Chapitre 9

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Le lendemain au petit déjeuner, Atem qui attendait avec impatience de voir Heba, fut surprit de ne l'apercevoir nul part. L'avez-t-on changé de service ? C'était bien le moment... N'en pouvant plus de l'attendre, il interpela une autre servante pour lui demander.

- Excusez-moi.

- Oui, votre altesse ?

- Savez-vous où est Heba ?

- Il est en cuisine votre majesté.

Dans les cuisines ? Mais pourquoi ne sortait-il pas ?

- Pourriez-vous lui dire de faire le service, je vous prie ?

- Bien, mon roi.

La servante s'inclina devant Atem et se précipita en cuisine. La table du roi était d'un ennui mortel en cette matinée. Etrangement, personne ne parlait, ou très peu. Ils se regardaient tous avec un air abattu. Est-ce que le roi avait raté un épisode ?

- Chers conseillers, je vous trouve bien silencieux ce matin.

- ....

Aucune réponse. Cela allait donc si mal ?

- Conseillère Isis. Que se passe-t-il ? Et surtout pourquoi ne m'en parlez-vous pas ?

La conseillère eu le ventre noué que de tous ses conseillers, c'est elle qui fut choisi pour servir de bouc émissaire.

- Mon roi, nous avons eu hier soir de mauvaises nouvelles. Nos opposants ont attaqué Shedet. La population a dû quitter les lieux, et la ville est tomber entre leurs mains.

Le roi eu l'impression qu'on lui assommait un coup de poing dans le ventre.

- Nous déplorons plus de 300 morts, mais le compte ne peut être exact. Nous sommes dans l'incapacité de vérifier ce chiffre.

- Et puis-je savoir pourquoi personne ne déniait m'en parler? 

Isis baissa les yeux. Savant pertinemment qu'elle et ses collègues auraient dû l'en avertir plus tôt.

- Nous savons que le repas est un moment de repos pour vous. Nous comptions vous l'annoncer lors du conseil de ce matin.

- Mais enfin, une nouvelle pareille ne peut attendre le conseil ! Des gens meurent sans que je le sache, et vous voulez épargner mon moment de repos ? Quel genre de roi serais-je si j'exigeais qu'on me laisse manger en paix, alors que mon pays est en guerre ?

Tous les conseillers regardèrent leurs assiettes. Comprenant leurs fautes.

- Je vais réfléchir à la situation, et je vous donnerais mes ordres lors du conseil.

Une fois sa phrase finit, le petit Heba entra dans la salle du banquet. Atem se calma instantanément. Il voulait lui parler et être avec lui. Il voulait retrouver ce sentiment de plénitude qu'il avait ressenti avant l'entrée d'Anzu. Mais le visage du serviteur était fermé. Aucunes émotions ne pouvaient se lire sur son visage. Ni souriant, ni triste. Totalement impassible. Heba ne daigna pas donner un seul regard à son roi. Atem ne put donc l'avertir qu'il souhaitait le voir. Un fois son service finit, il retourna en cuisine.

Mais enfin que se passait-il ? Heba avait-il lui aussi apprit pour le pays et il essayait de cacher sa peur ? Jamais le pharaon ne l'avait vu avec un tel visage. Il est toujours si rayonnant. Le roi se leva brusquement de table. Et se dirigea vers les cuisines. Quand il fit son entrée, tous les servants surpris firent de maladroites révérences.

- Heba ! Ordonna-t-il.

Le plus jeune releva la tête et le roi lui demanda avec le doigt de le suivre. D'un pas rapide, il traversait les murs du palais, si bien que Heba était à la limite de courir pour réussir à le suivre. Une fois dans un couloir peu fréquenté, il stoppa sa course effrénée pour faire face à son petit jumeau.

Heba s'arrêta dans un halo de lumière qui passait pas l'une des fenêtres. C'est alors que Atem vit quelque chose qu'il n'avait pas remarqué dans la salle du banquet. Les yeux de son « plus qu'ami » étaient rouges. Il avait pleuré. L'idée de le voir en larme lui déchira le cœur.

- Heba, pourquoi as-tu pleuré ?

Heba sursauta à cette question. Il pensait qu'il avait réussi à camoufler le moindre signe de trahison.

- Je ....

Il baissa la tête et ne put continuer sa phrase.

- Toi et moi sommes amis, j'aimerais savoir ce qui te fait tant souffrir. Est-ce à cause des attaques ? Cela t'inquiète ?

Atem avait un peu tiqué sur le mot « amis », mais aux yeux d'Heba, c'est ce qu'ils étaient. Une larme coula sur la joue du plus jeune et s'arrêta sur le coin de sa bouche tremblante. Atem releva doucement son visage, pour que leurs yeux puissent enfin se rencontrer et de son autre main, il essuya délicatement la larme de sa bouche. Le pharaon fut absorbé par les lèvres du serviteur. Il passa son pouce sur sa commissure, et se mordilla la lèvre inferieur. Quel goût pouvaient-elles avoir ? Il saisit entre ses deux mains le visage d'Heba, et le vit fermer délicatement les yeux. Était-il d'accord ? Ou fermait-il les yeux pour se soumettre. Le visage d'Heba est si beau, si délicat. Atem rapprocha progressivement ses lèvres chaudes de celles de son vis-à-vis. Il s'arrêta à quelques centimètres pour profiter pleinement du moment. Lui, le roi, était complètement épris de ce petit être. Reprenant sa course pour éliminer les derniers centimètres, des voix retentirent dans les couloirs. Elles venaient dans leur direction. Atem relâcha son étreinte et recula d'un pas. Son cœur tambourinait dans sa cage thoracique et son souffle était court. Heba était adossé au mur, le visage rouge. Les propriétaires des voix finirent par arriver à leurs niveaux. Il s'agissait de deux servantes. Reconnaissant le pharaon, elles tirèrent une gracieuse révérence accompagnée d'un « votre majesté ». Atem leurs répondu d'un signe de tête et elles continuèrent leur chemin. Pourquoi le destin s'acharnait-il ? Ne pouvait-il pas simplement rester plus de 10 minutes seul avec sa lumière ?

- Heba, je ...

- Je crois qu'il est temps que je retourne travailler mon roi. Le coupa le serviteur.

Il pressa sa révérence et fila en cuisine. Le cœur du petit servant retentissait jusque dans ses tympans. Il était à bout de souffle. Pourquoi le Pharaon jouait-il avec lui ? Il reçoit des gestes tendres, qui ont pourtant l'impression de n'être que spécialement pour lui. Hier soir, il était sur un petit nuage et il avait même l'impression que Atem ressentait la même chose. N'allait-il pas l'embrasser ? Et pourtant, ... pourtant il a fallu que cette putain les interrompe. Mais pire encore, sa seule présence révéla à Heba, que ses caresses ne lui étaient pas réservées. Elle aussi y avait droit. En tant que favorite, elle couchait avec lui. Elle avait plus d'emprise sur lui. Rien que d'imaginer Atem la prendre, lui donnait la nausée. Bien sûr qu'il avait des conquêtes, c'est un souverain après tout, et un homme surtout. Il a des besoins. Mais maintenant qu'il pouvait mettre un visage sur l'une de ses partenaires, c'était beaucoup plus dur de l'accepter. 

Atem x Yugi Les Destins LiésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant