Chapitre 6.1 - La Terre des Nymphes

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C'est le grand jour. Après plus d'une semaine de voyage à dos de cheval, nous arrivons au royaume de l'eau. Les maisons flottent au-dessus de l'océan des Abysses. Les murs sont tous peints de couleurs explosives différentes et ressortent dans ce paradis bleu. J'imagine le brouhaha oscillant des marées qui tantôt fait fourmiller la plage de sable fin et tantôt le vide laissant apparaître divers coquillages et galets aux pieds des cabanes sur pilotis. Dans le ciel bleu turquoise virevoltent des mouettes qui chantent au-dessus des vagues. Un groupe d'hommes et de femmes nous attendent à l'entrée du village en souriant. Leurs habits reflètent les couleurs de l'océan. La jolie robe bleue de Luna est portée par d'autres femmes. Leurs longs cheveux blonds ou châtains pour certaines, sont parés de coquillages et de perles qui subliment leurs tenues. Les hommes sont habillés avec un pantalon gris clair et une tunique bleu marine arrivant tout juste au-dessus des genoux. Certains portent à bout de bras des cannes et des filets. Luna m'avait mentionné que l'économie du village dépendait de la pêche. Je me risque à descendre de mon cheval sans l'aide de personne. Quelle idée de m'avoir attribué un si grand cheval.

— Bonjour Peter

Une vieille dame accueille chaleureusement le directeur en le prenant dans ses bras.

— Bonjour Oceana

Le directeur se tourne vers nous.

— Les jeunes, je vous présente la chef du village de la terre des Nymphes.

— Bonjour, dis-je en chœur avec les autres.

Oceana est une petite dame âgée aux cheveux grisonnants avec quelques apparitions de mèches blanches. Elle est la seule à porter une robe bleue plus foncée et à avoir ses cheveux attachés en chignon.

Luna me surprend. Elle me bouscule pour se jeter dans les bras d'Oceana.

— Grand-mère, comme je suis contente de te voir !

Grand-mère ?

— Mon enfant, moi aussi.

Je suis stupéfaite, Luna ne m'a pas mentionné que sa grand-mère était la chef de son village. Elle ne m'a pas donné l'impression de passer pour quelqu'un de supérieur par rapport à son statut social ici.

Oceana se rapproche.

— Je vous souhaite la bienvenue au royaume de l'eau et j'espère de tout cœur votre réussite, ses prochains jours. Vous avez toute la journée pour vous détendre et visiter notre village avant votre première épreuve demain matin. Je vous invite à me suivre, je vais vous montrer vos cabanes où vous allez séjourner pendant deux jours.

Nous attachons nos chevaux sur une clôture rondins de bois puis nous la suivons, laissant les membres du village revenir à leurs activités. Luna s'attarde à saluer ses parents puis nous rattrape en courant. Elle est le portrait craché de sa mère.

L'ensemble du village vit sur l'eau, chaque cabanon se raccorde grâce à une passerelle en bois délimité par un chasse-roue. Les vagues frappent les pieux en bois enfoncés profondément dans le sol marin puis chahutent le rivage sableux.

Luna me rejoint.

— Petite cachottière, tu ne m'as pas dit pour ta grand-mère.

Je lui donne un petit coup de coude dans les côtes tout en lui souriant.

— Je sais. Je n'ai rien dit, car je ne voulais pas être jugée pour ma famille, mais pour la personne que je suis. J'ai rencontré beaucoup trop de filles qui se rapprochaient de moi uniquement à cause de la notoriété de ma famille.

Elle adresse un regard furtif à Ondine qui marche plus loin derrière nous.

— Je vois...

Elle me sourit.

Sang d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant