Des coups retentirent à la porte. Ils étaient lourds, car Chopin les entendit de sa chambre. Il releva légèrement la tête, n'ayant aucune force d'aller ouvrir.
Il était couché dans son lit, enfoui sous plusieurs couvertures, dans l'espoir que cette chaleur fasse s'évaporer celle de sa fièvre. Avait-il déjà fait remarquer qu'il détestait être malade? Mais apparemment ces maudits maux aimaient à s'emparer de son corps affaibli.
Il referma les yeux, espérant que son invité fasse demi-tour, et lui permettrait de se rendormir. Il avait déjà un terrible mal de tête, une fièvre lourde, et la gorge sèche. Sans compter son nez bouché qui lui rendait la respiration difficile. Au moins lorsqu'il était chez Morphée, ces maux disparaissaient.
À son grand malheur, les coups reprirent de plus belle. Ne pouvait-on le laisser souffrir en paix?
Il se leva difficilement, l'esprit étourdi, et quitta sa chambre puis traversa le couloir en s'appuyant sur les murs, toussant à répétition. Il n'avait pourtant pas le plus grand cercle d'amis, contrairement à certaines personnes de son entourage. Alors qui pouvait bien venir l'ennuyer? Ça ne pouvait être Liszt, car il avait la clé de son appartement. Il fronça les sourcils. Si c'était Mendelssohn qui venait le chercher pour dévaliser la rue de Rivoli, il allait sérieusement le remettre à sa place et le renvoyer. Il était pourtant en bonne forme, lorsqu'il l'avait rejoint, il y a quelques jours de cela. Il s'était même vanté d'avoir eu la santé. Voilà pourquoi il n'aimait pas sortir.
Il toussa encore, et ouvrit la porte en reprenant son souffle.
Un homme d'Église se présenta à lui, un prêtre vu son habit, un peu âgé mais pas trop, la cinquantaine peut-être. Voilà qui était inattendu.
- Monsieur Chopin réside-t-il ici?
Il toussa à nouveau, et s'appuyant contre la porte, le regardant de ses yeux rougis par sa quinte de toux.
- O... Oui...?
- Menez-moi à son lit. Je vais lui attribuer l'extrême-onction.
Il devint plus blanc qu'il ne l'était déjà.
- ...Pardon?!
- S'il vous plaît. Il faut être rapide avec ces choses-là.
- Je vais très bien! Et je n'ai pas besoin de...
Il fut coupé par une autre quinte de toux. Trop forte pour qu'elle ne paraisse pas suspecte.
- Seriez-vous, à tout hasard, Monsieur Frédéric Chopin?
- Oui, c'est moi, et je n'ai pas demandé de prêtre, alors allez-vous en!
Était-il un envoyé du Seigneur? Il ne croyait pas à lui mais son cœur s'accélera tout de même de peur.
- Vous me semblez bien mal, mon fils, et votre heure approche, je le crains. Retournez dans votre lit, et je pourrai procéder aux sacrements.
Il voulu lui refermer la porte au nez, mais la force n'y était pas. Il tomba à genoux, et serait tombé au sol si l'homme d'Église ne l'avait pas rattrapé.
Sans rien dire de plus, il l'aida à se relever, et le mena jusqu'à son canapé, car le salon était la première pièce ouverte qu'il vit. Il l'y coucha, et prit une chaise pour s'installer près de lui.
Chopin regarda le plafond, blanc, sans doute moins blanc que son visage. Il tourna la tête pour faire face au prêtre, qui avait déjà ouvert sa Bible à la page des prières.
Était-il en train de rêver? Non, c'était bien réel. À présent qu'il était couché, il sentait un peu de sa force revenir, mais son esprit au contraire, s'éclipsait peu à peu avec sa raison. La fièvre s'empara de lui plus qu'avant et il dût cligner des yeux plusieurs fois pour ne pas voir flou.
VOUS LISEZ
La mélodie des sentiments
Fiksi SejarahUn concert, une déclaration, un baiser, et la perspective de passer une bonne soirée. Sur les quais de Seine, dans un coin tranquille de campagne, sous la bise maritime d'une plage, au recoin d'une chambre sombre, les sentiments tournoient comme une...