Le McLaren

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|Yann Barthes|

Les jours ont passé, et Lola refuse toujours de nous regarder, ni de partager le moindre contact avec nous. Elle semble s'enfoncer de plus en plus dans une déprime. Elle refuse constamment d'en parler, ni même de nous parler tout court, alors il faut qu'on redouble d'ingéniosité pour que son moral aille un peu mieux. Il y a quelques jours j'ai eu une idée, et cet après-midi, ses médecins m'ont dit que je pouvais la mettre à exécution. J'ai donc appelé  Valentine et Julien, et ils pensent que c'est une bonne tentative pour faire retrouver le sourire et la parole à Lola. Alors on s'est tous les trois donné rendez-vous dans sa chambre.

On essaie encore une fois de la faire participer à nos conversations mais c'est peine perdue. J'en ai rapidement ma claque, et je pars chercher un membre du personnel soignant.

Je ne trouve personne dans les couloirs, alors je toque à la porte d'une pièce qui leur est réservée et une femme me reconnaît directement.

Infirmière -Mr Barthes. Ma collègue m'a parlé de votre idée. Restez-là, j'arrive !

Elle s'en va dans une autre pièce, puis revient quelques minutes plus tard avec un fauteuil roulant.

Infirmière -Si jamais vous avez le moindre souci, ou quoi que ce soit, criez "Anne", et j'arriverai tout de suite, monsieur.

Yann -Merci beaucoup, c'est vraiment vraiment adorable !

Elle me fait un sourire et repart.

Je reviens dans la chambre de Lola avec le fauteuil.

Yann -Allez, assieds-toi Lola, on va faire une petite balade !

Elle lève les yeux sur moi et elle reste bloquée sur l'objet que j'ai entre les mains, elle ne comprend plus rien. C'est la première fois depuis plusieurs jours qu'elle me regarde dans les yeux, ça me rend déjà fou de joie.

Julien tout sourire -Allez, fais ce qu'il te dit !

Pendant plusieurs minutes elle ne bouge pas, sûrement le temps de peser le pour et le contre. Ensuite, elle prend plusieurs minutes pour s'installer, mais elle arrive à s'asseoir sur son lit. Je me dépêche d'enlever la barrière d'un côté. Tant bien que mal, elle arrive à bouger ses jambes pour qu'elles pendent du lit. C'est la première fois que l'on voit ses jambes, et elles sont recouvertes de bandages sur toute leur longueur.

Bon... Maintenant, c'est la partie la plus compliquée de la mission...

Yann -Lola, je vais devoir te porter, je vais y aller tout doucement, conseille-moi, dis-moi ou je peux appuyer.

Elle ne parle pas, mais elle prend mes mains dans les siennes et les pose vers le haut de son dos et en dessous de ses cuisses. J'ai tout fait pour être le plus doux, mais vu la complexité de l'opération, une partie de son dos rentre en contact avec mon torse et elle crie de douleur.

Ça m'a tétanisé, c'est la première fois depuis bientôt une semaine que j'entends le son de sa voix, et c'est pour se plaindre de la douleur... Douleurs dont je suis le responsable.

Yann -Je suis désolé Lola... J'ai pas fait exprès, je-

Lola -T'as pas fait exprès, Yann.

Avec Julien et Valentine, on se regarde comme si c'était le plus beau jour de notre vie. Lola nous a répondu ! La mission a marché avant même qu'elle ait lieu ! Ses deux amis me regardent comme deux parents fiers de voir leur fille faire des progrès, je les trouve trop mignons à être autant investis dans le bien-être de leur amie.

Une fois que je suis sûr qu'elle est bien installée dans le fauteuil, je la pousse dans le couloir, et l'emmène jusqu'à la chambre de Tom.

Je toque et fais rentrer Lola dans la pièce. À l'intérieur, on rencontre Gaëlle qui a une mine plus reposée que la dernière fois, et Tom, qui a également une bonne tête.