Chapitre 3 - Trois ans plus tôt [4/6]

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Après avoir laissé la direction des opérations autour du cimetière, et plus largement en ville, à Julie, Martial se dirigea vers le poste de police, craignant pour la sécurité des deux magiciennes qu'ils avaient en cellule.
Conduisant à travers la ville, il constata que les explosions de haine étaient bien plus violentes et nombreuses qu'il ne l'avait d'abord cru.
Prenant le trajet le plus court vers le poste de police, il ne put cependant pas le parcourir en entier, juste les trois quarts. Plus il se rapprochait du centre, plus les affrontements gagnaient en intensité, à tel point que des barricades rapidement confectionnées bloquaient la route à certains endroits, l'empêchant de passer, du moins, en voiture.
L'inspecteur abandonna donc son véhicule dans un quartier non loin du poste pour le gagner en courant, se glissant entre les combats qu'il ne put complètement esquiver. Il n'eut cependant guère de difficultés à s'en défaire. Un coup de semonce tiré en l'air de son arme suffit à disperser les belligérants, pour l'instant du moins. D'expérience et à l'instinct, Martial se doutait que "discipliner" ces affrontements ne resterait pas aussi simple.
La violence allait certainement augmenter et donc aveugler ceux qu'elle possédait mais, pour l'instant, Martial avait bien d'autres préoccupations à l'esprit.
Gérant donc les choses les unes après les autres selon un ordre de priorité quelque peu subjectif, il se précipita jusqu'au poste dans lequel il entra, essoufflé.
L'avisant, les agents de garde, au nombre réduit de trois, comme toutes les forces de police avaient été déployées autour du cimetière en prévision d'un éventuel débordement, se ruèrent vers lui, submergés par tous les appels qu'ils recevaient à propos de tous les combats qui éclataient dans toute la ville et auxquels ils ne savaient que répondre, n'ayant aucune patrouille à envoyer sur place, et dont ils ne pouvaient qu'enregistrer le signalement.
L'inspecteur s'efforça de les rassurer en leur assurant que sa collègue gérait la situation, bien que ce soit plutôt présomptueux d'affirmer cela. Il se pressa ensuite de gagner les cellules de garde à vue desquelles provenaient une forte agitation, couverte dans l'accueil par les sonneries de téléphones qui continuaient à s'affoler.
Dans la cellule qu'elles partageaient avec Belladone, Shikou et Lavande se tenaient debout sur la banquette pour tenter de se soustraire aux coups qu'essayaient de leur porter les quelques anti-magiciens restant dans les cellules voisines en attente de leur inculpation. Se tenant au milieu du petit espace, Belladone les repoussait, recevant parfois les coups destinés aux deux filles qu'elle défendait, sans se priver de les insulter.
Martial fut impressionné, non pas par son vocabulaire dont il avait déjà pu avoir un aperçu, mais par cette attitude qu'elle adoptait : celle de protéger les autres en s'exposant partiellement sans se démonter dans sa façon d'affronter les choses et de s'efforcer de les contrôler.
Après tout, elle ne devait pas se laisser dominer facilement, comme son travail impliquait qu'elle se retrouve à commercer avec des individus rendus instables par le manque et prêts à tout pour une nouvelle dose de leur poison.
Avisant Martial, elle lui cria de faire quelque chose car, malgré sa combativité et les barreaux qui les séparaient toutes trois des anti-magiciens, elle se sentait sur le point de craquer et de se faire submerger par le nombre. Sans attendre, ne prenant même pas la peine de réellement observer la scène, Martial se précipita pour leur ouvrir.
Les trois jeunes filles jaillirent de la cellule, Martial ne pouvant mettre Shikou et Lavande en sûreté sans libérer Belladone par la même occasion. L'inspecteur ouvrit la bouche pour leur ordonner d'aller attendre dans son bureau, le temps que la situation devienne davantage maîtrisable, mais il fut pris de vitesse par une clameur provenant de l'accueil.
Il grommela et le juron que lâcha Belladone lui fit écho. Se pressant de se diriger vers la source du bruit, Lavande et Shikou quelque peu en arrière, contrôlant moins bien leur frayeur, ils découvrirent les trois agents qui luttaient pour bloquer la porte, retenant un flot d'individus agressifs à l'extérieur, de toute évidence des anti-magiciens.
Par un moyen ou un autre, ils avaient appris qu'il y avait des magiciennes sans grande défense au poste de police de la ville. Actuellement quatre dans le bâtiment, puisque toutes les forces de polices étaient dispersées un peu partout dans Saint-Théophile des Mines, les policiers n'étaient vraiment pas de taille à les affronter et rappeler leurs collègues aurait été inutile, comme ils ne seraient pas arrivés pas à temps.
Bien que cette idée le rendait furieux en provoquant un fort sentiment d'échec et d'impuissance, Martial se trouvait obligé de reconnaître qu'ils étaient incapables de protéger les jeunes filles magiciennes. Elles étaient en danger si elles restaient au poste. Tout ce qu'ils pouvaient faire, à la rigueur, était de retenir ces personnes suffisamment longtemps pour leur permettre de fuir et de trouver un endroit sûr où se réfugier.
Se tournant vers elles, tout en s'adressant plus particulièrement à Belladone, Martial ordonna :

Les Yeux du Pouvoir - Tome 4 : Vert Ombre [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant