Chapitre 14 - Fleur fanée [2/2]

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Tout en gardant Lavande en joue, la femme se concerta avec certains de ses compagnons pour décider si ils allaient ou non accepter la proposition de la jeune fille.
Même si cette dernière l'avait faite par réflexe, seulement pour sauver sa vie, elle avait cependant réfléchi rapidement avant d'ajouter la précision sur la localisation car ce n'était pas celle du quartier général des suprématistes.
En effet, si elle amenait ces anti-magiciens face à des magiciens, la confrontation serait inévitable, or avec des magiciens plus nombreux qui pouvaient compter sur leurs pouvoirs, les anti-magiciens, bien qu'armés, auraient dû perdre et, ainsi, Lavande serait sauvée, cependant, si elle les avait conduits à son propre camp, ça aurait certainement été considéré comme une trahison et, une fois sauvée, elle aurait été chassée, ce qui était inconcevable pour elle, comme elle avait besoin d'un endroit où vivre.
En revanche, il n'y aurait eu pour elle aucune conséquence à lâcher des anti-magiciens sur les égalitaristes. C'était la meilleure solution pour se tirer de ce mauvais pas.
Évidemment, Lavande ne connaissait pas l'emplacement du quartier général des égalitaristes mais, grâce à de nombreuses observations et des relevés, certains des hommes de Victor avaient repéré le secteur où se situait certainement le repaire des égalitaristes, ce que Liroy avait pu confirmer récemment. Il suffisait à Lavande de conduire les anti-magiciens à ce secteur et ils trouveraient des indices qui les mèneraient à une localisation plus exacte, ça n'aurait pas dû être un problème.
Terriblement nerveuse, la jeune femme fixa les anti-magiciens qui débattaient sur sa proposition, sachant qu'un refus aurait équivalu à une exécution.
Finalement, ils acceptèrent qu'elle les conduise à ce foyer de magiciens.
Lavande se releva en tremblant de tous ses membres. Sous la surveillance d'une arme, elle suivit les anti-magiciens hors de l'asile jusqu'à plusieurs voitures. On fit monter Lavande dans l'une d'entre elles, après avoir réexpliqué la situation au reste du groupe.
Depuis la banquette arrière, la jeune femme guida la caravane composée de cinq voitures pleines jusqu'à la zone industrielle qu'elle avait désignée. A mesure qu'ils s'en rapprochaient, l'anxiété de Lavande augmentait.
Que se passerait-il si ils ne découvraient aucun indice pour les conduire à une localisation plus précise ? Et comment les anti-magiciens allaient-ils réagir lorsqu'elle leur apprendrait qu'elle n'avait en réalité aucune adresse exacte à leur fournir ? Comment pourrait-elle échapper à la balle dans la tête ?
Ses tremblements de panique la reprirent alors que, encore une fois supplémentaire en cette journée, elle repensait à son père.
Alors qu'ils traversaient la zone industrielle et que l'homme au volant s'impatientait du fait que Lavande n'indique aucun des bâtiments qu'ils longeaient, malgré les efforts de la jeune fille pour trouver quelque chose qui lui aurait fait penser que les égalitaristes vivaient dans l'un ou l'autre, elle repéra soudainement plusieurs personnes, un groupe d'une dizaine, qu'elle reconnut en partie, au point de pouvoir mettre un nom sur ces visages : Belladone, Eléanora et Monsieur Moreau, parmi d'autres qu'elle ne connaissait pas.
Immensément soulagée, elle s'exclama en pointant le groupe à travers la vitre de la voiture. Surpris, le conducteur freina violemment et sermonna brutalement Lavande qui osa à peine expliquer qu'elle avait reconnu plusieurs magiciens.
À cette annonce, l'attitude des deux anti-magiciens changea. Ils échangèrent un regard de connivence puis la femme, sur le siège passager, prévint ceux dans les autres voitures par téléphone.
Laissant un peu d'avance au groupe à pieds, ils se garèrent et attendirent tout en gardant, avec une distance raisonnable visant à ne pas se faire repérer, le groupe en visuel, comptant bien qu'il les conduise à leur quartier général. Ce qui ne tarda pas car ils les virent pénétrer dans un imposant entrepôt.
Communiquant par leurs portables, tous quittèrent l'habitacle de leur véhicule pour pénétrer à leur tour dans le hangar. Dans la semi-obscurité, ils repérèrent aisément les silhouettes des membres du groupe, en réalité composé de sept personnes. Lavande avait extrapolé le nombre qu'elle avait vu dans la panique et ce n'était pas la seule chose sur laquelle elle s'était fourvoyé car elle les connaissait presque tous.
En plus d'Eléanora, de Monsieur Moreau et de Belladone, il y avait également Irwan, Marianne et Adriel, qu'elle avait pu apercevoir quelques fois à l'institut Belforde. Il n'y avait finalement que la fille blonde à l'air inquiet qu'elle ne connaissait pas.
À pas silencieux, les anti-magiciens se postèrent dans leurs dos en braquant leurs armes sur eux, profitant qu'ils soient tournés face au mur, par ailleurs dissimulé par un empilement de caisses de marchandises laissées sur place, mais, captant certainement un bruit grâce à ses pouvoirs, Irwan se retourna vivement et poussa immédiatement un cri d'alerte pour prévenir ses camarades qui, dans le même réflexe, se jetèrent derrière les caisses en guise de bouclier pour les protéger.

Les Yeux du Pouvoir - Tome 4 : Vert Ombre [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant