Chapitre 5.1 - Orpheline

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Aujourd'hui c'est le grand départ. J'aborde le voyage avec appréhension, mais aussi avec un peu d'excitation. Je vais pouvoir découvrir les différents royaumes. Enfin, un peu d'aventure. Je range mes affaires propres dans mon sac à dos sans oublier mon collier que je garde précieusement autour de mon cou pour me porter chance. Le temps de ce voyage me permettra d'en apprendre plus sur mes professeurs. Du moins, je l'espère. Mon but est de trouver l'amoureux de ma mère. M. Steel pourrait tout à fait correspondre au profil. C'est le seul homme qui a la quarantaine. Je vais devoir le surveiller et trouver un moyen de me rapprocher de lui. À peine arrivée dehors, je constate que nous ne sommes pas les seuls à partir. Quelques élèves sont de la partie, dont Timéo. Moi qui étais contente de ne pas le croiser dans les couloirs depuis deux jours, me voilà à devoir passer une à deux semaines avec lui. Pourvu qu'il ne me remarque pas. J'accroche mon sac à dos sur la selle de mon cheval attribué. C'est un bel étalon noir surnommé Blacky. Je n'ai jamais monté à cheval, j'espère qu'il ne va pas s'emballer et courir au galop à vive allure. Je caresse délicatement son encolure et lui murmure à l'oreille.

— Coucou mon beau. Moi, c'est Hope. Je suis ravie de faire ta connaissance.

Blacky hennit, secoue son encolure à mon contact et trépigne des sabots sur place. Je pose mon pied sur l'étrier et agrippe sa crinière noire. Je pousse mon pied à terre pour prendre de l'élan, mais sans succès. Le cheval est trop grand pour moi. Quelle galère ! J'échoue trois fois avant de sentir une main sur mes fesses qui me propulse en l'air. Victoire ! Je suis assise sur ma selle en cuir marron.

— Merci pour... Hein !

J'écarquille les yeux, mon buste en arrière ; les traits de mon visage tiré jusqu'au front. C'est Timéo.

— Surtout, ne me dis pas merci. Je t'ai aidé parce que tu nous mets en retard.

Il part. Son arrogance ne m'étonne plus, je savais pertinemment que son acte n'était pas par pure gentillesse. Luna me rejoint, perchée sur son joli cheval alezan. Tout le monde est en selle prêt à partir. Une bonne semaine de voyage nous attend avant d'arriver chez Luna, le royaume de l'Eau. Celle-ci est très joyeuse à l'idée de revoir ses parents et son village. Le directeur ouvre la marche et nous avançons l'un après l'autre en file indienne sur deux rangs. Le château blanc s'éloigne. En route pour le sud de la contrée. La forêt d'Eden n'a pas changé. Elle est toujours aussi arborée et bien verte comme dans mes souvenirs. Blacky martèle le tapis de mousse avec vigueur. Je me sens plutôt à l'aise sur ce cheval. Durant notre balade, tout le monde parle gaiement, les conversations et les rires fusent hormis Timéo qui reste silencieux et ferme la marche. Ses traits fins ne bougent pas, il est impassible face au dynamisme du groupe. De temps en temps, je le vois parler au garçon à côté de lui qui garde le sourire sans que Timéo en fasse de même. J'ai l'impression qu'il est aussi froid avec ses amis qu'avec les inconnus. Je ne pense pas l'avoir vu sourire avec sincérité depuis mon arrivée à l'école d'Eden. C'est quand même dommage d'être aussi austère avec un physique à tomber par terre.

— Hope, qui a-t-il d'intéressant pour que tu n'arrêtes pas de te tourner sans arrêt ? dit Luna en haussant les sourcils.

Je me mords la lèvre.

— Euh... Non, c'est juste que j'aime bien regarder la végétation.

Je détourne le regard et admire l'environnement à son opposé. J'espère que Timéo n'a pas remarqué que je l'épiai du coin de l'œil. En y repensant, avec un visage aussi fermé c'est impossible.

— J'ai du mal à te croire, car la végétation est toujours la même depuis notre départ. À mon avis, c'est le groupe de garçon en troisième année qui te trouble.

Sang d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant