Chapitre 17.2 - L'eau contre le feu

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Je ne m'épuise pas à aller aider Rubys, car au final ce n'est que mon adversaire. Théo effectue de grands gestes circulaires ; balayant l'air sur son passage pour former un violent courant d'air qui évoque une structure en forme de croissant d'air comprimé, capable de dévier les projectiles colossaux, comme les rochers enflammés catapultés par Rubys. Elle ne cesse de l'attaquer durant une bonne minute jusqu'à ce que ses forces s'épuisent et qu'elle soit à bout de souffle.

C'est alors que Théo en profite pour lui porter un coup fatal. Il forme un tourbillon d'air qui l'aspire et la propulse en dehors du terrain. La pelouse s'arrache sous l'effet de son poids. Elle s'écrase la tête la première dans l'herbe. Une grande partie des élèves se relèvent brusquement, choqués par le choc de l'impact du corps de Rubys dans la pelouse. Déboussolée, celle-ci se redresse les jambes toujours plaquées au sol. Elle crache, un bloc de terre humide mêlée à quelques brins d'herbe. Heureusement, elle n'a pas l'air blessée, car, rien qu'à voir son regard noir fixer Théo, elle est très en colère. 

Tous les regards se retournent vers moi à l'autre bout du terrain. Il ne reste plus que nous deux. Mais une seule victoire est possible. J'entends la voix grave de Cynan m'encourager sur le banc de touche. Je prends une grande inspiration, me redresse et défie Théo du regard. Même à l'autre bout du terrain, je peux voir son visage s'assombrir. Je fais abstraction du monde qui nous entoure et avance au centre de l'arène tout comme lui. À présent, je me tiens face à lui. 

Je lis la fureur et la détermination dans le noir de ses pupilles dilatées. Tout comme lui, j'ai l'ambition de me confronter au souffle invisible de l'air. Il y a un jour, j'avais peur de me retrouver face à un maître de l'air, mais maintenant je ne crains que l'échec. 

Nous nous positionnons en garde, nos mains se rapprochent pour se toucher en surface. Nous échangeons un dernier duel visuel. Puis, s'ensuit, une joute de points. Main droite, main gauche, main droite, main gauche, j'esquive ses attaques en les bloquant habilement. La fluidité de ses mouvements est égale à lui-même, il m'évite sans problème. Il s'écarte, prend de l'élan et me surprend à me donner un coup de pied violent dans l'abdomen.

Le choc me coupe la respiration, mais je ne faiblis pas. Il se propulse dans les airs et tente de me donner un énième coup que j'esquive en me jetant au sol. Je glisse contre la terre en émettant un nuage de poussière sur mon passage.

Il atterrit au sol et sans attendre, il se retourne pour m'attaquer. Il court, s'accroupit au sol et sous l'effet de la force centrifuge, il tourne sur lui-même sa jambe droite tendue, prête à me faire un croche-pied. 

Je me propulse en arrière, en réalisant un salto pour me défendre. Je commence à me fatiguer à cause de ses attaques simultanées. Je suis agacée de le voir toujours aussi énergique comme si rien ne pouvait décharger ses batteries. Il s'amuse à me lancer des boules d'air que j'évite en tourbillonnant, en sautant à gauche ou à droite.

Il m'épuise pour pouvoir me porter un dernier coup fatal. Je n'ai même pas le temps de répliquer tellement ses actions sont rapide. Entendre les cris d'encouragement de mon équipe me donne la force de continuer et de me battre jusqu'au bout. 

Cependant vient le moment que je redoutais le plus. Mes muscles se contractent, je perds petit à petit ma force vitale à force de le repousser. Je me prends une boule d'air en pleine figure qui me paralyse un instant. Mon pied se retrouve à quelques centimètres de la ligne blanche. Tout me semble perdu. À bout de forces, Théo s'approche de moi son regard déterminé, prêt à m'achever. Il vole dans les airs et pique vers moi tel un rapace prêt à porter un coup fatal à sa proie à terre. Si je n'ai plus d'énergie en moi pour repousser son attaque alors je vais devoir en puiser ailleurs. 

Sang d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant