Chapitre 25 - Larissa Robine

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S'extirpant vivement de l'habitacle de la voiture, Eléa et Gabriel se dirigèrent vers la bouche d'aération, forcés de refaire cette partie du trajet comme à l'allée pour esquiver le barrage.
Penchée sur le volant, Arich s'assura que ça allait aller pour eux en réitérant sa proposition de les accompagner mais ils la déclinèrent en assurant qu'ils se débrouilleraient, considérant que c'était à eux de régler cette situation délicate sans impliquer davantage de monde, surtout des personnes extérieures. Leur souhaitant donc bonne chance en leur signalant que la porte de l'Entre les Mondes leur était ouverte, Arich effectua un demi-tour.
Eléa et Gabriel la saluèrent d'un signe de la main. Quelqu'un de relativement étrange mais de plutôt sympathique et serviable.
Ne perdant pas davantage de temps, ils se glissèrent dans le conduit d'aération, pour la deuxième fois en quelques heures, ce qu'ils n'avaient absolument pas prévu. Malgré leur fatigue, ils se pressèrent de remonter la galerie, alternant entre course et marche rapide.
Ils débouchèrent dans la salle commune, vide mais qui ne tarderait probablement pas à se remplir comme il était bientôt sept heures. Ne s'y attardant pas, ils se ruèrent à la recherche d'Aleksy pour le confronter à ce qu'Arich leur avait révélé en commençant par la pièce qu'il occupait comme chambre où ils entrèrent sans prendre la peine de frapper mais il n'y avait personne, juste le matelas aux draps froissés et des affaires entassées sans grand ordre.
Où pouvait se trouver le jeune homme si il n'était pas en train de dormir dans son lit à cette heure-ci ?
Il ne leur restait certainement plus qu'à explorer tout leur quartier général en croisant les doigts pour tomber sur Aleksy en espérant qu'il n'était pas sorti pour une opération quelconque. Tout en réfléchissant à l'endroit le plus susceptible d'être occupé par Aleksy en ce moment, ils repassèrent par la salle commune.

« Qu'est-ce que vous foutez là, tous les deux ? (interpellés de la sorte, Eléa et Gabriel se tournèrent vers Belladone, les bras croisés sur la poitrine). Vous savez qu'on a passé toute la nuit à vous chercher ? Vous étiez où, bordel ?
- C'est un peu compliqué mais, maintenant, c'est nous qui cherchons quelqu'un. Expliqua Gabriel.
- Vous cherchez qui ?
- Aleksy. Répondit sobrement Eléa.
- Pourquoi ? S'enquit Belladone, un sourcil arqué.
- Vous m'avez pas élue comme chef ? Donc, techniquement, j'ai pas de comptes à rendre, ce serait même l'inverse en un sens, mais on s'inquiète. On a appris, tout récemment, qu'il était sûrement atteint d'une maladie qui pourrait en faire un danger pour les autres alors faut vraiment qu'on le trouve et qu'on soit assuré que...
- Schizophrénie. La coupa Belladone. J'ai posé mon diagnostique y a un moment déjà.
- Tu le savais ? S'étonna Gabriel.
- Pourquoi t'en as jamais parlé ?
- Parce que j'en ai pas vu l'utilité et qu'il m'a demandé de pas en parler. Se justifia Belladone.
- Pas vu l'utilité ? T'étais là quand il a eu sa crise dans le centre commercial ! Il pourrait être dangereux ! S'emporta Eléa.
- Venez.

Les invita Belladone avec un geste de la main avant de se détourner pour s'engager dans l'une des galeries.
D'abord, Eléa voulut la retenir et qu'elle s'explique directement sur le pourquoi elle avait cru raisonnable de cacher la maladie d'Aleksy alors que, à cause des crises de violence qu'elle semblait entrainer, l'information concernait tout le monde, mais elle préféra se résigner à suivre la jeune femme.
De toute manière, quelles que soient les exigences qu'on lui imposait, Belladone faisait seulement comme bon lui semblait, toujours. Elle disait les choses comme elle le voulait en se moquant des attentes qu'on manifestait face à elle, qu'elle entretienne ou non un rapport de supériorité ou d'infériorité avec ses interlocuteurs.
Connaissant le caractère de la jeune femme, le meilleur moyen d'obtenir des explications plus précises sur Aleksy était de lui obéir et de la suivre, donc, ils lui emboitèrent le pas en espérant que cela les amènerait vers des justifications qui leur conviendraient davantage. Belladone les conduisit dans l'infirmerie récemment installée, comme en témoignaient les quelques cartons de produits de soins pas encore rangés dans l'armoire, mais ce n'était pas pour cela que Belladone les avait entrainés dans cette pièce.
Allumant la lumière en pressant sur l'interrupteur, rendant la vision plus confortable que lorsqu'ils s'éclairaient uniquement de leurs téléphones portables, Belladone leur révéla l'identité de la silhouette étendue dans l'un des lits qu'ils avaient pu seulement deviner dans l'obscurité : Aleksy, endormi profondément, ronflant doucement, en serrant l'oreiller entre ses bras.
S'agenouillant à côté de lui, Belladone lui souleva délicatement une paupière, certainement pour vérifier sa pupille en un indicateur de son état, bien que Gabriel et Eléa ignoraient ce dont elle s'enquérait exactement, puis, apparemment satisfaite, elle s'assit sur le lit à côté d'Aleksy, le poussant légèrement d'un coup de hanche, ce qui le fit grogner avant de se tourner sur le côté pour se serrer contre la jeune femme en l'enlaçant d'un bras autour de la taille.
Belladone soupira en levant les yeux au ciel, visiblement plus gênée qu'agacée, mais elle s'empressa de ne plus rien en montrer pour plutôt désigner Aleksy à Eléa et Gabriel à qui elle demanda en une question rhétorique :

Les Yeux du Pouvoir - Tome 4 : Vert Ombre [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant