Chapitre 21.2 - Ma descente aux enfers

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— Je n'ai pas envie de parler, je veux être seule.

J'entends Timéo changer de position et le soupçonne de s'asseoir près de moi.

— Tu es sourd ou quoi ?! Je veux être seule !

Il reste étrangement calme et ne me répond pas. D'ordinaire, il m'aurait incendié d'injures, de reproches ou bien il aurait trouvé une idée pour m'énerver encore plus. Mais là, rien. Il fait seulement acte de présence et n'attend rien en retour. Je le trouve bizarre depuis notre retour du Mont de l'âme perdue.

C'est vrai que l'incident à cause du serpent nous a quelque peu rapprochées. Je commence sincèrement à l'apprécier, mais ce n'est pas le bon moment pour avoir une discussion. Je pense à Luna, que va-t-elle dire lorsque je lui révélerai que je suis la fille du maître des ténèbres ? Va-t-elle avoir peur de moi ?

Un long silence s'installe entre nous. Seul le souffle du vent à l'extérieur donne un semblant de vie. Timéo se racle la gorge. Lentement, je sens son corps bouger pour venir se coller contre le mien. Je ne bouge pas.

— Fait comme si je n'étais pas là. Arrête de te retenir. Pleure, dit-il calmement.

Mes larmes montent. Elles perlent sur mes joues et viennent s'écraser au sol. Je pleure. Seul le bruit de mes sanglots fait écho dans la bibliothèque. J'évacue toute ma tristesse, ma colère, mes peurs à travers ses fines gouttes.

Timéo me surprend. Il prend ma main pour me soutenir. Sa douce étreinte me rassure et me réchauffe le cœur. Ne disant pas un mot, il m'entoure et me pousse à poser ma tête sur l'une de ses épaules. Il reste juste là, m'écoute pleurer. Après avoir évacué mon trop-plein d'émotion, je m'écarte de lui, et sèche mes yeux gonflés. N'osant pas croiser son regard, je fixe le mur de livres en face.

— Pourquoi es-tu sorti de l'infirmerie ? Tu dois te reposer, ça ne fait même pas un jour que tu es réveillé.

— Je ne suis plus malade.

— Quand même...

— Ne t'inquiète pas...

— Je n'ai jamais dit que je m'inquiétais.

— Alors pourquoi me poses-tu cette question ?

— Je... euh... par simple politesse, marmonné-je.

— Dommage. Je pensais que nous étions devenus plus proches...

Il marque un temps d'arrêt.

— Comme des amis.

Interloquée, je tourne la tête.

— Des amis ?

— Quoi ? Tu t'attendais à plus ? dit-il en me souriant malicieusement.

— Pas du tout, bégayé-je sans le vouloir. Je me racle la gorge.

C'est quoi mon problème, reprends-toi Hope.

— Ne t'inquiète pas pour ça, tu n'es pas mon genre de fille.

— Ah parce que tu aimes les filles ? dis-je avec une pointe de sarcasme. Je pensais que tu ne t'intéressais à personne.

— Ah enfin. Je te retrouve ! Je préfère te voir comme ça, plutôt que de te voir pleurer.

Il me sourit.

— D'ailleurs pourquoi pleurais-tu ?

Ma gorge se noue soudainement.

— Je n'ai pas envie d'en parler, tu ne comprendrais pas.

Sang d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant