Chapitre 8 - Rencontre avec la Mort

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Face à Margaux, encadré par tous les cartons, étendu au sol dans cette large flaque rouge, se trouvait un corps. Il s'agissait probablement d'un homme mais son genre était difficilement identifiable à cause du sang qui éclaboussait son visage et imbibait ses vêtements et sa poitrine était tellement lacérée qu'il était impossible d'y repérer une caractéristique masculine ou féminine.
Ce n'était cependant pas sur cette personne que Margaux se concentra mais sur celle se tenant au-dessus et qui s'acharnait sur elle, plongeant encore et encore une longue lame dans son poitrail alors qu'il était évident que la victime était morte depuis longtemps. C'était d'ailleurs ce bruit, celui de la lame heurtant le sol à chaque coup supplémentaire, qui avait alerté la jeune fille.
Toute aussi couverte de sang que le cadavre, la peau et les habits zébrés de longues éclaboussures rouges, il s'agissait d'une jeune femme. Son poing se serrait sur le manche du couteau qu'elle maniait visiblement avec un grand plaisir, à en juger par le large sourire torve qui fendait son visage.
Un visage qui aurait certainement pu être joli si il n'était pas maculé de tout ce sang ni marqué par cette terrifiante expression : le teint assez pâle aux pommettes rosées, à moins qu'elles ne soient colorées par le sang, d'épais cheveux noirs bouclés cascadant dans son dos et sur ses épaules, habillant son cou gracile, et des yeux en amande aux longs cils interminables qui étaient plus rouges que le sang autour d'elle, extrêmement foncés.
Il fallut plusieurs secondes pour que l'esprit de Margaux comprenne réellement ce qu'elle avait sous les yeux et qu'elle l'accepte.
Choquée par l'horreur, elle sentit un hurlement d'effroi incontrôlable monter dans sa gorge mais une main se plaqua soudainement sur sa bouche, l'empêchant de crier. Dans un sursaut, elle voulut se débattre mais on lui bloqua les bras pour stopper le mouvement qu'elle amorçait, et qui aurait probablement renversé la pile de cartons qui la dissimulait de moitié.
Cherchant néanmoins à se dégager, elle se tourna comme elle le put et découvrit le visage de Salim au-dessus d'elle. Rassurée de constater qu'il s'agissait d'un de ses compagnons, Margaux tenta de se calmer et cessa de se débattre.
Salim posa un doigt sur ses lèvres pour lui intimer le silence, qu'elle aurait gardé sans qu'il ne le lui conseil, n'ayant vraiment pas envie de se faire repérer par cette fille qui continuait joyeusement à massacrer le cadavre de cette pauvre personne, et il lui montra l'arrière de la pièce du pouce, lui signifiant qu'il valait mieux partir. Margaux acquiesça vivement, souhaitant tout sauf s'attarder sur les lieux.
Pour plus de sécurité, Salim la fit passer devant lui et tous deux rejoignirent Aleksy et Belladone, toujours non loin de l'entrée. Avant que l'un ou l'autre ne puisse les interroger sur la cause du visage livide de Margaux et de l'expression grave de Salim, ce dernier annonça qu'ils devaient quitter l'endroit immédiatement.
Voulant s'opposer, car ils n'en avaient pas encore terminé, certainement comme les autres équipes dispersées dans le complexe commercial, Belladone ouvrit la bouche pour argumenter son désaccord mais Salim le balaya avant même qu'elle ne le formule en prononçant uniquement un nom à voix basse : Erika.
La réaction de Belladone et Aleksy fut alors identique : tous deux lâchèrent un juron, à la différence qu'Aleksy le fit en polonais et Belladone en français. Margaux, elle, écarquilla les yeux.
Ils connaissaient cette fille ? Ce ne devait donc pas être la première fois qu'ils la croisaient. Après tout, elle était magicienne et, dans le milieu de cette guérilla, en fréquenter était courant.
Tendue et aussi silencieuse que possible, leur petite équipe quitta la réserve dont Aleksy, sortant en dernier, referma la porte derrière eux, protection supplémentaire peut-être un peu dérisoire.
De retour dans la pharmacie à proprement parler, ils se ruèrent vers la porte pendant que Belladone utilisait la fonction talkie-walkie de son téléphone pour avertir le reste de l'expédition. Tout en se glissant sous le rideau métallique que Aleksy et Salim gardaient soulevé, elle tenta d'obtenir une réponse à travers son portable.
Soudainement, une explosion dans les étages inférieurs résonna en ébranlant le bâtiment.
Sursautant, Aleksy lâcha le rideau qui, heureusement, ne s'écrasa pas sur Belladone car, presque simultanément, elle fut saisie par la cheville et tirée à l'intérieur de la pharmacie. Lâchant son téléphone, elle tenta de se raccrocher à quelque chose mais le sol lisse ne lui offrit aucune prise.

Les Yeux du Pouvoir - Tome 4 : Vert Ombre [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant