Chapitre 8.1 - L'armée Rouge

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Je m'échappe dans le champ d'herbes pour réfléchir. Je suis la seule parmi les élèves à avoir réussi deux épreuves consécutives. Tout le monde m'a dévisagé ahuri, même Luna qui ne m'a pas adressé la parole. Ce n'est pas normal. Tous mes plans se retrouvent bouleversés. J'ai l'impression de vivre une succession d'épreuves sans trouver aucune solution aux problèmes sous mes yeux. Et si je réussissais les deux autres tests à venir ?

Les herbes hautes s'agitent, une brise légère traverse l'étendue verte du champ déposant des écrins verts dans mes longs cheveux noirs ondulés. Le dos à plat au sol, je contemple un ciel bleu sans nuages à l'horizon pour ternir sa beauté. L'extrémité des herbes me touche le visage, si bien que mon nez se retrouve chatouillé à plusieurs reprises par leurs pointes. Je lève mon bras pour toucher les inflorescences des graminées, mais sans succès, elles sont trop grandes. Ainsi, je me relève. Je m'assois en tailleur sur le tapis d'herbes plaqué au sol par mon poids, puis essaye une seconde fois de caresser les pointes des graminées, avec succès cette fois-ci. Elles chatouillent mes paumes de main. C'est agréable. Je m'allonge puis je ferme les yeux en me laissant bercer par le son apaisant des herbes hautes qui s'agitent de gauche à droite par le souffle léger du vent. Quelques cris d'oiseaux viennent accompagner cette douce musique. Pour une fois, je laisse mes réflexions de côté pour m'endormir apaisée bordées par la nature.

Des cris stridents, disproportionnés me réveillent brusquement. Affolée, je me relève les yeux grands ouverts vers le village situé à une vingtaine de mètres. Dans ma stupeur, je n'ai pas remarqué un changement de météo : le ciel bleu est recouvert de nuages gris tachés d'ombres noires qui s'agitent. Une nouvelle fois, j'entends des cris d'effrois qui me glacent le sang. Sans me poser de question, je cours vers le village de la Terre, alarmée par les hurlements des habitants. L'ambiance est inquiétante, le soleil a disparu, remplacé par une lueur lugubre. Une atmosphère sombre plane au-dessus du village. Il n'y a plus aucun chant d'oiseaux dans l'air, la mère Nature s'est éteinte. À mesure que j'avance, je perçois les cris des hommes et femmes plus distinctement. Je remonte le village jusqu'à la place centrale. À bout de souffle, je m'arrête, paralysée par la scène effrayante qui se déroule sous mes yeux. Mon corps devient raide, mes mâchoires se contractent et mes poils se hérissent. Les habitants, les élèves et les professeurs accompagnés du directeur et d'Auggie sont paralysés au sol par des hommes habillés en rouge. Des ombres noires maléfiques planent au-dessus de leurs têtes les forçant à pousser des cris d'épouvantes à leur contact. L'ombre n'a pas de forme distincte, ses traits flous flottent dans l'air comme une flamme noire ondulant au gré du vent. À côté se trouve un groupe d'hommes habillés en combinaison de cuir rouge faisant ressortir chaque muscle de leurs corps bien taillés. Ils n'ont pas encore remarqué ma présence, trop concentrée sur leurs victimes paralysées à terre. Je fais quelques pas, quand soudain, je me retrouve propulsée en arrière. Ma bouche est recouverte par une main froide. Mon buste plaqué contre la façade d'une maison en pierre, je découvre, estomaquée, le visage de Timéo, son corps collé au mien qui me fait signe de me taire. J'agite ma tête de haut en bas puis Timéo lâche doucement son emprise. M. Steel est debout à côté de lui.

— Que se passe-t-il ? Pourquoi attaquent-ils le village ?

— C'est trop long pour être expliqué aujourd'hui, dit M. Steel. Sache qu'ils nous veulent du mal. L'armée rouge appartient au maître des ténèbres, un homme malveillant qui souhaite dominer l'ensemble de la contrée.

— Hein ? ! C'est quoi cette histoire ?

— Je n'ai pas le temps de te donner plus de détails. Il faut trouver une solution pour sauver les habitants et nos amis avant qu'ils les emmènent au royaume des ténèbres pour les enrôler dans leurs armées. Le problème ce sont leurs pouvoirs. Les hommes que tu as vus habillés en rouge possèdent une force obscure appelée la maitrise du sang ; c'est-à-dire qu'ils peuvent prendre le contrôle de notre corps. C'est pour cela que tout le monde est plaqué au sol sans pouvoir se défendre.

Sang d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant