Chapitre 26 - De la paix à la mort

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« Et, du coup, elle ressemble à quoi, Arich ?

S'enquit Lison et les autres appuyèrent la question en hochant la tête, visiblement également curieux de la savoir. Surprise et perplexe, Eléa se tourna vers Gabriel avec qui elle échangea un regard circonspect, le menton baissé et les sourcils arqués.
Ayant réuni les autres membres les plus proches du commandement de la faction une fois réveillés et remis de leur longue nuit, en début d'après-midi, Eléa et Gabriel venaient de confier à leurs camarades ce qui avait finalement amené Eléa à prendre la décision qu'elle allait leur soumettre, la raison pour laquelle elle les avait appelés, en taisant bien évidemment le passé de Belladone, ou Larissa de son vrai nom, qu'ils avaient découvert ce matin, et tous ce que leurs interlocuteurs retenaient de ce récit, dans lequel Eléa avait tout de même avoué avoir voulu tout abandonner durant suffisamment longtemps pour le tenter, était des interrogations sur le physique d'Arich.
Décidément, cette jeune femme fascinait d'une façon ou d'une autre puisque c'était également à ce sujet que les avait immédiatement questionnés Belladone sans qu'ils ne comprennent pourquoi.
Les deux jeunes gens étaient donc assez ébahis que la seule réaction des autres était de chercher à en apprendre davantage sur Arich à l'issue de ces explications. Le voyant bien dans leur expression, Salim précisa en se rejetant contre le dossier de sa chaise, les bras croisés sur la poitrine :

- Non, c'est juste qu'on se demande à quoi peut bien ressembler une personne qui a les nerfs et la patience de travailler quotidiennement avec Aleksy.
- Elle est petite, avec de longs cheveux noirs, des yeux très vert, une beauté sauvage, décrit Aleksy, et elle a pas vraiment de patience, pas beaucoup de nerfs non plus. Heureusement qu'on communique surtout par mails ou téléphone parce que, sinon, je m'en ramasserais des tartines ! Mais j'aime quelqu'un d'autre (en ajoutant cette dernière phrase, Aleksy lança un regard équivoque à Belladone qui feignit de ne pas saisir une quelconque allusion).
- Elle a l'air sympa ! Lança Irwan.
- Peut-être qu'elle pourrait nous aider... Réfléchit Elisabeth.
- Non, j'ai pas envie de me faire taper dessus ! Ironisa Aleksy.
- Oui, enfin bref, c'était pas juste pour vous raconter ce qu'il s'est passé cette nuit, recentra Eléa, que je vous ai à tous demandé de venir pour une réunion, mais car ça m'a fait réfléchir et penser à quelque chose. C'est clair que je suis pas la seule à être usée par la situation et la violence qui augmente. Je suis pas non plus la seule que ça effraye.
- Ouais et ça pourra aller mieux que quand tout sera terminé. Soupira Nolwenn.
- Justement. Il faut que ça se termine, pour tout le monde et je veux tenter quelque chose pour nous faire entendre et peut-être faire bouger quelque chose. Reprit Eléa.
- Tu crois réellement que quelque chose comme ça peut se faire ? Demanda Monsieur Moreau, les sourcils froncés.
- Je veux au moins essayer de faire passer notre message.
- Et c'est quoi, notre message ? S'enquit Adriel.
- Ce pour quoi on s'est tous réuni au sein de ce groupe : l'union malgré les différences, une égalité pour tous, pas de différence de traitement ou de regard en fonction de ce qu'on est. Récita Eléa et la lueur dans ses yeux montrait qu'elle y croyait sincèrement.
- On croit tous à ça depuis le début, déclara Elisabeth, et on essaye d'aller en ce sens, depuis trois ans, mais, en ce moment, on dirait que nous nous débattons plus pour survivre qu'autre chose.
- Justement ! On rappellera à tous quel est notre objectif, aux autres et à nous-mêmes. Expliqua Eléa.
- Alors que proposes-tu ? Demanda Gabriel, pas davantage au courant que ses camarades.
- Ça va peut-être vous paraître stupide, prévint Eléa, mais je pense à une grande marche pacifique. Comme un défilé où l'on marcherait tous ensemble, main dans la main, magiciens comme personnes "normales", sur un pied d'égalité. Et pas juste toute la faction mais tous ceux qui pensent que cette égalité est un droit pour tous. Il faudra demander leur avis aux autres membres mais je pense qu'il faudrait trouver un moyen de prévenir tous les gens qui voudront se joindre à nous de la date et du lieu de départ, quand on les aura trouvés. Je sais pas ce que vous en pensez...
- Alors, on marcherait tous ensemble dans les rues de la ville pour montrer que nous sommes unis et que c'est ce que nous voulons pour toute la société, juste marcher pour se montrer et revendiquer notre égalité ? Résuma Nolwenn avec un léger ton d'interrogation.
- Oui, ce serait l'idée. Confirma Eléa en se tordant les mains, craignant qu'on ne lui fasse remarquer que c'était une action stupidement inutile qu'elle avait imaginée.
- Ce serait un beau symbole ! S'enjoua Lison.
- Ouais, c'est le genre d'événements qu'on commémore des années après ! S'enthousiasma Irwan.
- Oui, ce serait un moyen de faire entendre nos idées de façon assez frappante. Approuva Monsieur Moreau.
- Le pacifisme sera également apprécié et pourra nous donner une crédibilité, plus de valeur et de crédit à ce que nous défendons. Signala Raphaël.
- Donc, vous êtes d'accord ? S'enquit Eléa.
- Ouais, c'est une super idée ! Répondit vivement Alana avec un large sourire.
- Alors il faut demander leurs avis aux autres et aussi organiser ça, lieu, date, heure et moyens d'inviter tous ceux qui partagent nos convictions. Annonça Eléa.
- On procédera à un vote à main levée, ce sera plus rapide. Proposa Monsieur Moreau.
- Pour avertir tout le monde, pourquoi est-ce qu'on irait pas au plus simple ? Des affiches ou quelque chose du genre qu'on mettrait dans la ville ? Imagina Aleksy.
- Non. Le truc, c'est qu'il faut trouver un moyen d'avertir les personnes qui voudront marcher avec nous mais juste elles pour éviter que les autorités s'en mêlent parce qu'elles auraient les mêmes indications. Expliqua Irwan.
- Peut-être qu'il faudrait passer par quelqu'un d'extérieur qui transmettrait l'info. Suggéra Léo.
- Tanguy. Soumit Raphaël en prenant à peine le temps d'hésiter sur la personne idéale pour ce rôle.
- Pourquoi lui ? Se renseigna Belladone, qui ne connaissait pas le jeune homme comme les anciens de l'institut Belforde.
- Il est inventif et débrouillard, ce gamin, et comme il est flic, il pourra contrôler l'information pour être sûr que les autorités l'auront pas. Argumenta Alana.
- Sauf que ça mettrait sa carrière en danger. Fit remarquer Nolwenn.
- Mais il l'a déjà fait hier pour nous parler de...(Lison prit une inspiration tremblante) de Roxanne. Il est de notre côté.
- On peut au moins essayer de lui en parler, proposa Adriel, on est sûr qu'il nous dénoncera pas, au moins.
- Bon, alors on fait comme ça. Conclut Gabriel.
- C'est...super. »

Les Yeux du Pouvoir - Tome 4 : Vert Ombre [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant