NAUFRAGÉS : seuls au monde hors du temps

Chapitre 29 : sur le chemin du retour

L'élu et la prêtresse quittèrent la forêt des mangeurs d'âmes où CAIAN avait fait abstraction de son ressentiment. Son étalon broutait quelques herbes alors qu'ils mangeaient des mûres.

- La montagne de MIDOR n'est plus très loin nous y serons avant la fin de la journée.

- J'espère bien.

Après leur pause, ils reprirent le chemin qui menait à la montagne de MIDOR. Ils avaient fait le plein d'énergie. Le cheval galopait assez rapidement jusqu'à ce qu'ils arrivèrent devant l'imposante montagne. Ils levèrent les yeux au ciel admirant cette gigantesque chose à la force colossale.

La prêtresse s'assit au pied de la montagne pour faire une prière. Lorsqu'elle eut fini, elle invoqua l'esprit du grand voyant. Alors qu'elle regardait le ciel en continuant de murmurer des prières, un rapace apparut dans son champ de vision. L'aigle vint se poser sur son épaule; CAIAN fut impressionné de voir cet animal charismatique et puissant de si près. La KAERA-JADA sortit de son sac un petit pot contenant de la poudre rouge qu'elle mélangea avec une substance étrange. Elle s'approcha de l'élu et lui frotta le mélange sur les yeux et sur le front de l'animal.

- Ainsi vos visions seront connectées. Le grand voyant vous montrera le chemin. Suivez-le.

Une fois ses derniers mots prononcés, le rapace vola. CAIAN regarda la prêtresse une dernière fois avant de lui transmettre son dernier message.

- Si je meurs dites à mes frères que je suis désolé et que je les aime.

- Vous ne mourrez pas et si vous avez des choses à dire à vos frères, vous leur direz de votre bouche maintenant partez le temps presse. Je vais prier pour que les dieux vous protègent.

- Merci.

Il jeta un dernier regard à la prêtresse puis il entama son ascension vers la montagne. En prenant de la hauteur, il ressentait la présence des vents qui balayaient la montagne. En regardant la majestueuse montagne plantée dans les entrailles de la terre, il se disait que retrouver cette fleur ne serait pas chose aisée vu la l'imposante montagne qui se dressait devant lui mais le rapace qui volait au-dessus de lui, lui redonnait espoir.

Au fur et à mesure qu'il grimpait la montagne, l'oxygène se rarifiait et le vent glacial caressait ses joues de ses doigts froids. Il suivait difficilement le grand voyant qui volait aisément dans le ciel bleuté. Les doigts lacérés, CAIAN grimpait avec beaucoup de difficulté. Du souffle chaud s'échappait de sa bouche sèche. Son corps tout entier était épuisé par l'effort surhumain qu'il fournissait.

Finalement l'aigle se posa non loin de là où était CAIAN. Il grimpa vers le grand voyant et la vit dans toute sa splendeur, rayonnante et calme. Extraordinairement belle et majestueuse, la habenaria radiata était sagement clouée au sol attendant qu'on viennent la cueillir. La fleur blanche représentait une colombe en plein envol, l'orchidée donnait l'impression d'être figée dans le temps avec ses ailes largement déployées.

Il fut captivé par son exceptionnelle beauté. Cette île surprenante!
Il la cueillit délicatement et la mit dans sa sacoche. La descente fut toute aussi éprouvante que la montée alors qu'il descendait, CAIAN posa le pied sur une pierre qui le fit glisser l'arrachant la peau des paumes. Il parvint toutefois à s'immobiliser en s'accrochant à bout d'un rocher pointu. Il regardait en bas et la peur du vide l'envahit.
Ses mains devenaient moites, il essayait de s'ajuster mais rien à faire ses mains brûlantes affaiblies glissaient. La force de ses bras lui quitta le faisant tomber dans le vide.

Son cœur se déchira, son rythme cardiaque effréné accentuait sa peur. Il se sentait attiré par le vide. Le temps était figé. Il pouvait encore voir la silhouette de l'aigle voler au-dessus de lui en faisant des cercles. Alors que sa fin était proche, il ferma les yeux attendant le moment fatidique mais sans crier garde le grand voyant le saisit par les épaules et le posa par terre. Ses jambes tremblaient.
Il ne tenait pas débout, il s'accroupit pour réprendre son souffle. CAIAN descendit la petite pente et retrouva la KAERA-JADA qui méditait au pied de la montagne.