Chapitre 37 - A Cœur ouvert

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Timéo

Ma tête encore lourde, ne supporte pas d'avoir été frappée. Quelques gouttes d'eau tombent sur mon front et me réveillent doucement. Il fait noir. J'ouvre petit à petit mes yeux et observe l'endroit où je suis. Le sol est recouvert d'une épaisse couche de terre humide avec quelques flaques engendrées par l'eau qui tombe du plafond de stalactites glacées. Mon dos est refroidi par les murs recouverts de glace. Sur le coup, je ne réalise pas très bien où je me trouve, car ce lieu ne me dit rien. Il m'est inconnu et pourtant je connais chaque pièce du château, même ses passages secrets. L'endroit est sombre et limite ma vue à mes pieds grâce à la lueur d'une torche encore allumée. Je ne me souviens de rien mis à part le fait que j'étais en train de me battre contre les soldats de l'armée rouge pour protéger ma Hope. 

D'ailleurs, où est-elle ?

Je rampe au sol affaibli par mon esprit encore dans les vapes.

— Hope... murmuré-je avec une voix enrouée. Hope, tu es là ?

Aucun bruit ni signe de vie. Un frisson me parcourt l'échine. Mon bracelet s'active et brille de mille éclats, me provoquant par la même occasion une douleur vive dans ma poitrine. Mon cœur se serre à l'idée de la savoir en danger, voire morte. Je secoue vivement ma tête pour reprendre mes esprits. Non, et non. Elle doit surement s'être échappée durant la bagarre. Elle est maligne, forte et intelligente. Elle n'est pas le genre de fille à se laisser faire. Je masse ma nuque encore raide puis essaye tant bien que mal de ramper au sol pour trouver une sortie. Un lourd cliquetis retentit. Mes pieds sont attachés par un bracelet métallique épais relié à une longue chaîne fixée à la paroi de la grotte. Je glisse sur le sol humide jusqu'à ce que la chaîne tendue me bloque. 

Dans l'obscurité, je distingue un mur de barreaux en fer forgé. J'ai été fait prisonnier par le maître des ténèbres. Je reviens en arrière et m'adosse contre le mur. Son contact froid s'estompe petit à petit. Je soupire, observe mon bracelet scintiller. Mes pensées me ramènent à elle. 

J'espère qu'elle s'en est sortie. Je ferme mes paupières.

— Il est joli ton bracelet.

Une voix féminine transperce l'obscurité.

— Qui est là ?

Mes yeux épient la cage sombre. Je ne suis pas seul.

— Qui est là ? haussé-je, le ton, un poil agacé.

Le sol grince sous le poids d'un objet métallique. Des mains frêles surgissent de nulle part. Une masse sombre se dessine sous mes yeux et devient de plus en plus nette au fur et à mesure qu'elle s'avance vers moi. La femme porte une robe à manches longues devenue un haillon de couleur bleue décolorée. Sa peau mature est blanche comme la neige. Ses cheveux fins sont desséchés et touchent le sol. Seule leur couleur n'a pas terni à cause du manque de lumière. Ils sont extrêmement noirs comme l'ébène. Elle doit être enfermée depuis plusieurs années. Je suis choqué de savoir que j'ai grandi dans ses lieux sans savoir ce que mon père cachait dans les catacombes. Ses petits yeux ovales m'observent et sa voix douce fait écho dans le donjon de glace.

— Il m'est rare d'avoir de la compagnie. Comment t'appelles-tu jeune homme ?

— Timéo, Madame. Et vous ?

— Katarina.

Malgré ses chevilles attachées, elle arrive à se rapprocher et s'assoit à côté. Son regard persiste à observer mon bracelet. D'une main, je remonte ma manche pour le cacher.

— Tu ne l'aimes pas ?

— On peut dire ça... soufflé-je. Pourquoi êtes-vous enfermée ?

— Oh. C'est une très longue histoire, soupire-t-elle. Un début joyeux mêlé à une fin tragique. Mais toi ? Pourquoi es-tu enfermé ? Qu'est-ce que tu as bien pu faire pour qu'Archie t'emprisonne ?

Sang d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant