Chapitre 23.1 - Le prophète Thomas

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Le jour se lève. Les rayons du soleil me chatouillent le visage. Malgré mon appréhension, j'avais réussi à m'endormir. Toute ma fatigue avait pris le dessus sur mon esprit perturbé.

Je gémis. Je baille, mon esprit encore embrumé. Mes yeux apprécient les halos lumineux qui éclairent notre chambre et nous réchauffent. Timéo est toujours endormi. Son corps tourné dans ma direction. Il est recroquevillé sur lui-même. Ses genoux touchent presque son bassin. Je me sens rougir à la vue de son torse dénudé. Il a attendu que je m'endorme pour enlever son t-shirt. Une chose est sûre, il n'a pas eu froid cette nuit.

Comme paralysée par sa beauté, je me surprends à le dévisager, ma tête posée sur l'oreiller délimitant chacun notre territoire. Comment une bouche aussi délicate peut-elle dire des méchancetés à longueur de journée ?

Bien que ses derniers jours, il ne m'ait pas trop ennuyé. Au contraire, il me surprend avec son attitude posée et bienveillante. Je me demande même pourquoi il s'est embêté à me suivre toute la nuit pour finir dans une auberge perchée au beau milieu d'un vieil arbre. Il aurait très bien pu avertir l'ensemble des professeurs et le directeur de mon escapade en dehors de l'école.

Soudain, Timéo gémit. Toujours ses yeux fermés. Il se tourne et il finit dos à plat sur le matelas. Je n'ose plus bouger par peur qu'il se réveille. Cette fois-ci, la vue de son torse nu est nettement plus provocante. Je savais que sous son tee-shirt se cachaient des abdominaux saillants et des pectoraux bien bombés, mais je reste tout de même troublée. Il est vraiment bien bâti.

J'entends des bruits de vaisselle qui s'entrechoque et la voix de la vieille femme qui bourdonne dans mes oreilles. Il doit être l'heure du petit-déjeuner. J'ai encore beaucoup de chemin à faire vers le village de la Terre. Mon plus gros problème c'est que je n'ai pas la moindre idée où habite le vieux Monsieur. Hormis la vision de la maison de verre dans mon rêve. Je peux éventuellement questionner la vieille femme. Étant donné son âge, elle doit surement avoir vu passer un grand nombre de voyageurs durant ses dernières années.

Avec espoir, je me lève doucement du lit. Un léger frisson me parcourt le corps lorsque mes pieds entrent en contact avec le parquet froid qui craque sous mon poids. Je m'arrête brusquement lorsque j'entends Timéo grogner. Je tourne la tête. Mais, rien. Il dort toujours. Je m'avance sur la pointe des pieds, ouvre la porte avec précaution puis sors.

Je longe le couloir, descends l'escalier guidé par le bruit du crépitement du feu. J'aperçois la vieille femme accroupie au bord de la cheminée, une louche à la main. Une légère odeur de porridge d'avoine flâne dans la pièce vide. Tous ses clients sont soit encore au lit soit déjà partis. Je m'approche d'elle tout en me raclant la gorge pour l'avertir de ma présence et éviter qu'elle sursaute, et ne tombe, pleine tête dans les flammes.

— Bonjour Madame.

Elle se retourne et m'adresse un grand sourire.

— Oh. Bien le bonjour, ma petite, toi et ton homme vous avez bien dormi ?

— Mon homme ? dis-je, troublée. Ah... euh oui. Très bien merci. D'ailleurs il dort encore.

Elle persiste à croire que nous sommes amoureux, c'est assez gênant. Heureusement que Timéo n'est pas avec moi, sinon il aurait apprécié rentrer dans son jeu comme hier soir.

— Azzois-toi, ma petite. Le petit-déjeuner est prezque prêt.

À sa demande je m'assois sur la chaise. Elle s'empresse de rapporter une carafe dont l'odeur amère vint me titiller les narines.

— Tiens, j'ai préparé du café. Tu aimes ça ?

— Oh oui, merci.

Elle verse le liquide noir dans une tasse. Je hume le délicat parfum boisé puis souffle au-dessus de ma tasse pour accélérer son refroidissement. La vieille femme retourne surveiller la cuisson du porridge au-dessus du feu. L'atmosphère calme me pousse à lui poser ma question qui me trotte dans la tête depuis mon réveil.

Sang d'ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant