Schumann fut réveillé aux notes rapides d'un piano. Il s'essuya les yeux et se redressa, encore trop dans le monde des rêves pour se concentrer sur la mélodie et la deviner. Il jeta un œil à la place près de lui. Elle était vide. Meritis devait être déjà levé...
Il sorti du lit en bâillant, et se dirigea vers l'armoire, qu'il ouvrit après avoir passé une main dans ses cheveux. S'il n'était qu'avec Meritis, il aurait été prendre le petit déjeuner en tenue de nuit, mais vu qu'il risquait de croiser sa famille, mieux valait s'habiller. Il prit une veste et un pantalon gris, avec une chemise, sans trop y faire attention.
Après s'être vêtu correctement, il s'avança vers la porte, mais s'arrêta devant le miroir un instant. Juste le temps de se recoiffer un peu d'une main, remettant surtout plusieurs mèches embêtantes derrière son oreille.
Une fois dans le couloir, il suivit les notes qui avaient maintenant pris une tournure plus triste. Il arriva rapidement dans le salon, et réalisa qu'il avait eu raison de s'habiller, car non seulement Meritis était assis à sa table basse, mais son père y était assis aussi, lisant un journal, tandis que sa sœur était installée au piano.
- Bonjour, Mademoiselle Fanny. Bonjour, Monsieur Mendelssohn, les salua-t-il en s'installant avec eux sur un fauteuil.
- Monsieur Schumann! Avez-vous passé une bonne nuit? Lui demanda ce dernier en tournant une page de son journal.
- J'avais un affreux mal de crâne en m'endormant, mais il est presque parti. Il faut croire que votre demeure est très bénéfique à ma santé!
- Bien, bien. Vous savez ce qui l'est tout autant? Un bon déjeuner! Allons, Félix, sers donc ce qu'il souhaite à ton ami.
Celui-ci, qui avalait une grande gorgée de café, reposa sa tasse et se tourna vers son compagnon.
- Que veux-tu manger ce matin, Robert?
Il baissa les yeux sur la table basse, recouverte de mets à ras-bord. Des pâtisseries étaient déposées entre des assiettes de viande et de pomme de terre, et une corbeille de fruits en tous genres trônait au milieu de pots de beurre et de diverses confiture. C'était sans compter les carafes de chocolat, de thé, et les tasses de café collées aux deux verres et à la bouteille de Schnaps. Il en était presque sidéré. Pourquoi faire servir un déjeuner si riche pour si peu de personnes? De plus, Meritis n'avait mangé qu'une tartine, et son père semblait avoir à peine touché à sa viande. Enfin, il fallait en profiter, il n'allait pas se plaindre.
- Oh, ce qui est déjà servi me suffit. Tiens, des tartines de confiture, avec un café fera l'affaire.
- À tes ordres, sourit-il en lui déversant le café dans une tasse. Fais attention, il est encore très chaud.
Après la lui avoir donnée, il se permit de lui faire ses tartines, dans la foulée.
- Cela fait-il longtemps que tu es levé? Le questionna Schumann en entourant la tasse chaude de ses mains.
- Pas tant. Pourquoi, tu aurais voulu que je te réveille? Tu avais l'air de si bien dormir, je n'ai pas pu. Et tu étais si adorable, rajouta-t-il d'un ton plus bas.
Schumann s'empressa de boire son café pour cacher ses rougeurs.
- Et je vois que tu portes une de mes tenues, rajouta-t-il, non sans un rictus.
- Je n'ai pas vraiment fait attention. Excuse-moi.Et c'était la vérité. Il prit une tartine recouverte de confiture de fraises, et croqua dedans.
- Pourquoi t'excuses-tu? Porte-là autant que tu le souhaites.
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La mélodie des sentiments
Historical FictionUn concert, une déclaration, un baiser, et la perspective de passer une bonne soirée. Sur les quais de Seine, dans un coin tranquille de campagne, sous la bise maritime d'une plage, au recoin d'une chambre sombre, les sentiments tournoient comme une...