Sang d'ébène

Chapitre 7.2 - La Terre des Gnomes

De retour dans mon cabanon, je prépare mes affaires pour notre départ vers le royaume de la Terre, notre prochaine étape. Je range ma brosse à dents, mon parfum à la rose et mon peigne dans ma trousse de toilette que je glisse par la suite dans mon sac à dos. Je plie soigneusement mes vêtements, les poses l'un après l'autre avant de refermer. Luna arrive avec une part de gâteau aux pommes à la main.

— Tiens, mange ça. Tu es partie comme une furie retrouver ton collier. Je n'ai pas envie que tu fasses un malaise durant notre voyage vers le territoire des gnomes.

Une odeur sucrée flotte dans l'air et m'arrive jusqu'aux narines. Heureusement qu'elle pense à moi.

— Merci, c'est gentil.

— Le principal c'est que tu as retrouvé ton collier.

— Oui, même si c'est étrange que ce soit Timéo qui l'avait en sa possession.

Luna interloquée, écarquille les yeux, la bouche grande ouverte.

— Comment ça ?

— Ne me pose pas la question, je n'ai pas la réponse. C'est le black-out total, je ne me souviens de rien hormis le fait qu'il m'a porté comme un vulgaire sac à patates.

— En tout cas, tu es bien la seule fille de première année à qui il parle...

— Je n'appelle pas ça parler quand tu rembarres sans arrêt la personne en face de toi.

Nous finissons de ranger nos affaires avant de rejoindre les autres à l'entrée du village. Je retrouve Blacky qui en me voyant arriver hennit de joie. Je pose la selle en cuir sur son dos puis glisse la ceinture le long de son flanc avant de serrer l'ensemble sur lui. J'approche ma bride de sa tête, celui-ci comprend immédiatement. Il passe sa tête. Une fois équipé, j'accroche mon sac à dos à l'arrière de la selle. Le moment crucial est arrivé. Je cherche un coin de hauteur pour m'aider à grimper sur lui, mais sans succès. C'est dans ces moments-là que je me maudis d'être petite. Luna me propose son aide, que j'accepte avec joie. Nous sommes tous en selle, prête à partir sur le chemin de la forêt d'Eden pour atterrir sur le territoire de la Terre.

***

Trois jours plus tard, nous approchons du village. Nous avions parcouru des centaines de kilomètres dans la forêt d'Eden. Toujours aussi verdoyante, je retrouve le même tapis de mousse verte qui délimite notre passage. L'épaisse cime arborée au-dessus de ma tête laisse de temps à autre apparaître le ciel bleu. Des champs de fleurs ponctuent notre expédition en passant du blanc au rose puis au rouge en terminant par un camaïeu de bleu rafraîchissant. Cette forêt regorge d'une végétation exubérante très florifère malgré l'ombre omniprésente due aux arbres.

Le village est fidèle au portrait que m'avait dressé Auggie durant notre première rencontre. Situées en bordure de la forêt sur une clairière fermée, les maisons en pierres grises sont ordonnancées en cercle. Quelques arbres se mêlent à la terre rocheuse et gisent à droite et à gauche du village où des cabanes en bois sont installées au plus haut dans les arbres. Comme chez le peuple du territoire de l'eau, les habitants nous accueillent chaleureusement. Quelques gnomes gris sont venus à notre rencontre également. Les hommes portent des pantalons marron avec une chemise vert foncé à carreaux. Ils ont une barbe de trois jours, un style bûcheron. Les femmes portent un pantalon marron avec une tunique verte. Comme moi !

Les couleurs caractérisent leur élément. Une odeur forte d'herbes fraîchement coupée me surprend. Des enfants s'amusent dans un champ juste à côté de l'entrée du village. Je suis bien loin du paysage maritime. Le son apaisant des vagues me manque. Des femmes s'avancent vers nous avec des colliers de fleurs blanches qu'elles nous passent autour du cou en signe de bienvenue. Les inflorescences aux cœurs jaune vif sont magnifiques et dégagent une odeur parfumée délicate. J'observe Luna le sourire aux lèvres qui touche son collier en veillant à ne décrocher aucun pétale. Un homme assez âgé sort du groupe pour venir à notre rencontre.