- Profitons d'être à Paris! Robert, allons prendre un repas au restaurant!
Schumann abandonna la fenêtre de leur chambre d'hôtel - non, leur suite bien trop luxueuse - pour se tourner vers Mendelssohn, qui lui souriait tout en s'habillant. Il resta silencieux un moment, à l'observer boutonner sa chemise, nouer sa cravate, épousseter sa veste.
Cela faisait des semaines qu'ils résidaient en la capitale française, tellement de jours qu'ils avaient cessé de compter. Il faut dire qu'ils soient ici ou en Allemagne, cela changeait peu de choses. Ils étaient même plus libres ici. Pas de beau-père réticent... pas de Clara pour lui mettre la pression... Schumann se sentait bien tranquille.
- Alors, Robert, le veux-tu?
- Pardon?
- Aller souper! J'ai entendu parler d'un nouveau restaurant sur la rue de Rivoli. Il paraît qu'il y font la meilleure cuisine de tout Paris.
- Je te remercie, mais je n'ai pas très faim...
- Alors sortons, et nous ferons ce que tu voudras.
Schumann se mordit la lèvre. Il n'avait qu'une seule envie : aller se blottir dans ce lit bien trop confortable et luxueux pour lui et ne plus en bouger. Mais il voyait bien à l'insistance de son compagnon que celui-ci avait une réelle volonté de profiter du séjour. Et il voulait lui faire plaisir.
- Bon... très bien. Allons seulement nous promener, et si l'appétit me vient, je te suivrai dans le restaurant de ton choix.
- Merci, Schuschu! Tu ne le regretteras pas. Nous irons dans les plus grands magasins! Je vais t'offrir une nouvelle tenue. La tienne a tant de poussière sur elle... Et ta cravate est toute froissée...
Schumann déglutit. Il venait d'entendre ce qu'il ne voulait pas entendre.
- Tu sais, nous pouvons très bien les laver...
- Pas de manières! Tu vas me laisser te faire plaisir. Tiens, coiffe-toi, boutonne bien ta veste, et nous partons, lui dit-il en lui tendant un peigne.
Schumann soupira légèrement, et le passa dans ses cheveux sombres si lisses qu'il ne fallu que quelques coups de peigne pour qu'il ait une coiffure décente.
Il ne dirait jamais non à quelques vêtements de plus ou un bon repas, c'est certain. Mais Meritis avait le chic pour faire des dépenses considérables et trouver ça normal. Il se disait que pourtant, il était généreux, donc il devait forcément avoir une notion de l'argent ; mais non, c'était justement parce qu'il l'était qu'il ne voyait pas de problème à le distribuer. Oui, même aux grandes compagnies et aux restaurants de luxe.
- Es-tu prêt?
- Je le suis.
Il posa le peigne sur un meuble, et avant que son compagnon ne puisse ouvrir la porte, il vint l'enlacer. Il le serra le plus fort possible, et les battements de son cœur redoublèrent lorsqu'il le sentit l'enlacer en retour avec autant de force. Il s'imprégna de l'odeur veloutée de son costume, de la chaleur rassurante de son corps.
Il avait si peu l'occasion de lui témoigner une telle affection qu'il resta un moment blottit contre lui, en silence. Il ne savait lequel s'accrochait le plus à l'autre en cet instant.
- Je t'aime... Meritis... murmura-t-il sans y faire attention.
- Moi aussi, je t'aime, d'une passion telle qu'il est impossible de la mesurer, lui souffla-t-il en lui embrassant le front, et en lui caressant les cheveux.
- Me promets-tu de rester toujours à mes côtés...?
- Pourquoi les quitterais-je?
Il haussa les épaules, n'osant pas lui répondre qu'il avait trop peur de le lasser.
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La mélodie des sentiments
Ficção HistóricaUn concert, une déclaration, un baiser, et la perspective de passer une bonne soirée. Sur les quais de Seine, dans un coin tranquille de campagne, sous la bise maritime d'une plage, au recoin d'une chambre sombre, les sentiments tournoient comme une...