Szarlotka & Pizza ou le mélange des saveurs

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Chopin effaça la note qu'il venait d'inscrire. Ce n'était pas assez mélodieux. C'était difficile, aussi, de composer sans instrument à côté de lui ! Il n'avait pas l'esprit de Mozart ou de Mendelssohn.

Tout ça parce que Liszt l'avait forcé à prendre l'air. Bien que son amante soit toujours à Paris, ils étaient venu passer quelques jours à Nohant, tous les deux, sans la propriétaire. Il était son amant, il avait bien le droit, non? Enfin, toujours était-il que son compagnon l'avait obligé à venir s'installer dehors, en ce début de soirée. Il faisait encore jour, mais le soleil était sur le point de se coucher.

Il barra frénétiquement toute la ligne de la partition. Au diable cet abruti qui l'accompagnait et qui l'avait arraché de sa chambre et de son piano!! D'ailleurs, que faisait-il, celui-là?!

Installé dans une chaise longue, Chopin abandonna sa feuille et se retourna vers lui, et fronça les sourcils. Sérieusement?

- Franz, ne me dis pas que tu es en train de préparer quelque chose.

Ce dernier était debout devant une table, devant l'entrée de la demeure, et les mains pleines de farine, pétrissait une pâte dans un bol. En entendant son homologue sortir de son silence, il leva la tête un instant, et attrapa un œuf qu'il cassa et mit dans le récipient.

- Qu'est-ce que cela peut te faire? Je croyais que tu me faisais la tête car je t'avais fait voir la lumière du jour, vampire.

- Tu sais qu'il existe des cuisines pour cela? Lui dit-il en faisant fi de sa remarque.

- Mais les cuisines n'ont pas autant de Soleil, et il n'y fait pas si bon.

- Tu as sérieusement déménagé dehors la moitié de la cuisine d'Amantine dans le seul but de prendre un bain de soleil en préparant je-ne-sais quoi?

- Je voulais cuisiner, mais je n'avais pas envie de m'enfermer dans les cuisines, seul, alors que nous sommes à la campagne. Puis j'adore t'observer composer. Tu es si concentré, c'est irrésistible. Parfois, tu te mets à chantonner les notes que tu inscrits, et tu ne t'en rends même pas compte ; et lorsque tu es bloqué, tu te mords la lèvre, et tu parais être frustré comme un enfant qui n'a pas sa confiserie, c'est adorable.

- Tu m'as privé de mon instrument, bien sûr que je suis bloqué...
Il s'était ré-installé dans sa chaise longue, sa partition à peine ébauchée sous les yeux, et tentait d'ignorer ses joues rougissantes.

- Désolé, mais descendre la piano dans le jardin sera sans doute plus difficile que d'y amener quelques bols et ingrédients.

- Je sais bien...

Il retourna à son ouvrage. Frappant frénétiquement son crayon contre la feuille, il se tracassait l'esprit à trouver les notes adéquates.

Il sursauta en sentant des bras l'enlacer. Des bras enfarinés qui tâchèrent ses cheveux et sa chemise blanche.

- Franz! Fais un peu att...

- Je t'aime, Frédéric, lui susurra-t-il en embrassant son front.

Il s'était accroupi près de lui, tout en l'entourant de ses bras, et ses lèvres continuèrent de déposer des baisers sur sa joue, puis dans son cou.

- F... Franz... laisse-moi travailler...

- J'ai envie de toi, souffla-t-il en remontant sa main à ses cheveux, ses lèvres se faisant plus avides.

Chopin devint rouge pivoine. Jamais il ne lui avait encore parlé comme ça! À lui! Avait-il bu?! Il ne sentait pas l'alcool...

S'il était déjà assez embarrassé, il perdit réellement ses moyens lorsque Liszt monta sur la chaise longue et se mit au-dessus de lui. Tout en le dévorant de son regard provocateur, il lui prit son crayon et sa feuille des mains pour les déposer sur l'herbe.

La mélodie des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant