Chapitre 11 - Flic et alors ? [2/2]

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« En quelques sortes, répondit Adam. Cet ADN, il a déjà été retrouvé sur plusieurs scènes de crimes. D'abord, dans un village de trois cents habitants. Les victimes étaient un couple marié, un facteur et un retraité. Ensuite, dans une petite ville à quelques kilomètres, six cadavres. Après, on en a retrouvé un sur une aire d'autoroute, un autre dans un hôtel minable, puis trois à Paris, un à Lyon puis aujourd'hui à Saint-Théophile des Mines. À chaque fois, c'est plus ou moins le même mode opératoire et si c'est pas à l'arme blanche, la mort a été causée par des coups portés avec des objets contondants mais y a toujours un acharnement.
- Ce serait donc un meurtrier en série ? Suggéra Tanguy.
- Tu l'as, la raison de ces meurtres : aucune.
- Mais pourquoi venir à Saint-Théophile et quel rapport avec les magiciens et la guérilla ?
- Ça, on pourra sûrement le savoir qu'en retrouvant ce type et en l'interrogeant, si on le sait un jour. Bon, on a fait tout ce qu'on pouvait pour aujourd'hui et la journée est finie alors tu devrais rentrer chez toi, t'as besoin de te reposer.
- J'ai encore des trucs à terminer.
- Ok, traine pas trop tard quand même. Allons boire un verre à l'occasion. »

Tanguy acquiesça avant de saluer son collègue qui terminait de se préparer pour rentrer chez lui.
Abandonner son coéquipier après une journée pareille lui coûtait mais le jeune homme lui affirma qu'il allait bien, le poussant à regagner le domicile conjugal au plut tôt. De toute manière, Tanguy ne mentait pas. Il préférait rester au poste de sorte à utiliser son temps de façon constructive plutôt que de le gaspiller à tourner en rond chez lui à ressasser ses pensées qu'il ne pourrait libérer des images de la scène de crime.
Autant s'occuper l'esprit avec le travail, même si cela impliquait également cette même scène de crime mais se concentrer dessus dans un cadre professionnel dans le but de la comprendre était tout à fait différent de se laisser hanter. Ça permettait de prendre du recul, de mettre de la distance et de se défaire de l'émotion qu'elle impliquait. Ça lui semblait être le meilleur moyen de ne pas laisser ce traumatisme prendre de l'ampleur et de s'en défaire.
Que pouvait-il faire d'autre de toute manière ?
Se remettant donc à la tâche, il ouvrit le dossier apporté par Adam pour noter plus précisément les localisations exactes des meurtres précédents pour ensuite contacter chaque juridiction dont ils relevaient.
Le plus fastidieux fut de réexpliquer la situation à laquelle ils se retrouvaient confrontés ici et de demander si il pouvait avoir accès aux différents dossiers et aux preuves. Certains de ses collègues se montrèrent réticents à partager leurs informations mais il parvint néanmoins à obtenir les dossiers après plusieurs négociations.
Il tomba également sur une collègue plus coopérative qui lui expliqua que, en étudiant les affaires de meurtres non résolues, il lui semblait que ce meurtrier avait causé d'autres morts qu'on avait été incapable de lui attribuer par manque de preuves. En effet, pour tous les meurtres qui composaient la liste des crimes de ce tueur, c'était l'ADN retrouvé sur les lieux qui avait permis de conclure que le coupable était le même et donc un tueur en série.
Après des remerciements qui conclurent ces appels, Tanguy raccrocha le combiné du téléphone pour ouvrir sa boite mail professionnelle où il trouva, transmis dans les plus brefs délais, les récapitulatifs des dossiers. Ainsi, il découvrit que, dans deux des juridictions, l'affaire avait été classée par manque de piste à suivre. En revanche, pour les autres, les investigations se poursuivaient toujours, du moins pour le principe car elles n'avançaient plus depuis qu'on avait ramassé les cadavres. Ces enquêtes menées précédemment ne le guideraient probablement pas vers une piste de résolution.
Cherchant donc ailleurs, il fit s'afficher une carte du pays sur son écran d'ordinateur pour y marquer les différents endroits où les meurtres avaient été commis. Ce qui en ressortit fut que le meurtrier se déplaçait, ce qu'il avait déjà parfaitement compris seul, mais le but avait plutôt été de mettre en relief une trajectoire qu'il suivait, sauf qu'il n'en était rien. Ces déplacements paraissaient davantage être le fruit du hasard.
Tanguy avait néanmoins l'intuition que quelque chose les motivait, tout comme les meurtres d'ailleurs, qu'il sentait être autre chose que de simples massacres gratuits, cependant, il ne trouvait pas quoi, aucune explication valable qui aurait créé un lien entre tout cela.
N'abandonnant pas pour autant, le jeune homme se concentra sur les victimes mais, encore une fois, cela ne les conduisit nulle part. À part le couple marié, elles n'avaient aucun lien entre elles, à part le fait qu'elles avaient habités au même endroit lorsque le tueur avait sévi. Elles avaient fréquenté des personnes et des milieux différents, avaient travaillé dans des domaines sans connexion, étaient d'âges et de sexes différents. Autrement dit : il ne semblait pas exister le moindre rapport entre elles.
Encore une fois, le hasard paraissait dicter le choix de ces victimes alors que Tanguy avait la sensation inverse.
Alors qu'il réfléchissait à toutes ces pièces qui ne s'imbriquaient pas entre elles, il entendit quelqu'un s'adresser à lui mais, plongé dans ses réflexions, il ne comprit pas. S'extirpant donc de ses pensées, il tourna les yeux vers Julie, sa veste sous le bras et son sac sur l'épaule.
Devinant qu'il ne l'avait pas écoutée, elle répéta de nouveau sa constatation :

Les Yeux du Pouvoir - Tome 4 : Vert Ombre [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant