- Meritis... Meritis, réveille-toi!
Secoué, le compositeur n'eut pas d'autre choix que d'obéir. Les yeux à demi-ouverts, il se retourna vers son homonyme. Celui-ci était transpirant et plus que paniqué. Concerné, Mendelssohn se redressa légèrement, et dit d'une voix à peine éveillée :
- Robert, qu'y a-t-il...?
Ce dernier s'approcha de lui, tout en agrippant son bras.
- Il y a quelqu'un derrière la porte...! Je l'ai vu! Il ne veut pas partir!
- J'ai fermé la porte à clé, et nous sommes seuls ici. Ma domestique dort à l'étage, mais je doute qu'elle ne vienne nous espionner en pleine nuit... ou alors je devrais en changer.
- Non, non, ce n'était pas elle! C'était un homme, avec un chapeau et une canne! Tout habillé de noir, comme une ombre! Il est revenu...
- Tu as seulement dû faire un cauchemar, soupira-t-il en roulant des yeux.
- Si cela avait été un cauchemar, il n'aurait pas laissé ces traces de sang devant la porte!!
Soudain plus alerté, Mendelssohn se redressa complètement et fixa l'endroit en question.
- Robert, il... il n'y a aucune tâche de sang au sol.
- Je te jure que si! Tu ne dois pas les voir d'où tu es, et dans ce noir.
En effet, la pièce était plongée dans le noir, éclairée seulement par la lumière de la Lune qui traversait les rideaux. Mendelssohn roula de nouveau des yeux. Bon sang, il voulait juste dormir...
Il finit par sortir du lit, et s'approcher de la porte. Non, il n'y avait décidément rien au sol. Il avança sa main pour atteindre la poignée, et sursauta au cri de son compagnon.
- NON, N'OUVRE PAS!!
- Je veux seulement la fermer, vois-tu? Regarde...
Il referma doucement la porte, et attrapa une petite clé sur un meuble, afin de bien la fermer à clé. Tout en bâillant, il reposa la clé sur le meuble et retourna s'installer dans son lit.
- Voilà, la porte est bien fermée, et personne ne rentrera. À présent si tu veux bien, je souhaiterais dormir.
Il remonta ses couvertures jusqu'aux épaules, et ferma les yeux. Mais il ne parvint pas à retourner dans les bras de Morphée avec les gémissements et hoquets de Schumann près de lui.
Les sourcils froncés, il se retourna de nouveau vers lui. Il avait la tête dans ses genoux remontés, qu'il tenait fermement.
- Robert, qu'as-tu?
Il posa sa main sur son épaule, mais cela le fit violemment sursauter, alors il se ravisa. Le compositeur ne répondit rien, et se contenta de s'essuyer les yeux en tremblant.
- Tu... vois encore cet homme? Tenta-t-il.
Schumann hocha la tête.
- Il est près de la fenêtre. Mais il ne fait pas peur. C'est ce qu'il dit qui fait peur!
- Que dit-il?
- Que si je n'arrive pas à le faire fuir, il va m'accompagner, et qu'il me regardera me tuer! Ou te tuer toi, ou Clara, si je l'énèrve trop, il dit qu'il ne sait pas encore... il dit aussi que tu es trop présent auprès de moi, que tu m'empêches de m'épanouir! Que je devrais m'enfermer dans ma chambre pour composer jusqu'à en avoir mal aux mains au lieu de te suivre en voyage et d'écrire pour mon journal!
Mendelssohn le fixait avec incompréhension.
- ...Est-ce que tu veux me faire comprendre que tu ne veux plus voyager avec moi et que tu préfères rester en Allemagne?
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La mélodie des sentiments
Historical FictionUn concert, une déclaration, un baiser, et la perspective de passer une bonne soirée. Sur les quais de Seine, dans un coin tranquille de campagne, sous la bise maritime d'une plage, au recoin d'une chambre sombre, les sentiments tournoient comme une...