Chapitre 1.1 - La lettre anonyme

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Je marche seule dans un bois en pleine nuit. Au loin, j'aperçois une maison en verre illuminée par des centaines de bougies. J'ai le désir de rentrer dans cette maison pour découvrir ce qui se cache à l'intérieur, mais plus j'avance vers mon objectif, plus la maison s'éloigne. Les bourrasques me glacent le visage. Le froid pénètre sous mes vêtements, je frémis et claque des dents. Un sifflement attire mon attention.

Je regarde autour pour savoir d'où provient ce bruit étrange. Des frissons me parcourent le corps de haut en bas. Le silence, l'espace affreux mais captivant qui me sépare d'elle me met en garde. De forme humaine, elle n'a pas de visage distinct. À travers le buisson, ses yeux rouge sang me poignardent.

Tétanisée de peur, je n'ai qu'une envie : fuir !

Cependant, mes jambes restent de marbre. Elles s'ancrent dans le sol comme les racines d'un Chêne centenaire. L'ombre noire s'approche dangereusement. Je ne trouve plus la force de bouger.

- Petite petite, viens à moi. Ton odeur de fleur de rose m'est dangereusement agréable, en cette nuit, dit la forme humaine.

Elle avance plus près. Ses yeux palpitent, puis jaillit de nulle part un rire strident. L'espoir s'éteint sur mon visage. Elle n'a pas de pied et flotte dans l'air tel un fantôme.

- N'approchez pas !

Je me cache le visage terrorisé.

- N'aie pas peur mon enfant. Je ne te ferais pas de mal, voyons. Je... Je veux juste posséder ton âme !

Même les yeux clos, je perçois son regard diabolique me fixer. Je dois m'échapper.

J'ouvre les yeux. Mes jambes flageolent, s'engourdissent puis bougent toutes seules. Je fuis en direction de la maison de verre. Elle est loin, mais à cet instant précis je n'ai qu'une envie - me réfugier à l'intérieur. Je cours vers mon objectif afin d'échapper à mon destin funeste. Je ne veux pas mourir si jeune et surtout pas par cette ombre maléfique. La maison de verre est de plus en plus proche et ne s'éloigne plus. Je peux distinguer une immense porte en bois. Celle-ci est entrouverte - Étrange. Une fine lueur éclaire mon visage. J'ouvre la grande porte et la referme aussitôt pour échapper au démon qui me pourchasse. À l'intérieur, je découvre une grande pièce remplie de bougies allumées. Cette ambiance est chaleureuse et accueillante. Je suis à l'abri.

Une grande table en bois s'impose au centre. Elle est recouverte de plats tous aussi alléchants les uns que les autres. Mon ventre de petite fille gargouille. Il y a des gâteaux aux fruits confits, au chocolat, du poulet rôti, des corbeilles de fruits, des plats de pommes de terre accompagnés de divers légumes...

Mes yeux brillent d'allégresse devant toute cette affluence gargantuesque !

Mais, cette nourriture doit bien être pour quelqu'un. Cette maison doit être habitée.

Pourtant, il n'y a personne.

- Est-ce qu'il y a quelqu'un ?

Ma voix vacillante résonne dans la pièce vide.

- Je me suis perdue dans la forêt d'Eden.

Personne ne me répond. Tout cela me semble étrange. Les plats servis sur cette immense table dégagent une vapeur odorante. Des crampes intestinales me gênent. J'ai faim comme si je n'avais pas mangé depuis cent ans. Je décide de m'approcher pour prendre un morceau de gâteau au chocolat. Il faut que je mange pour me calmer. Personne ne peut me reprocher d'avoir tenté d'appeler. Je manque de faire tomber mon gâteau au chocolat, lorsque le parquet grince. Je me retourne et aperçois un homme assez âgé. Il est grand, assez mince et bien élancé. Sa longue barbe blanche lui touche presque les jambes et son crâne apparent est dépourvu de cheveux. Il est habillé avec un pantalon marron. Sa tunique jaune avec sa ceinture orange marque sa taille longiligne. Il porte un plateau avec un gâteau avec des fruits rouges dessus. Je me lèche les lèvres. Lorsque nos yeux se rencontrent, il ne paraît pas surpris ni apeuré. Au contraire, il me fait même un sourire assez chaleureux.

Sang d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant