Chapitre 32.2 - Mon devoir

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Hope

— Il fait quoi là, soupiré-je.

Timéo s'approche de la première tente. C'est tellement frustrant. Depuis ma position, je n'arrive pas à lire sur son visage, ni entendre ce qu'ils se disent.

— On n'aurait pas dû lui faire confiance, dit Elios.

Timéo s'éloigne sous la poigne d'un jeune soldat. J'ai l'impression qu'il est en colère. Il me surprend a arraché l'épée des mains de notre adversaire. Merde, il fait quoi là ! Ça ne faisait pas partie du plan !

— Il faut allez l'aider !

Sans attendre mes amis, je me sors de ma cachette et cours en direction du campement. La majorité des hommes se retournent vers nous. Timéo s'agenouille brutalement en poussant des cris affreux et s'enferme derrière une barrière de feu.

Luna balance des geysers d'eau et propulsent trois hommes à l'autre bout du terrain en même temps. Elios lance des boules de feu sur nos adversaires mais il se retrouve très vite en mauvaise posture.

Un homme s'approche dangereusement de lui. Les mouvements d'Elios deviennent de plus en plus lents. Lorsqu'il pointe son arme sur lui, je projette un anneau de flamme autour de son bourreau.

Il pousse plusieurs cris de douleur puis s'évanouit au sol. Je n'aie pas le temps de l'aider à se relever que deux hommes m'attaquent simultanément. Leurs lames frappent l'air d'un bruit sourd. Je saute sur le côté pour leur échapper. A défaut de me toucher, elles découpent les herbes d'un coup net. Dos tournés, Luna en profite pour les expulser dix mètres plus loin.

— Attrapez-moi ses batards ! ordonne le jeune homme aux cheveux bruns aux deux soldats restant.

Timéo pousse des cris de supplication et se tord de douleurs à cause de lui. Mon cœur ne peut s'empêcher de vouloir le sauver. Je me relève et part à l'assaut. Luna et Elios tente de m'aider mais leurs membres se retrouvent rapidement paralysés. Ils tombent et se contorsionnent de douleurs. Leurs cris me donnent la nausée. Une lame fend l'air sans m'atteindre. Je l'immobilise avec un anneau de feu.

— Tu es plutôt coriace pour une fille, dit Marcos sur un ton méprisant.

— Si tu tiens à ta vie, je te conseille de relâcher ses enfants, dis-je sur le même ton.

— Je n'ai pas d'ordre à recevoir d'une pute dans ton genre ! Théo ! Maitrise moi ses trois vauriens en même temps pendant que je m'occupe d'elle. Je ne savais pas que l'élue était aussi séduisante.

Le dernier soldat sur pied acquiesce. Les cris de mes amis résonnent dans la clairière. Je frissonne de dégout. Ma colère irrite chaque cellule de mon corps.

— Qu'est-ce que tu attends le balafrer ! Approche, n'aie pas peur !

Ses yeux aussi noirs qu'une nuit sans lune me fixe froidement.

— Tu vas regretter d'être née ma belle ! Crois-moi ! Je vais t'attraper et te donner une bonne correction !

Il saisit une épée abandonnée au sol. Plus rapide que ses confrères, je l'esquive de peu mais elle me fait perdre l'équilibre. Je n'ai pas le temps de répliquer qu'il m'attrape par les cheveux. Putain ! J'aurais dû les attacher !

Il me traine sur le sol comme un vulgaire sac. Je me débats comme une folle et tente de l'atteindre avec mes pouvoirs. Mais je n'arrive pas à viser droit. Mes anneaux de feu fendent l'air sans même l'effleurer. Il lâche son épée et déboutonne ma tunique avec ardeur lui laissant entrevoir ma part de féminité. Je trésaille. Sa force masculine dépasse la mienne. Même infaillible à sa maitrise du sang, il arrive à me maintenir fermement au sol. Mes poignets plaqués contre l'herbe me privent de ma magie. Le poids de son corps m'oppresse. A bout de souffle, mes forces s'amenuisent.

— Alors, on fait moins la maline.

— Tu sais quoi ? Va te faire foutre !

Son rire sardonique me donne envie de vomir. Par réflexe, je lui crache au visage. A moitié aveugle, il essuie ses yeux. Il me donne une gifle. Ma joue me brûle. Je ne sens plus ma mâchoire. Il me serre de plus en plus fort.

Je suis allongée sur le sol, impuissante, en larmes et il me dévisage d'un désir malsain. Il observe mon corps et s'attarde sur ma poitrine à moitié dénudée.

Ma tunique ne cache plus grand-chose de mon anatomie. En voyant cela, il expire et se mord la lèvre inférieure. Il approche sa bouche de la mienne jusqu'à ce que j'arrête de respirer. Son étreinte est si féroce, que j'en regrette presque sa gifle.

Il empeste un désagréable mélange d'alcool et de transpiration. J'ai l'impression que je vais mourir. Remplis de fougue, il libère mes poignets pour toucher mes seins. C'est mon unique chance.

Dans un dernier effort, je le repousse avec un violent souffle d'air. Sa tête heurte le sol et le désoriente. Je ravale mes sanglots, essuie mes larmes et le fixe lentement. Inondée de haine, je brandis son épée et lui plante dans l'abdomen.

Un coup franc et net.

Il pousse un cri tout en posant ses mains sur la lame. Du sang frais sort de sa bouche. Son odeur métallique forte qui d'ordinaire me donnerait la nausée me fait sourire.

Ses yeux perdent de leur intensité, puis plus rien. J'aurais pu simplement l'immobiliser avec mes pouvoirs, mais il ne méritait pas ma pitié.

Le dernier soldat hurle et me menace. Comme un mirage, Timéo lui barre la route et lui tranche littéralement la tête. Epuisée, je m'écroule. Mes dernières forces s'estompent et me plonge dans les ténèbres.

Sang d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant