes, qui n'ont pas dormis depuis des jours, et des moyens clairement insuffisants... Dans ma chambre, on est quatre...

Yann : Et les trois avec toi, ils sont gravement malades ?

Lola -Je crois qu'ils sont tous brûlés aussi, mais... Mais, je sens un peu une odeur pourrie... Mais je n'arrive pas à savoir de qui ça provient, ils sont tous les trois sont dans un état dramatique....

Il faut vraiment qu'on les sorte de là au plus vite...

Lola -Dès que je rentre, je vais récupérer un animal je pense. J'hésite encore entre un chat et un chien. J'adore les chats, mais c'est quand même beaucoup indépendant, alors qu'un chien, tu le promènes, tu le laves, tu joues avec... C'est comme un enfant, en moins chiant. J'aimerai bien avoir des enfants un jour... J'hésite.

Laurent me lance un regard paniqué comme jamais.
Je ne sais même pas quoi lui répondre...

On lui parle quelques minutes, puis on doit raccrocher, des médecins sont rentrés dans sa chambre.

Laurent -C'était quoi ça ??? Pourquoi elle nous a parlé de chats ?

Yann en haussant les épaules -Je sais pas.... Je pense que les antidouleurs ont dû beaucoup jouer dans un premier temps, et puis, aussi elle a voulu nous faire croire que tout allait bien, et que son état n'était pas alarmant, et que mentalement ça allait... Alors que, de ce que j'ai ressenti, ça ne va pas du tout, tant sur le plan physique, que moral. Laurent, on la connaît Lola, malgré les médecins qui lui ont dit de ne pas bouger, si elle en avait la capacité, elle serait forcément aller voir Tom... Donc, c'est vraiment qu'elle doit être mal en point.

Laurent -Il faut qu'on les fasse rapatrier au plus vite...  Je m'occupe de toutes les démarches administratives, et toi, essaye de voir au niveau des hôpitaux, les meilleurs pour les grands brûlés et s'ils ne sont pas surmenés...

Avant de me renseigner pour les hôpitaux, je prends enfin mon courage à deux mains, et j'appelle les parents de Lola. Ils ont déjà beaucoup eu Laurent au téléphone, mais moi jamais. Je stresse de les appeler, au vu de la situation, et également au vu de ma relation avec leur fille. Il ne sont pas au courant de ce que je vis avec elle, ils ne voient que comme son patron, et ça me stresse encore plus... Enfin... En y réfléchissant, je pense que c'est mieux qu'ils ne soient pas encore au courant... Je pense qu'ils m'auraient tous les deux tués s'ils savaient que je couche avec leur fille, et qu'en plus je l'ai envoyé dans un pays à risque...

Quand je les ai au téléphone, je comprends tout de suite qu'ils sont très stressés. Dès qu'ils ont été mis au courant, ils ont pris la route pour Paris, ils m'ont dit qu'ils savent que ça ne sert à rien, mais qu'ils préfèrent être ici, pour pouvoir venir le plus vite possible, quand elle sera là.

Pendant ce temps, je vois tous nos avocats aller dans le bureau de Laurent. Il faut savoir que pour gérer une société de production comme la nôtre, nous avons 7 avocats, et ils ont tous un domaine de prédilection, c'est donc la première fois que les sept sont réunis, ça montre une fois de plus, l'importance et le cas de force majeur que nous traversons...

Parmi nos avocats, il y a Alexandre, qui connaît très bien Lola, puisqu'il travaille dans le cabinet d'Adrian... L'ex de Lola.

Dès que je suis assuré qu'un hôpital peut accueillir Lola et Tom, et leur prodiguer les meilleurs soins, je me rends moi aussi dans le bureau de Laurent.

Dans la pièce, il fait une chaleur monstre et des ordinateurs de partout.

Yann -Alors les dernières nouvelles ?

Laurent -C'est la merde... Soit on attend que les aéroports du secteur ré-ouvrent, et on se plie aux décisions des talibans... Soit on leur trouve des passeurs qui les amènent jusqu'au Pakistan, et là, ils pourront prendre l'avion, dans les plus brefs délais.

Yann -Et passer la frontière c'est possible avec les talibans ?

Laurent -C'est plutôt risqué, surtout au vu de leur état... Mais... Entre la localisation de leur hôpital et la frontière, en voiture y en a pour genre 1h... S'ils partent de nuit, c'est possible...

Yann -Faut appeler tous nos contacts là-bas, et tous ceux que la chaîne peut nous donner, pour savoir le niveau de risque... Mais il fait qu'ils rentrent le plus vite possible...

un de nos avocats -Faut peser le pour et le contre... Si leurs états sont stables, il ne faut pas trop précipiter leur retour, et risquer qu'ils se retrouvent dans une situation encore plus merdique...

Yann -Mais dans l'hôpital où ils sont, les médecins sont surchargés et sont loin d'avoir le temps, la place et surtout les moyens de donner à Tom et à Lola, les traitements dont ils ont besoin... Surtout pour des grands brûlés, ils ont besoin des meilleurs traitements et le plus vite possible, pour une meilleure guérison, et pour pouvoir retrouver toutes leurs capacités physiques d'avant... Surtout pour Tom, s'il n'a pas les meilleurs traitements en temps et en heure, j'ai peur qu'il ne puisse plus jamais remarcher... Alors, il faut qu'on appelle tous nos contacts locaux, et qu'on appelle Tom et Lola pour connaître leur décision, ce sera à eux de décider.

Le McLarenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant