La brise matinale me réveille. Le feu brûle encore. Une dernière flamme persiste et émet une douce chaleur. Timéo n'est plus là. Je recherche autour de moi, mais rien. Personne à l'horizon. Inquiète, je me lève et crie son nom à plusieurs reprises. Il ne me répond pas. Seul le bruit de la rivière qui coule résonne dans mes oreilles.
Je me retrouve seule, perdue dans l'immensité de la forêt de conifères. Il ne peut pas être parti bien loin. Sa sacoche en cuir est posée sur l'herbe fraîche. J'attrape mon châle blanc, et le glisse autour de mes épaules. Je décide d'aller chercher quelques branches d'arbres pour raviver les flammes du feu. Cette activité me permet d'occuper mon esprit en attendant son retour. Pourvu, qu'il ne tarde pas trop.
Il m'arrive de repenser aux loups. Malgré leur beau pelage gris tacheté de blanc, leurs yeux jaunes brillants m'avaient glacé le sang. Je pouvais lire dans leurs yeux vifs qu'ils n'avaient qu'une idée en tête, me sauter à la gorge. Soudain, j'entends un bruit derrière moi. Le même bruissement de feuillage lorsque les deux loups nous épiaient. Paralysée de peur, je me fige sur place. Je n'émets aucun mouvement dans le seul but de ne pas attirer leur attention. Des bruits de pas s'approchent. Le sable s'affaisse sous l'effet du poids de l'intrus.
Je n'ose pas me retourner, saisis une poignée de sable dans ma main, prête à bondir et la projeter mon arme en pleine figure pour aveugler mon assaillant. Pas question de mourir aujourd'hui.
Pourquoi cet abruti de Timéo m'a-t-il laissé seule ?
Je jure que si j'ai la chance de le revoir je vais l'étriper sur place. Le bruit se fait de plus en plus proche. Je suis prête pour l'assaut final. Sans attendre, je me retourne en furie et lance ma poignée de sable sur mon agresseur.
— Merde Hope ! Ça ne va pas ! crie Timéo, replié sur lui-même. Il essuie ses yeux recouverts de sable.
— Oh, mince. Désolé ! Je pensais que tu étais un loup et puis j'avais peur, et puis tu n'étais pas là... alors, j'ai pris le sable... et... dis-je, confuse.
Je prends ma gourde, et m'approche de lui. Je lui penche la tête et renverse l'eau sur son visage pour nettoyer ma bêtise. D'une main je le caresse tendrement pour éliminer chaque grain de sable sur sa peau douce. À ma grande surprise, il se laisse faire. Toujours les yeux fermés, il ne bronche pas et patiente.
— Ne bouge pas. Je vais chercher de l'eau, car il te reste encore du sable.
— Je pense que je n'ai pas trop le choix.
Je cours en direction de la rivière. L'eau froide me saisit lorsque je plonge ma gourde. Une fois pleine, je retourne auprès de lui et lui renverse de l'eau sur son visage qui se crispe, saisi par son contact froid. Tout en continuant de caresser ses joues, il ouvre les yeux et me regarde sans prononcer un mot. La chaleur de mon corps grimpe instinctivement. Je reste plantée là. Mes mains emprisonnent son visage et mon cœur s'affole. Je me perds dans la profondeur de ses pupilles dilatées. Il se racle la gorge, puis s'écarte et détourne les yeux vers le feu.
Comme si, rien ne s'était produit, il attrape le bois qu'il avait récupéré quelques minutes plus tôt, et le plonge dans le brasier. Un nuage de chaleur se dégage soudainement, puis le feu reprend vie et apporte une puissante aura lumineuse. Je pars remplir ma gourde d'eau et bois quelques gorgées avant de le rejoindre autour du feu.
— Je pense que nous devons longer la rivière. On trouvera peut-être leur trace, dis-je sans le regarder.
— D'accord.
Mon ventre gargouille sans le vouloir. Gênée, je pose une main sur mon abdomen dans l'espoir d'atténuer le bruit.
— Je vois qu'il n'y a pas que moi qui ai faim.
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Sang d'ébène
FantasyCroyez-vous en votre destin ? Plongez au cœur du monde magique d'Eden, et parcourez la Terre des Nymphes, le Temple de l'Air, la Terre du feu sacré et la Terre des Gnomes. "Nul ne pourra l'atteindre, une lueur sombre coule dans ses veines. Infaillib...