Chapitre 14.2 - Initiation

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M. Steel pose devant chaque personne une coupelle en bois remplie d'eau. Il nous demande de reproduire les mêmes gestes pour former une boule d'eau. Tout le monde gigote sur place. Tous excités à l'idée de réussir ce premier exercice.

J'observe Luna reproduire avec succès la technique. M. Steel qui nous surveille la félicite de loin. Le sourire aux lèvres, elle m'encourage à essayer. Je fixe ma coupelle. L'eau plate m'attire et guide mes mains. Je ressens des fourmillements aux extrémités de mes doigts fins. Une vague de chaleur irradie l'ensemble de mon corps. J'effleure l'eau en surface, mes mains bougent de gauche à droite. Mon énergie propulse le liquide aqueux en dehors. Je suis un aimant humain. Je fais de grands gestes pour former les petites bulles. Je termine par les rassembler pour n'en former qu'une seule. Satisfaite, je regarde autour de moi. Je reste bouche bée face à la scène qui se déroule sous mes yeux. Je viens de créer toutes celles de mes camarades.

Leurs yeux grands ouverts me regardent déconcerter. D'un seul geste, je brise le lien qui nous unit. Chaque boule s'écrase au sol et éclabousse l'ensemble de la classe. Je ne sais pas quoi dire ni quoi faire. M. Steel se racle la gorge.

— Je vois que certains disposent d'une énergie qui rayonne sur tout le groupe. Tout le monde recommence l'exercice. Hope, viens à mon bureau s'il te plaît.

— Euh oui Monsieur.

Je me lève et traîne des pieds jusqu'à son bureau. J'évite de croiser les regards de mes camarades qui me dévisagent comme si j'étais une étrangère. Debout, je reste les yeux rivés au sol.

— Regarde-moi Hope, dit-il à voix basse. Je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête, mais sache que je suis là pour t'aider à apprendre à contrôler ton don qui ne cesse de grandir en toi. Je ne vais pas te répéter ce dont nous avons parlé hier soir. Mais sache que c'est la stricte vérité. Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais tu es celle que nous cherchons depuis plusieurs années au sein des élèves. Un jour tu m'as demandé si tu étais un monstre, et je le répète encore une fois. Non, tu ne l'es pas. Mais tu es bien notre sauveuse. L'espoir de toute une génération face à la menace qui pèse sur notre contrée. Hope regarde-moi s'il te plaît.

Je lève la tête, plonge mon regard dans le sien et trouve un certain réconfort dans la profondeur de ses yeux bleu clair. J'aperçois mon reflet dans ses pupilles dilatées, j'ai peur. Je n'arrive plus à me reconnaître. Ma vie a basculé depuis mon arrivée ici si bien que je regrette parfois de m'être enfui de ma tanière dans laquelle je vivais recluse, mais tranquille.

Parfois, je me demande s'il pense à moi lorsqu'il sort une fournée de muffins aux myrtilles. Le son bruyant des carillons résonne dans la salle de classe et me fait revenir à la réalité. Je n'aie pas le temps de jeter un coup d'œil sur son carnet qu'il le ferme.

— Vous pouvez laisser les coupelles de bois sur vos paillasses. Je vous souhaite une bonne journée et à demain matin.

— Bonne journée, dirent les élèves en cœur.

Pressée, je me retourne. Luna patiente à la porte d'entrée. Cependant, M. Steel me retient par le bras. Il fait signe à Luna d'attendre dehors. Elle hoche la tête et obéit à son ordre.

— Hope, nous n'avons pas fini notre conversation. Veux-tu arrêter de faire la muette et de m'adresser la parole s'il te plaît ?

— Je n'ai rien à vous dire. Je suis fatiguée et j'aimerais sortir de classe s'il vous plaît.

— Hope, vas-tu enfin arrêter de nier l'évidence ? dit-il, en haussant le ton. Oui je peux comprendre que tu as du mal à assimiler ses derniers événements, mais tu n'as pas le choix. Tu es...

Sang d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant