Chapitre 5 : naufragé.

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L'océan était redevenu calme,les vagues partaient et revenaient au rythme du vent. L'écume des vagues chatouillaient ses pieds. Le soleil rayonnait dans le ciel bleu,sa peau recevait chaque rayon de la boule de feu comme une morsure chaude et brûlante. En ouvrant les yeux, tout autour de lui était noir c'est petit à petit que sa vue s'éclaircit. Il se leva confus dans ses pensées, il se remémorait les souvenirs terrifiants de la veille. Et c'est à ce moment-là que tout devint clair, il se mit à paniquer. Il était seul. Rien autour de lui à part quelque débris. Il n'y avait personne. Son regard paniqué cherchait un signe de vie, ses frères. Il courait en criant les noms de ses frères. Il le faisait encore et encore sans s'arrêter. Sans perdre espoir. Mais à un moment donné, il se résigna.

Il s'assit face à l'océan contemplant l'horizon. Il criait encore et encore, de frustration, de peur, de désespoir. Attendant une réponse de Dieu où des Hommes. Un signe,un son,une silhouette,une voix mais son monde n'était plus que silence et solitude. Toujours face à la mer, il espérait encore et encore. Les jours passaient mais rien ne changeait à l'horizon qui était toujours aussi vide d'émotions. Les nuits se défilaient. La lune souriait mais rien ne changeait. Mère nature semblait indifférente face à son chagrin.

Il se résigna en commençant par ne plus admirer la mer. Il se décida enfin à vivre malgré tous ses sentiments contradictoire qui l'accablaient. Il ramassait les débris qui pouvait l'aider à construire un abri de fortune. Ou même quelque chose qui pouvait l'aider dans sa solitude.

Les nuits glaciales le rendaient mélancolique, sa chambre spacieuse et son lit chaud lui manquaient. Sa vie lui manquait mais plus encore sa famille. Il se demandait ce qu'était devenu les corps de ses frères. L'océan les avait-il rendu à la terre ? Des requins les avaient-ils dévoré ? Ou alors leurs corps pourrissaient sur cette île à l'allure magnifique et sinistre. Il avait pu écrire sur la plage grâce aux noix de coco un SOS. Il ne s'attendait pas à grand chose mais il espérait quelque part qu'on le retrouve. Que ses frères le retrouve. Il gardait espoir. Il savait que son père faisait tout ce qui était possible pour les retrouver. Au fond de lui, il espérait du plus profond de son Être que ses frères soit en vie.

Il commença la construction d'une cabane près de la côte au cas où des bateaux passeraient. Ramassant des brindilles et des feuilles mortes de cocotiers; il se construisit un tout petit abri que le vent s'amusait à balayer de temps à autre pour marquer sa présence. Dans cette île à l'apparence désertique, le naufragé se nourrissait que de cocos. Cette île étrange l'effrayait et ne comptait pas s'approcher de trop près de peur qu'elle ne l'engloutisse dans ses sombres profondeurs.

Lorsque le soleil riait dans le ciel, le solitaire avait l'impression de voir les silhouettes des membres de sa famille mais il n'en était rien. Tout ceci n'était que les conséquences d'une journée au soleil. Sa vie n'était plus que silence et souvenirs dans un océan d'incertitude, de larmes et d'amertume.
Pourquoi l'univers l'avait épargné alors que ses frères étaient tous les deux morts ?
Pourquoi n'était-il pas mort avec eux au lieu de subir ce châtiment cruel ?

Le temps passait sous ses yeux mais il ne s'en apercevait pas . Dans ce silence paralysant, le naufragé avait perdu toute notion du temps. Il était complètement maigre déjà qu'il était mince au départ, il ne lui restait que la peau sur les os ;les noix de cocos ne lui suffisaient plus. Il regardait l'océan et comme attiré par lui, il se rapprocha mais il s'arrêta un moment car il se sentait épié. Il se retourna et regarda les alentours mais rien ne semblait " sortir de l'ordinaire " alors ,il s'avança vers l'immensité bleue. Le survivant plongea la tête la première dans le fond marin où il pêcha deux oursins.
Ils étaient brillants avec des piquants bien dressés. Sans une tige d'allumette ou un briquet , il ne parvenait point à allumer un feu. Découragé, il ouvrit un oursin qui était bien plein sa couleur était magnifique ; il était d'un jaune orangé. En avalant la texture crémeuse salée, il y décela des nuances de goûts à la fois amère et sucrée avec un léger goût d'agrumes mais les échinides ne purent lui apporter autant de calories que son corps en demandait.

Le soleil se couchait déjà et c'est un spectacle qu'il ne ratait pas; ça le consolait de penser que quelque part sur la terre une personne regardait le même coucher de soleil que lui. Assit sur ses fesses, il se leva lorsque que la boule rougeâtre s'éclipsa à l'horizon. Lui ramenant à sa triste réalité. Le solitaire quitta le sable fin pour sa minuscule cabane.

Il était allongé sur le dos. À travers sa toiture faite de feuilles mortes, il pouvait entrevoir les étoiles qui étincellaient dans le ciel obscur. Ça lui arrivait de soupirer lourdement. Le poids de la solitude l'avait rendu meurtri. Mais cette petite lueur d'espoir qui le poussait à attendre à lui donnait la force d'affronter le jour suivant avec courage.

Une vie qui n'avait plus de sens. Une vie qu'il avait pensé à mettre fin plus d'une fois. Étrangement, il ne trouvait pas le courage de le faire, peut-être à cause de cette voix intérieure qui lui disait de garder espoir et que des gens avaient encore besoin de lui.

Le froid de la nuit le faisait grelotter. Il se tournait et se retournait essayant tant bien que mal de garder sa température corporelle. La feuille de cocotier qu'il avait tressé ne suffisait pas. Le vent venant de la mer l'éraflait toujours aussi fort. Sa peau avait rougis avec les piqûres d'insectes. Des boutons recouvraient son corps tout entier.
Ajouter à son calvaire les bourdonnements de ces insectes volants qu'il maudissait.

NAUFRAGÉS : seuls au monde hors du temps Où les histoires vivent. Découvrez maintenant