Candide ou l'optimisme

15 1 8
                                    

1825

Fryderyk se mit à tousser violemment. À nouveau. Il en avait assez. Lorsqu'il put enfin reprendre son souffle, il remonta ses épaisses couvertures à lui, jusqu'à s'y enfouir. Il avait à la fois chaud au point de transpirer et de tremper ses vêtements et ses draps, et froid à en grelotter. Il détestait ça. Il fit à peine attention à la porte de sa chambre qui s'ouvrit, trop pris dans ses maux.

- Tout va bien, mon garçon?

Il lâcha un grognement qui voulait tout dire.

- Je t'ai préparé de la soupe et un bon grog. Ça va te mettre en meilleur état.

- Je n'ai pas faim, minauda-t-il dans ses couvertures. Et si je mange, ça ne restera pas longtemps dans mon estomac.

- S'il te plaît. Si tu ne manges pas, tu vas t'affaiblir.

Il toussa à nouveau, et leva ses yeux rougis sur son père, qui venait de poser un plateau sur la table de nuit.

- Où est maman?

- Elle est allée prendre le thé chez une amie.

- Et toi? Tu n'as pas de cours?

- Tu m'es bien plus important. Et ne t'en fais pas, je vais y retourner. Je viens seulement voir ton état, et tant pis si le directeur me blâme pour un peu de retard.

Fryderyk ne répondit rien. Il voulait juste s'endormir à nouveau, pour ne plus ressentir ces inconvéniences.

- Alors, vas-tu mieux?

- Non, se plaignit-il.

- En effet, tu es encore très chaud, constata-il après avoir mis une main sur son front. Je me demande où tu as pu attraper cette vilaine maladie. Ni ta mère ni tes sœurs, ni moi n'étions souffrants pourtant.

- Tytus était malade, et nous avons travaillé ensemble la semaine dernière...

- Vraiment? Je l'ai vu dans la cour ce matin pourtant. Et personne ne m'en a prévenu, alors qu'il loge au pensionnat. Si c'était le cas il a dû guérir rapidement. C'est un fort gaillard. Ah, ce n'est pas comme nous. Moi aussi, lorsque je suis souffrant je mets une semaine à guérir. Ce doit être une malédiction qui touche les Chopin, rit-il. Je ne crois pas que ce soit du côté de ta mère.

- J'aimerais m'en débarrasser au plus vite, grogna-t-il. Ce n'est pas Tytus qui a une forte constitution, c'est moi qui en ait une faible.

D'ailleurs, il se passait bien de transmettre à son père les détails de cette contamination un peu trop rapprochée.

- Allons, lui sourit ce dernier dans une perspective réconfortante, ne t'inquiète pas. Ce doit juste être un mauvais rhume.

Il haussa les épaules, et se cacha à nouveau sous les couvertures. Il s'en fichait de la nature de cette maladie. Il voulait juste guérir.

- Fryderyk, s'il te plaît. Mange cette soupe. Je ne vais pas te blâmer pour ça!

Il grogna à nouveau, et se redressa complètement, jusqu'à s'asseoir, le regard mauvais.

- Regarde-moi ton état. Tu aurais au moins pu te coiffer. Et tu n'as pas changé de tenue de nuit? Cela ne m'étonne pas que la maladie ne te quitte pas, tu la portes sur toi. Allez, tiens, soupira-t-il en posant son bol de soupe déjà tiède sur ses genoux.

Fryderyk posa les yeux sur l'épais liquide verdâtre. Il lui donnait très faim. Oui, c'était ironique. Enfin, il n'avait pas le choix.

Il voulu en prendre une gorgée, mais se mit à tousser alors qu'il ne l'avait même pas encore avalée. Ça commençait bien.

La mélodie des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant