Chapitre 18.2 - Le Mont de l'âme perdue

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Après avoir marché une bonne heure au moins, nous retrouvons nos adversaires devant nous, prêts à grimper la paroi rocheuse de la montagne. Les mouvements de Timéo sont rapides et précis. Il a déjà gravi la moitié de la paroi avant même que je touche le mur de roche. Son corps musclé se contorsionne dans tous les sens pour ne faire qu'un avec la falaise accidentée. Sur le moment j'éprouve un soupçon de jalousie. Tout lui réussit, c'est agaçant. Il n'a donc aucune faiblesse ?

Mes mains se posent à plat sur la paroi froide et rugueuse. La falaise est immense et doit au minimum faire dix mètres de hauteur. Je me racle la gorge et ravale ma salive. Mon ventre se noue de douleur à cause de ma nervosité.

Déterminés, mes camarades se préparent mentalement à gravir la roche faisant obstacle à notre chemin. Nous savons que nous ne pouvons plus reculer. Nous devons surmonter nos peurs et l'escalader.

Cynan commence en premier, suivi de près par Ariel. Ils posent leurs mains sur des prises avec assurance et montent sans poser une seule fois un regard dans le vide.

Je prends une grande inspiration et pose une première main ferme dans un creux pour prendre appui et me propulser contre le mur. La paroi rocheuse accidentée bénéficie de plusieurs points d'ancrage qui facilitent mon ascension. Je grimpe pour la première fois une montagne. Moi qui voulais de l'aventure et bien je suis servie.

La nature de la roche a eu incidence sur mes efforts physiques à fournir. Mes bras et mon buste sont plus sollicités que mes jambes et pieds. Les parois granitiques sont constituées de fractures, de larges fissures exigeantes nécessitant principalement mes membres supérieurs. À cela s'ajoute la raréfaction de l'air au fur et à mesure que je prends de l'altitude et le poids de mon sac à dos.

Malgré les difficultés, je poursuis mon ascension sans relâcher la tension tant mes muscles sont contractés. De temps en temps, je secoue une de mes mains libres pour relancer la circulation de mon sang. Il m'a fallu une quinzaine de minutes avant d'apercevoir le bout de la falaise.

Je m'ancre une dernière fois et saisis la main tendue dans le vide de Cynan qui me propulse sur le plateau rocheux. Je reste allongée sur le sol pour reprendre mon souffle. Mais surtout soulager un bref instant, mon corps meurtri par l'effort. Selon ma carte, nous sommes presque arrivées au sommet. Ils ne nous restent plus qu'à gravir une pente accidentée par de nombreux éboulis rocheux puis quelques bosquets de conifères à traverser.

Je me relève, et observe l'horizon du parcours. Timéo et son équipe nous devancent. Ils sont plus rapides que nous. Nous n'avons pas une minute à perdre si nous voulons les rattraper.

Je monte les échelons, pose mon pied l'un après l'autre sur chaque roche en veillant à ne pas me tordre la cheville ni me retrouver coincé dans une crevasse. L'éboulis ne doit pas être récent, car la nature s'est implantée dans les trous et fissures entre les roches. Quelques fleurs blanches en forme d'étoile éclosent et offrent un parfum délicat et agréable sur mon passage. La fatigue se fait ressentir, car nous arrivons à peine à rattraper le groupe de Timéo.

Nous avançons sans réfléchir comme des machines programmées pour gravir cette montagne. Mes jambes brûlent, se contractent sous l'effort répétitif. J'ai l'impression qu'à tout moment mon corps va lâcher. En plus de l'effort physique, mon mental faiblit. Notre équipe progresse en silence à côté de celle de la faction du feu.

***

Nous sommes presque arrivés au sommet du Mont de l'âme perdue, et par chance, nous n'avons rencontré aucun danger. Sans doute que le livre racontait des mensonges. Notre plus gros problème reste l'équipe de Timéo. Un dernier bosquet de Pin camoufle le plateau du pic rocheux où doit se trouver le fameux bracelet de Lilith.

Sang d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant